Cette semaine sur le Grand Canal, le ballet des vaporettos se mêle à celui des AC45, ces catamarans ultra-rapides au look futuriste. Après Cascaïs, Plymouth, San Diego et Naples, les America’s Cup World Series font escale à Venise avant de rallier Newport où s’achèvera, le 1er juillet, la première saison 2011-2012 de ce circuit de préparation à l’America’s Cup disputé à bord de monotypes de 45 pieds (13,45m) à aile rigide. Loïck Peyron fait son retour à la barre d’Energy Team avec la mission de confirmer les bons résultats acquis par les Français menés par Yann Guichard lors des deux derniers événements. Les tricolores sont actuellement 3e du classement des courses en flotte et 4e du classement général de la saison.

L’élite de la voile mondiale s’apprête à en découdre dans le somptueux décor de la cité lacustre. Les régates officielles débutent jeudi mais, dès aujourd’hui, les neuf équipages ont rendez-vous pour la première des deux journées d’entraînements organisées par le Comité de Course.

Le ‘village événement’, les bases des équipes et l’organisation des America’s Cup World Series occupent, depuis le 12 mai et jusqu’à dimanche, l’Arsenal de Venise, un lieu traditionnellement fermé au public. Ce matin, cet écrin exceptionnel a accueilli la conférence de presse d’ouverture à l’occasion de laquelle a été présenté le trophée des America’s Cup World Series.

En argent poli, ce trophée rappelle celui de l’America’s Cup. Les neuf voiles représentant les équipes engagées soutiennent un globe qui reflète le caractère international des concurrents et des lieux, tandis que la conception d’ensemble est un hommage à la précision de la technologie.

Le Championnat des America’s Cup World Series de Venise se déroule du 17 au 20 mai. Jeudi, la compétition débute à 14h15 par deux régates en flotte, suivies du premier quart de finale du Championnat de Match Race.

Deux terrains de jeu

Venise offre non seulement la majesté de son architecture, de son patrimoine et de sa vie maritime unique au monde mais aussi un plan d’eau extrêmement exigeant. Les concurrents s’affrontent sur deux parcours, l’un ouvert sur la mer à l’extérieur du Lido, avec du courant et un vent capricieux, et l’autre se concentrant à l’intérieur du Grand Canal, plutôt étroit malgré son nom et imposant une extrême précision aux équipages.

Un warm up chaud-froid
Ce week-end, hormis Emirates Team New Zealand et ORACLE TEAM USA Bundock, sept équipages ont disputé l’Arzanà City of Venice Trophy’. Sans incidence sur le classement, ce prologue a permis aux équipes de découvrir les conditions de course sur le site avec une météo très variée puisque le calme de samedi a laissé place à des conditions ventées dimanche. Les deux italiens de Luna Rossa ainsi que les Français d’Energy Team ont brillé dans les petits airs, tandis que les Suédois d’Artemis Racing l’ont emporté dimanche lors du sprint jusqu’à la place Saint-Marc.

L’armada italienne
En lice depuis le mois dernier à Naples, Luna Rossa Challenge compense son arrivée tardive dans les America’s Cup World Series par son expérience en matière d’America’s Cup autant que par un casting très efficace à bord de ses AC45. Arguments auxquels, il faut ajouter des entrainements réguliers à deux bateaux depuis cet hiver. A Naples, Chris Draper a mené son Luna Rossa – Piranha à la victoire des courses en flotte et terminé second des épreuves de Match Race. En compagnie de Paul Campbell-James, barreur du Luna Rossa Swordfish, ces deux représentants italiens ont animé les débats ce week-end et se posent en très sérieux clients cette semaine.

Où en sont les « grosses équipes » ?
Supérieurs lors des premiers rendez-vous des America’s Cup World Series, James Spithill (ORACLE TEAM USA) et Dean Barker (Emirates Team New Zealand) semblent rencontrer plus de résistance de la part d’une flotte qui gagne en maîtrise de l’engin et du jeu. A commencer par Terry Hutchinson (Artemis Racing, actuel 3e du classement général de la saison) qui a remporté les Match Race à Naples et le prologue dimanche. Dans un tout autre style, l’Australien Darren Bundock, sparring-partner de luxe de Spithill à la barre du second ORACLE TEAM USA, manque certes de régularité pour l’instant mais pas de talent, d’audace ni d’ambition. Il sait se montrer agressif, tout comme les Français d’Energy Team qui ont signé de belles performances ces derniers temps. Alors, si d’un point de vue comptable, les deux leaders semblent bien installés en tête du classement de la saison, sur le plan d’eau, le jeu s’ouvre.

