L’Equipe de France sur sa lancée
Après trois jours de course, c’est la fin de la première mi-temps de la Sail For Gold qui a été sifflée ce soir. Sur le papier, trois jours restent donc à courir mais ce programme risque de prendre du plomb dans l’aile avec la perturbation qui se balade entre l’Irlande et l’Angleterre. Demain, le flux de Sud Sud Est atteindra les 30 nœuds en fin de journée et pourrait flirter avec les 40 vendredi, autant dire que les concurrents seront alors contraints de rester à terre. Conséquences pour l’Equipe de France, il ne faut pas trainer pour grappiller des places tant qu’il est temps.
Ils sont plusieurs à l’avoir bien compris dès aujourd’hui à commencer par Julien Bontemps. Impérial, le Nantais ne quitte pas le maillot jaune acquis dès lundi. « On bénéficie d’une mauvaise manche pour plusieurs concurrents le premier jour mais ils restent au contact » prévient le coach, Pascal Chaullet qui garde un œil attentif sur les poursuivants. Car comme le Hollandais Dorian Van Rijsselberge, qui perd la deuxième place à cause d’une grosse erreur, personne n’est à l’abri d’une boulette. C’est justement les boulettes, des autres, qui permettent à Camille Lecointre et Mathilde Géron de prendre la première place ce soir. « On n’a pas eu l’impression d’avoir super bien navigué » expliquent t’elles sans fausse modestie. Bien sûr, les Bretonnes sont rapides et grimpent comme des cabris jusqu’à la bouée au vent mais elles avouent elles aussi des erreurs. « Les autres en font plus » résume Mathilde, contente de voir que « Calcium », leur nouveau bateau réussit son baptême du feu avec brio. En 49er, Manu Dyen et Stéphane Christidis pouvaient difficilement rêver d’une meilleure journée (3, 1, 1) qui les propulse à la deuxième place du classement général alors qu’ils étaient encore 25ème il y a 48 heures seulement. « Il fallait qu’on sorte une journée comme celle-ci » explique Manu, le barreur, qui anticipe l’annulation probable des manches prévues vendredi. Dès demain, Manu et Steph’ seront en finale, autant dire que le niveau va monter d’un cran. « Le niveau sera plus élevé qu’aux Jeux » prévient le barreur qui rappelle que plusieurs nations, dont les Anglais, ont plusieurs équipages en rond or demain alors qu’elles n’auront qu’un seul sélectionné pour les JO. Deux autres tricolores réalisent une bonne journée aujourd’hui : Claire Leroy (match race) et Jonathan Lobert (Finn). La première passe haut la main les qualifications et prend la route des quarts de finale alors que le deuxième se rapproche gentiment du podium. « J’arrive à effacer la première journée mais elle est toujours là » explique Jonathan qui n’est pas près d’oublier cette 32ème place de lundi même si les deux manches disputées aujourd’hui (6 et 7) le place en embuscade. Ce soir, il est à portée de fusil des patrons du Finn que sont Ben Ainslie – icône nationale ici à Angleterre – ou son compatriote Giles Scott toujours en tête.
Ce soir, ils sont donc cinq à pouvoir revendiquer légitimement un podium sur le plan d’eau des Jeux mais tout n’est pas tout rose dans le monde des bleus. Ainsi, Xavier Rohart et Pierre-Alexis Ponsot ruminent d’avoir tordu leur précieux mat de Star sur un empannage lors de la première manche du jour. « On aurait pu démâter mais ça nous a pénalisé toute la journée » explique Xavier qui rappelle qu’un mat tordu n’est pas le meilleur moyen de se rapprocher du vent. « On est très loin du niveau attendu » juge t’il ce soir, conscient que le podium sera « quasi impossible ». Comme ses petits camarades, Xavier avancera son réveil d’une heure ce soir puisque le comité de course l’attend dès 10h00 sur, et sous, l’eau. En effet, la pluie promet d’être assidue demain.
