Ce mercredi, les leaders de la flotte de la Transat AG2R LAMONDIALE sont passés sous la barre symbolique des 1 000 milles restant à parcourir avant l’arrivée à Saint Barth et sur l’eau, la bagarre s’intensifie. Toujours installé aux commandes, Cercle Vert a profité, hier, des petites bascules du vent pour se recaler un peu plus sud, devant Banque Populaire et Bretagne Crédit Mutuel Performance mais également pour resserrer l’écart en latéral avec Nacarat.

« Il reste désormais moins de 1 000 milles à parcourir. Le sprint tactique va débuter. Les routes commencent à converger. Il ne faut pas se tromper sur les positionnements. On entame une nouvelle phase du jeu très intéressante » a commenté Eric Péron, ce matin à 5 heures. Le skipper de Nacarat a vu son retard sur Cercle Vert – par rapport à la distance au but – diminuer ces dernières 12 heures. Au premier pointage du jour, ce sont en effet 29 milles qui séparent les deux bateaux, contre 38, hier à la même heure. De fait, son adversaire, positionné plus au nord ces derniers jours, a profité, hier après-midi, des petites bascules du vent pour se recaler devant les duos Jeanne Grégoire – Gérald Veniard et Anthony Marchand – Romain Attanasio, perdant ainsi quelques milles sur la route directe. « Nous sommes contents car nous n’avons pas trop perdu à empanner. A présent, nous sommes recalés devant Banque Populaire et Bretagne Crédit Mutuel Performance et nous avons aussi réduit notre écart en latéral avec Nacarat. C’est à la fois bien et rassurant puisque nous sommes maintenant dans le même schéma météo qu’eux. Avant, c’était un peu « un coup à toi, un coup à moi ». A présent, le jeu est un peu resserré » a détaillé le géant de Landéda à la vacation. Lui, comme ses adversaires progressent actuellement cap sur Saint Barth dans 12-15 noeuds de vent. Un vent toujours assez instable, avec des bascules pouvant atteindre jusqu’à 30° qui pourraient encore laisser l’opportunité à certains de se recaler un peu plus sud dans le but de bénéficier d’un meilleur angle pour l’atterrissage sur Saint Barth, quitte à perdre quelques milles sur la concurrence par rapport à la distance au but dans l’immédiat. Pour sa part, le tandem Gildas Morvan – Charlie Dalin, n’exclut pas descendre encore un peu en latitude et de s’aligner sur la trajectoire d’Eric Péron et Erwan Tabarly si le vent prend un peu de droite, c’est-à-dire, un peu d’est. « Pas sûr qu’ils aient l’occasion de le faire », a souligné, ce matin, le co-skipper de Nacarat qui espère bien tirer parti de son petit décalage au sud sur les derniers milles de la course. En attendant, pas d’autres choix que de rester concentré à la barre pour faire avancer le bateau au plus vite. Pour l’heure, c’est toujours un peu mou mais dés ce soir, le vent devrait commencer à se renforcer un peu pour atteindre une vingtaine de noeuds demain. « Ce sera plus stable et ça glissera mieux. Nous allons pouvoir attaquer les bons surfs et accélérer » annonce Eric Péron, par ailleurs pas mécontent d’être désormais passé sous la barre symbolique des 1 000 restant à parcourir, tout comme Gildas Morvan qui avouait, ce matin, avoir fêté ça avec une belle tartine de foie gras. Parce que, oui, le sprint final est entamé, mais pas question pour autant d’en oublier certains petits plaisirs !

Ils ont dit :

Gildas Morvan (Cercle Vert) :

« On s’est recalé un peu plus sur la route hier. Il y avait encore pas mal de rotation de vent, en direction ça bouge encore beaucoup, parfois de 30°, et en force ce n’est pas très stable non plus. On a donc fait notre route idéale en exploitant les variations. On surveille un peu les autres, mais on ne focalise pas pour autant sur le contrôle. On a resserré avec Banque Populaire et Bretagne Crédit Mutuel Performance et réduit l’écart latéral avec Nacarat. Il est possible que l’on se recale encore un peu mais je n’ai pas trop envie de donner trop d’infos là-dessus.
On a hâte que le vent forcisse et se stabilise, parce que pour le moment on est sur le modèle « un coup c’est toi, un coup c’est moi » et on espère que le renforcement du vent, ce soir, sera favorable pour nous. Maintenant, on est dans le même schéma météo que les autres, dans le même couloir de vent, mais de notre côté on ne change rien, on fait notre route optimale et si on peut encore resserrer un peu l’écart latéral avec Nacarat, sans trop perdre de notre avance ce serait bien.
Hier, on a sorti le foie gras pour le passage de la barre des 1000 milles à parcourir et on a dégusté un délicieux poulet à la marocaine. La nourriture, c’est notre métier avec Cercle Vert, alors c’est important à bord. Si Charlie ou moi arrivons amaigris à Saint Barth, on risque d’avoir des problèmes avec le sponsor. En tout cas, avec Charlie, on ne s’ennuie pas, on se régale sur l’eau, c’est intéressant et on s’amuse bien. On a hâte d’arriver à Saint Barth mais on est heureux d’être là où nous sommes.

Eric Péron (Nacarat) :

« Cercle Vert nous a mis un petit shoot, mais on reste confiant car on a un meilleur angle. Il faut compter sur 18 milles d’avance pour eux. Ce n’est pas négligeable alors il faut que l’on cravache maintenant. Derrière nous, ça s’aligne et c’est plutôt bon signe, quant à Banque Populaire et Bretagne Crédit Mutuel Performance, on a un meilleur angle qu’eux, on devrait donc rester devant eux. Si le vent prend un peu d’est, les « nordistes » auront l’opportunité de se recaler vers nous, mais si ce n’est pas le cas, l’opération semble compliquée. Par contre, Cercle Vert passera devant nous. En ce moment, on a 12-14 noeuds de sud-est et on est tribord sous spi, nous faisons presque cap direct. A partir de ce soir, le vent va commencer à rentrer un peu, mais ça ne va pas être très fort : une vingtaine de noeuds. Par contre, ce sera stable donc ça va être sympa. Parce que pour l’instant, c’est un peu comme un temps d’été en Bretagne. On est passé en dessous des 1000 milles à parcourir, la tactique entre en jeu, les routes convergent, c’est intéressant. Place au sprint ! »