Une île, une île au large de l’espoir, la chanson est appropriée en ce dernier jour de course pour une grande partie de la flotte des 16 Figaro Bénéteau 2 engagés sur cette 11e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE. Cette île n’est pas forcément Saint-Barthélemy, mais Barbuda, la première île en vue depuis La Palma. Mais pas question de s’y arrêter pour déguster les langoustes, il faut filer vers Gustavia pour mettre un point final à ce beau livre de la Transat. Un épilogue qu’est entrain d’écrire de la plus belle des façons Gildas Morvan et Charlie Dalin à bord de Cercle Vert avec enfin l’espoir de couper la ligne d’arrivée en grand vainqueur.

A force de passer à côté de magnifiques îles, les skippers ont quelques envies d’évasion mais la course reprend vite le dessus. Pour preuve, l’incroyable final que sont en train de se livrer Skipper Macif et Banque Populaire pour la troisième place. A la faveur d’un grain salvateur, Jeanne Grégoire et Gérald Veniard on réussi à revenir comme une fusée sur Macif qui conserve tout de même un léger avantage sur Banque Populaire. Les deux bateaux sont collés et c’est à portée de voix qu’ils peuvent désormais se parler. Seule une place reste à distribuer pour le podium final. Une place, deux bateaux, une ligne d’arrivée, l’équation est simple, il faut se donner à fond et ne surtout rien lâcher.

Pas le temps de contempler le bleu lagon de Barbuda il faut replonger dans le bleu profond de l’océan pour un dernier sprint vers Saint-Barthélemy et Gustavia. En remontant la flotte, Nacarat, toujours second, contrôle très bien sa fin de course. « C’est sympa de revoir la terre, je l’ai à peine vu parce que je viens juste de sortir de la bannette, et j’ai vu que l’île était au vent. C’est bien après une traversée de l’Atlantique de revoir la terre, c’est toujours agréable et çà change des jours précédents où on ne voyait pas grand chose. Mais ce que nous avons vécu était vraiment bien. On prévoit une arrivée vers 17h-18h. Une bière et des petits accras de morue seront les bienvenus. »
Dans quelques heures, un voilier remontera au près dans le port de Gustavia, accompagné par des dizaines de bateaux spectateurs pour le porter en triomphe sitôt la ligne franchie. À l’heure actuelle, Cercle Vert est en passe de remporter la victoire à Gustavia mais le marin expérimenté qu’est Gildas Morvan le sait bien, pour gagner, il faut franchir la ligne d’arrivée. « Comment on vit les dernières heures en mer ? On regarde le nombre de milles qu’il nous reste à parcourir, on essaye de faire la meilleure trajectoire et on fait attention aux grains. Ce matin, on est passé sous deux grains où la vitesse du vent a été divisée par deux, il faut être vigilant. Mais ça commence à sentir vraiment bon, même si on ne crie pas victoire pour autant. C’est très chargé en nuages autour de nous et on essaye de gérer la situation au mieux », commentait Charlie Dalin lors de la vacation radio ce matin.

Une arrivée qui sera en direct sur le site internet officiel de la course avec, dès l’entrée dans le cercle des 30 milles de l’arrivée, une actualisation toutes les 3 minutes de la position des concurrents. La longue remontée depuis la Pointe Colombier sera également retransmise en direct vidéo sur le site et viendront ensuite, les premières déclarations des skippers, le podium et la conférence de presse. Saint Barthélemy attend donc avec impatience les skippers.

Mais sur l’eau un incroyable scénario se met en place entre 4 Figaro Bénéteau. Cornouaille Port de Pêche, EDM Pays Basque Entreprises, Artemis et Les Recycleurs Bretons se tiennent tous en 0,8 mille ce qui prouve toute l’intensité de ce final à Gustavia. Il est difficile d’imaginer un plus beau final que celui-ci.

Ils ont dit :

Erwan Tabarly (Nacarat)

« Là on est sous un grain avec 20 nœuds de vent. Cà va plutôt vite mais on a passé la matinée, depuis le lever du soleil, avec 12 nœuds de vent. Mais çà avance moins vite que prévu pour arriver à St Barth. On fait une descente sous spi avec probablement un empannage à faire. Mais pour nous c’est plutôt ligne droite jusqu’à St Barth. On est bien content d’avoir un petit grain de 20 nœuds ce qui nous permet de descendre plus facilement. C’est sympa de revoir la terre, je l’ai à peine vu parce que je viens juste de sortir de la bannette, et j’ai vu que l’ile était au vent. C’est bien après une traversée de l’atlantique de revoir la terre, c’est toujours agréable et çà change des jours précédents où on ne voyait pas grand chose. Mais ce que nous avons vécu était vraiment bien. On prévoit une arrivée vers 17h-18h. Une bière et des petits accras de morue seront les bienvenus.