Interview de Xavier Rohart :
« Aujourd’hui, on a tordu le mat sur le premier vent arrière. On a eu de la chance parcequ’on aurait pu démâter mais ça nous a pénalisé toute la journée. Nous n’avancions pas au près. Hier, on gagnait des places, on était rapides mais avec ce mat tordu, c’était beaucoup plus dur. On est très loin du niveau attendu. C’est une épreuve importante. On essaie de bien finaliser tous nos processus de décision avec Pierre-Alexis, Jean-Jacques Dubois (le coach, ndlr) et moi. On est pas trop contents. Demain, on devrait être opérationnels si on arrive à redresser le mat. On ne lâche rien, on continue de se battre pour chaque place mais le podium est quasi impossible. Il n’y a peut-être plus beaucoup de manches à courir. Ce serait bien d’être en medal race car il s’y passe souvent des choses bien pour nous cette année ! L’objectif sera de grapiller des points sur les leaders. Il faut mieux que ce genre d’aventure nous arrive ici qu’aux JO mais la Sail For Gold était une vraie épreuve de référence pour nous. Elle nous permet de savoir ce qu’il nous faut encore acquérir pour être champions olympiques. »
Interview de Camille Lecointre et Mathilde Géron :
« On a fait de bonnes manches mais on a pas l’impression d’avoir super bien navigué. On a surtout fait de supers bons passages à la marque au vent. Ensuite, il y a trois tours et beaucoup de temps pour faire des bêtises. On passe à chaque fois deuxièmes à la première bouée. Sur la première manche on a fait des bétises et on a terminé 7èmes alors que sur la deuxième, on a réussi à conserver notre avance mais ça se rapprochait derrière. Ça fait trois soirs qu’on rentre le soir et que ça se passe bien. Les autres font plus de boulettes ! »
Interview de Jonathan Lobert :
« J’arrive à effacer la première journée mais elle reste toujours là. Aujourd’hui, je suis content, j’ai bien navigué. J’ai un peu de mal sur le premier bord de près, je passe dans les 20 à la bouée, mais je me suis bien battu pour revenir. J’ai un petit manque de carbu au près mais je fais de beaux vent-arrière. Cette Sail For Gold est importante après le mondial où je m’étais effondré sur la fin. Je reprends le droit chemin et si je regle mon problème au près, ça va rigoler. Le podium, je n’y pense pas. Je prends manche après manche, c’est à la fin qu’on verra. Les trois premiers, Giles Scott (GBR), Ben Ainslie (GBR) et Zach Railey (USA) sont vraiment très costauds. »
Interview de Pascal Chaullet, entraîneur RS :X :
« C’est vrai que Julien est assez régulier. Depuis novembre dernier, on a réglé un problème de performances dans toutes les conditions. Il est plus polyvalent mais les adversaires restent derrière. On bénéficie d’une mauvaise manche pour plusieurs concurrents le premier jour mais ils restent au contact. Aujourd’hui, c’est le Grec qui réalise la meilleure journée (Byron Kokkalanis). C’est important de bien marcher ici, sur la Sail For Gold. Il y a des conditions variées et ça permet de voir où on en est au niveau de l’analyse du plan d’eau, de la performance, … ça fait partie des épreuves sur lesquelles on avait des attentes. »
Interview de Manu Dyen (49er) :
« C’est la fin des qualifs, c’est top ! Il nous restait les points du premier jour à rattraper. Il nous fallait sortir une journée comme celle-ci (ils gagnent deux manches, ndlr). On est en train de valider du matériel et il marche bien. On avait 15 / 20 nœuds aujourd’hui, ça va vite, ça tire. Demain, ce sera un peu plus dur, nous serons en flotte or. Ce sera un peu plus dur qu’aux JO car des pays ont plusieurs bons équipages (alors qu’aux Jeux, un seul équipage participe par nation, ndlr). »
Un nouveau militaire au sein de l’Equipe de France
La Marine Nationale a récemment recruté Vincent Garos, équipier de 470. Le « Matelot Garos » est le 5ème sélectionné olympique engagé sous les drapeaux. Jonathan Lobert (Finn), Camille Lecointre, Mathilde Géron (470 Féminin) et, depuis peu, Vincent sont tous matelots. Stéphane Christidis (49er), avec le grade de second maître est le plus gradé.
Rectificatif : Une erreur s’est glissée dans les classements diffusés hier. Jean-Baptiste Berrnaz était 7ème du classement général provisoire et Laser et non 6ème comme annoncé. Toutes nos excuses à l’intéressé.
Classements provisoires :
RS :X H Homme :
1. Julien Bontemps – 15 pts (ASPTT Nantes)
RS :X H Femme :
10. Charline Picon – 53 pts (Palmyr atlantic voile – SNCF)
49er :
2. Emmanuel Dyen / Stéphane Christidis – 28 pts (CNV Aix les Bains – Equipe de France Douane / EV Cagnes sur Mer – Equipe de France Militaire)
470 Homme :
17. Pierre Leboucher / Vincent Garos – 36 pts (ASPTT Nantes / SNO Nantes – Equipe de France Militaire)
470 Femme :
1. Camille Lecointre / Mathilde Géron – 19 pts (SR Brest – Equipe de France militaire / CMVSB – Equipe de France militaire)
Laser :
15. Jean-Baptiste Bernaz – 42 pts (CN Ste Maxime)
Finn :
5. Jonathan Lobert – 30 pts (SNO Nantes – Equipe de France Militaire)
Laser Radial :
12. Sarah Steyaert – 36 pts (CV Chatelaillon)
Star :
7. Xavier Rohart / Pierre-Alexis Ponsot – 37 pts (YC La Pelle / SNO Nantes)
Match Racing :
9 victoires / 3 défaites (75 % de réussite) : Claire Leroy, Elodie Bertrand, Marie Riou et Claire Pruvot (SN St Quay Portrieux, CV Arcachon, USAM Voile, SR Courseulles)