Les choses se précisent sur l’Atlantique. Depuis 48 heures, les 16 duos engagés dans cette 11e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE tentent de gagner dans l’ouest. Résultat des courses, la flotte évolue en escalier à coup d’empannages. Une manoeuvre que maitrise à la perfection Cercle Vert qui réussi à créer un décalage par rapport à la flotte. Gildas Morvan et Charlie Dalin sont toujours les premiers sur la route de Saint-Barthélémy, mais derrière, les positions ne sont pas aussi claires et bien malin celui qui pense connaître le tiercé gagnant. L’échéance arrive pourtant et dans une quarantaine d’heures les 16 Figaro Bénéteau 2 devraient enfin pouvoir mettre de l’ouest franc dans leur route.

Ils flirtent en bordure d’anticyclone depuis maintenant quelques jours avec une certaine aisance se permettant même de se décaler à chaque pointage vers le nord ouest. Très discrets depuis hier, Gildas Morvan et Charlie Dalin sur Cercle Vert mènent parfaitement cette phase délicate qui contraint les équipages à la plus grande prudence. Malheureusement pour les sudistes, la pression n’est pas assez forte pour se permettre de faire la différence avec les nordistes. Résultat des courses, la flotte se croise et se recroise, tentant inexorablement de gagner dans l’ouest. À ce petit jeu, Banque Populaire a bien joué. Le duo Grégoire/Véniard se recale petit à petit au centre sur une route ouest – nord-ouest. Ils sont accompagnés dans cette manœuvre par l’équipage de Bretagne Crédit Mutuel Performance. Une manœuvre osée pour ces deux duos qui tentent peut-être un coup de poker en allant chercher petit à petit une route plus nord alors que 90% de la flotte fait route au même moment au sud-ouest. Les places vont êtres chers au soleil et certains anticipent déjà le placement afin d’aborder la dernière partie de course de la meilleure des façons.

De son côté, Cornouaille Port de Pêche, effectue une très belle moitié de course et se retrouve après 15 jours de mer dans une situation assez intéressante. Jean-Charles Monnet et Alexandre Toulorge naviguent à l’heure actuelle sur la même latitude que Cercle Vert et pourrait bien bénéficier eux aussi d’un placement idéal avant de mettre le cap vers l’arrivée. Mais l’exercice des nordistes est très délicat comme nous l’explique Alexandre Toulorge : « On est dans une situation un peu délicate, on joue un peu en bordure de molle là. Ce n’est pas fait, ce n’est pas joué, on verra, c’est trop tôt pour tirer un bilan. Je ne sais pas comment ça va recroiser cette histoire mais ce n’est pas pour aujourd’hui. On travaille beaucoup avec la pression, c’est quand même l’instrument de base pour voir si on reste vers le tampon ou pas, on a aussi des fichiers vent qui sont assez précis c’est d’ailleurs assez bluffant. Donc beaucoup de travail au baromètre, beaucoup de lecture de cartes et des fichiers de vent qu’on prend régulièrement. »
Une Transat se gagne par une belle navigation, mais aussi avec un peu d’audace et c’est certain que dans cette complexité météorologique, l’audace peut s’avérer payante à un moment donné.

Depuis quelques jours, il est intéressant de remarquer que beaucoup de manœuvres interviennent après le dernier classement de la journée (19 heures, NDLR). Une situation qui permet aux marins de pouvoir envoyer un empannage dans la nuit ou de mettre un peu plus d’ouest dans la route sans que la concurrence puisse le remarquer avant le lendemain matin à 5 heures pour le premier classement. Sans période furtive sur cette Transat, l’absence de classement au cours de la nuit permet justement de tenter des coups, surtout lors de phases importantes de course. Il est fort à parier que d’autres manœuvres de ce genre auront lieu cette nuit et la nuit prochaine.
Aujourd’hui dimanche 6 mai, le Trophée AG2R LA MONDIALE de la performance revient à Banque Populaire qui a parcouru la distance de 162,3 milles en 24 heures.

Source

Articles connexes