A 16 heures, comme prévu par les instructions de course, les concurrents de l’Europa Warm’Up se sont élancés vers Cascais. A la bouée de dégagement, c’est Banque Populaire qui menait la danse, suivi de près par Cheminées Poujoulat, alors que le reste de la flotte avait dû revenir couper la ligne, suite à un départ anticipé. Mais pour tous les navigateurs, deux questions revenaient sans cesse avant le départ : comment gérer une première nuit complexe et comment appréhender les régimes de vents d’ouest qui vont malmener les équipages et les bateaux pendant près de 48 heures…

Sur les pontons, au fur et à mesure de l’avancée de la journée, la décontraction apparente dont faisaient montre les skippers de l’Europa Warm’Up a laissé place à une concentration évidente. Les regards se perdent dans le vide, les visages tendent à se fermer. Même si tous tiennent à faire bonne figure, les marins entrent petit à petit dans leur bulle, ce quotidien fait de prises de bulletins météos, de logiciels de routage, de réglages fins et de sensations à la barre.

« Gracias Barcelona ! »

A l’heure de larguer les amarres, le message affiché dans les filières de Groupe Bel résumait parfaitement l’état d’esprit de la flotte. La gentillesse et l’investissement des Barcelonais rivalisaient avec l’énergie mise pour que cette escale reste dans les mémoires. Sur les pontons les skippers n’ont pas manqué de faire savoir leur gratitude à Maité Fandos, Présidente de la FNOB, accompagnée d’Andor Serra directeur général ainsi que de Guillaume Henry, directeur du Vendée Globe et Luc Talbourdet, Président de l’IMOCA. En s’affichant ensemble au départ de l’Europa Warm’Up, les organisateurs des deux événements majeurs du circuit IMOCA envoyaient aussi un message fort. C’est la complémentarité des courses qui rend le circuit attractif, en proposant notamment un tour du monde tous les deux ans.

Une flotte un peu trop pressée

Chassez le naturel, il revient au galop. Tous avaient beau dire sur les pontons que la grande échéance serait le Vendée Globe, que cet Europa Warm’Up était bien un tour de chauffe et qu’ils sauraient être raisonnables, sitôt sur la ligne les équipages ont renoué avec leurs vieux démons. Prêts à flirter avec les limites pour grappiller quelques secondes, ils se sont tous présentés, lancés pleine balle, sur la ligne de départ.

A ce petit jeu, il suffit d’un concurrent un peu trop en avance sur les autres pour entrainer tout le monde à la faute. Au final, ce sont les deux plus raisonnables qui ont tiré les marrons du feu : Banque Populaire, suivi de Cheminées Poujoulat, prenait la poudre d’escampette quand les cinq autres devaient revenir couper la ligne correctement. Un bel avantage psychologique pour les deux premiers qui sans creuser un écart déterminant, ont goûté la satisfaction d’être les premiers à mettre cap sur le large. Mais rien n’est évidemment joué. Dès la dernière marque la flotte se séparait en deux groupes : cap au large, tribord amure pour Banque Populaire et Cheminées Poujoulat et PRB afin de se dégager des perturbations de la zone côtière, quand Virbac-Paprec 3, ACCIONA 100% EcoPowered, MACIF et Groupe Bel choisissaient de virer de bord immédiatement pour longer la côte. Tout ce petit monde se retrouve donc à naviguer, au près serré dans un vent tournant au sud en mollissant. La bataille stratégique est déjà lancée. Même s’il faudra plusieurs centaines de milles avant de croiser au large de Trafalgar, gageons que tous se verraient bien, pour une fois, dans la peau de l’amiral Nelson. Mais d’ici là, la route est longue.

Classement à 18h

  1. Armel Le Cléac’h – Banque Populaire 0
  2. Bernard Stamm – Cheminées Poujoulat à 0,1 milles du premier
  3. François Gabart – Macif à 0,4 milles du premier
  4. Kito de Pavant – Groupe Bel à 0,9 milles du premier
  5. Jean-Pierre Dick – Virbac-Paprec 3 à 1,1 milles du premier
  6. Vincent Riou – PRB à 1,3 milles du premier
  7. Javier Sanso – ACCIONA 100% EcoPowered à 2,6 milles du premier

Ils ont dit :

Michel Desjoyeaux (équipier sur MACIF) :

« On était ici, il y a un an et demi avec François, sur un bateau presque identique, au départ de Barcelone. Je reviens et cette fois-ci ce n’est pas moi le chef ! Donc, c’est forcément un moment très sympathique. De plus François est très motivé. Il apprend vite et il est très travailleur… »

Roland Jourdain (équipier sur Virbac-Paprec 3) :

« C’est pas mal, le statut d’équipier, on navigue forcément avec beaucoup moins de pression. De plus, je suis ravi d’intégrer cette équipe pour cette petite pige. Avec Jean-Pierre, le fait de nous être confrontés souvent sur des courses comme le Vendée Globe, la Barcelona World Race ou la Route du Rhum a fini par nous rapprocher. Des liens d’amitié se sont créés, c’est l’occasion de les concrétiser. »

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