Jeanne Grégoire (Banque Populaire)

« Petit décalage de Skipper Macif cette nuit ce qui fait qu’ils ont pu revenir, surtout qu’ils avaient un petit plus en vitesse. On est sans cesse à la lutte. On est à quelques longueurs d’écart du bateau. Je ne sais pas si vous entendez le bruit des winches sur le pont mais çà fume. Mon AIS change très régulièrement tellement nous sommes au contact avec Fabien et Paul. On est tous les deux sur le pont avec Gégé. On va vite, on va essayer de ne pas arriver trop tard. Cà fait chaud au cœur d’être en approche des iles de Barbuda et d’Antigua. Si tu pouvais me libérer la place à côté d’Erwan Tabarly, çà serait parfait, çà m’irait très bien. »

Paul Meilhat (Skipper Macif)

« L’AIS, on s’en sert beaucoup d’habitude à bord de Skipper Macif, mais là pour tout vous dire, on n’en a pas besoin, car on est 380 mètres de Banque Populaire. Ils sont à 50 mètres derrière nous au classement, donc c’est chaud. On avait un peu réussi à les distancer cette nuit, mais là ils sont revenus avec un grain et du vent très fort. Ca annonce une belle bagarre jusqu’à l’arrivée. Depuis hier, on joue au jeu des empannages, on essaye de se décaler et de grappiller des milles. Mais là autant dire que nous sommes à égalité. Jeanne et Gérald sont sur le pont aux réglages, comme nous. Ca va être une journée au contact.
On a un peu échangé à la VHF avec eux quand on s’est recroisé et que nous étions à 3 milles les uns des autres, mais maintenant on ne se parle plus depuis qu’on est à la bagarre pour la troisième place.
A l’arrivée, un bon steack – frites et une bière fraîche nous feront toujours plaisir, même si nous n’avons pas du tout souffert de malnutrition lors de la traversée. C’est surtout un bon lit et une bonne douche que l’on attend et retrouver du monde.
On est toujours sur des réglages de portant, ce qui est difficile c’est d’anticiper sur les réglages et le matossage car les fichiers ne sont pas du tout calés, il faut sans arrêt s’adapter. Et puis pour l’arrivée sur St-Barth il va falloir passer en configuration près, re-régler le mât, changer un peu les voiles devant, ranger un peu le pont et repartir au près pour les derniers milles. »

Charlie Dalin (Cercle Vert)

« On est sous la Barbade, le vent a un peu faibli et on est toujours sous spi, un peu au ralenti au moment présent. On fait route directe vers Saint-Barth et il y a quelques grains autour de nous, il faut faire bien attention où se placer, ce n’est pas évident.
On hésitait un peu au début à passer entre Antigua et la Barbade, car on avait un peu peur de problèmes de dévent éventuels, qu’il y ait un capuchon d’air froid au-dessus de l’île qui casse l’alizé. Mais finalement, on s’est dit que l’île n’était pas si élevée et que c’était plus intéressant de jouer avec le vent que l’on avait. En plus, la flotte avait l’air de passer sous le vent de l’île et on a pensé que ce n’était pas forcément une bonne idée de se retrouver tout seul d’un côté et le reste de la flotte de l’autre.
On voit beaucoup d’îles sur cette Transat : Madère, La Palma et maintenant la Barbade. Celle-ci est bien différente des deux premières, c’est plat, il y a beaucoup de palmiers, ça à l’air sympa.
Comment on vit les dernières heures en mer ? On regarde le nombre de milles qu’il nous reste à parcourir, on essaye de faire la meilleure trajectoire et on fait attention aux grains. Ce matin, on est passé sous deux grains où la vitesse du vent a été divisée par deux, il faut être vigilant. Mais ça commence à sentir vraiment bon, même si on ne crie pas victoire pour autant. C’est très chargé en nuages autour de nous et on essaye de gérer la situation au mieux. »

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