Les Français à l’attaque
Après San Diego et Naples où Yann Guichard barrait l’AC45 tricolore, Loïck Peyron fait son retour aux commandes du bateau d’Energy Team. Réguliers et capables de jolis coups, les Français occupent actuellement la 3e place des épreuves en flotte sur la saison et pourraient s’attaquer à l’actuelle 3e place d’Artemis Racing au classement général qui prend aussi en compte les résultats en Match Race. Six points séparent Artemis Racing et Energy Team, alors que ORACLE TEAM USA Bundock et Team Korea talonnent d’un point les Français. Pour les tricolores, il y a donc de quoi jouer des coudes à Venise afin de confirmer le potentiel de ce team ‘Petit Poucet’ qui rêve légitimement d’America’s Cup.

L’Asie, en embuscade
Après le départ de Draper cet hiver chez Luna Rossa, Nathan Outteridge a pris la barre de Team Korea. A seulement 26 ans, l’Australien a remporté ce dimanche en Croatie, son quatrième titre de Champion du Monde de 49er et représentera les couleurs de son pays aux J.O. de Londres. En AC45, l’équipage coréen ne se démarque pas encore mais manœuvre proprement et n’est pas dépassé par le support, des débuts plutôt encourageants.

China Team a changé une nouvelle fois de barreur pour ce rendez-vous de Venise. Après le départ du Français Fred Le Peutrec qui occupait ce poste à Naples, c’est au Néo-zélandais Phil Robertson de prendre le relais. Cadet de l’épreuve à seulement 25 ans, ce jeune kiwi a déjà acquis un impressionnant palmarès en Match Race. Il lui reste désormais à s’imprégner au plus vite du maniement de l’AC45.

Classement général actuel de la saison 2011-2012 des America’s Cup World Series :

1. ORACLE TEAM USA – Spithill… 67 points
2. Emirates Team New Zealand… 66 points
3. Artemis Racing… 54 points
4. Energy Team… 48 points
5. ORACLE TEAM USA – Bundock… 47 points
5. Team Korea… 47 points
7. China Team… 26 points
8. Luna Rossa Piranha… 19 points
9. Luna Rossa Swordfish… 12 points

Réactions lors de la conférence de presse d’ouverture des America’s Cup World Series ce matin à Venise :

Loïck Peyron (FRA), skipper, Energy Team (FRA) :
« Je suis ravi de reprendre la barre et de découvrir le travail accompli par l’équipage avec Yann Guichard. Je n’ai pas barré un AC45 depuis Plymouth (sept. 2011) et, si nous avons beaucoup progressé, l’objectif est d’être le plus consistant possible à Venise, ce qui n’est pas facile et demande de l’entraînement. Néanmoins, tout est possible. Notre progression doit être régulière mais réaliste car nous sommes des ‘petits’ et c’est déjà fabuleux d’être là où nous sommes. »

James Spithill (AUS), skipper, ORACLE TEAM USA Spithill (USA) :
« Chaque coureur ici a envie de remporter ces ‘Series’. Venise va être un grand challenge. Nous avons vu qu’il pouvait y avoir beaucoup d’opportunités sur ce plan d’eau et, avec le niveau désormais de toutes les équipes, cela s’annonce encore plus disputé qu’ailleurs. Le spectacle sera fabuleux pour le public mais Venise sera aussi un vrai test pour les marins. »

Terry Hutchinson (USA), skipper, Artemis Racing (SUE) :
« La bataille pour la cohérence va être difficile à mener, afin de bien gérer les concurrents et les conditions de navigation. Il va falloir trouver les clefs pour se sortir de situations qui pourraient être tout à fait aléatoires mais qui devront être bien négociées afin de conserver cette cohérence essentielle sur l’ensemble des manches. »

Nathan Outteridge (AUS), skipper, Team Korea (KOR) :
« Je viens de vivre deux semaines très intenses sur les régates de Championnat du Monde. Je suis très impatient de retrouver la compétition en AC45 et d’affronter les meilleurs marins de la planète. Nous avons navigué brièvement hier. Venise est un lieu fantastique pour régater et nous espérons que nous réussirons à transformer ce que nous avons réalisé à Naples. »

Phil Robertson (NZL), skipper, China Team (CHN) :
« Nous sommes la plus jeune équipe du plateau avec une moyenne d’âge d’environ 26 ans à bord. Tous ces équipages naviguent ensemble depuis plus d’un an. La question pour nous est de gagner rapidement en maîtrise du bateau afin de rattraper au plus vite leur niveau. »

Chris Draper (GBR), barreur, Luna Rossa – Piranha (ITA) :
« Nous avons encore de grandes faiblesses à combler mais si nous arrivons à bien nous concentrer sur nous-mêmes pour progresser sur ces points, les résultats viendront d’eux-mêmes. »

Paul Campbell-James (GBR), barreur, Luna Rossa – Swordfish (ITA) :
« Disposer de deux bateaux nous permet de tirer, chaque jour, le meilleur de nos séances d’entraînements. Notre équipage naviguait déjà ensemble l’an dernier en Extreme 40 et Chris a tellement bien performé en 2011 avec Team Korea que nous avons appris très vite à ses côtés. »

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