L’Adret ou l’Ubac telle est la question
Le parallèle est vite trouvé pour décrire la situation actuelle que rencontre les 16 concurrents engagés dans cette 11e édition de la Transat AG2R LA MONDIALE. Cet anticyclone qui barre la route vers Saint-Barthélemy ressemble à s’y méprendre à l’Everest. Mais par quel côté l’attaquer. La face Nord, l’ubac ou bien la sud, l’adret ? Toujours est il que les 16 duos sont actuellement au camp de base et doivent rapidement prendre une décision. En bon chef de cordée, les deux Figaro, Nacarat et Cercle Vert vont devoir faire la première trace en espérant qu’elle soit la bonne.
Souvent la voile est comparée, à juste titre, à de la haute montagne. Cette traversée 2012 de l’Atlantique prend effectivement des airs de campagne Népalienne afin d’accéder, non pas au toit du monde, mais bel et bien d’arriver dans les Caraïbes. Si les conditions de vie dans le camp de base sont plutôt agréables avec de long surf sur une mer rangée et d’un bleu profond, la grande difficulté réside dans le choix de la voie à emprunter pour se rendre au sommet de la Transat AG2R LA MONDIALE. La face Nord, la plus rapide en terme de distance mais pas la plus évidente d’un point de vue météorologique ou la face Sud, sur laquelle les 16 Figaro semblent s’engager. Plus longue, mais plus régulière, elle offre le meilleur compromis étant donné les conditions à venir. En effet, la route est barrée par un anticyclone positionné assez bas qui ne permet pas à l’alizé de s’épanouir complètement. Mais face à cette difficulté, les protagonistes sont positionnés de différentes manières.
Au sud, trois concurrents attendent leur tour en espérant que la pression soit un peu plus forte afin de passer rapidement par en dessous et leur permettre de prendre la tête. Dans ce groupe Banque Populaire et Sepalumic sont encordés depuis quelques jours et tracent leur route ensemble. En revanche, c’est en solitaire que les Britanniques d’Artemis tentent une voie bis, mais quelques crevasses les ont empêché d’accéder aux avants-postes.
Sur une voie médiane, attachés à la même cordée, Gedimat, Skipper Macif et Bretagne Crédit Mutuel Performance sont en embuscade à une quarantaine de milles derrière les chefs de file, prêts à bondir à la moindre occasion. Mais derrière cette cordée, un autre groupe attend également son heure. Emmené par les espagnols de Gaes, détenteur du Trophée de la Performance avec 187,8 milles en 24h, ce groupe de poursuivants se compose d’EDM Pays Basque Entreprises, de Cornouaille Port de Pêche et de La Solidarité Mutualiste. Un quatuor intéressant qui dispose d’une grande expérience pour faire face à cette difficulté. De part et d’autres de ces cordées, des tentatives solitaires sont également engagées à l’image des Recycleurs Bretons, les mieux positionnés pour se permettre de partir seul vers la face Nord. Mais plus les jours passent, et plus la distance au but semble figée.
Avec une ETA (Estimation d’arrivée) à Saint-Barthélemy qui se situe désormais entre le 13 et le 14 mai, certains équipages commencent à se poser la question de l’avitaillement. Aucune épicerie en vue et pas de vente ambulante sur l’Atlantique sont prévus pour les prochains jours. Il faudra faire avec et le rationnement pourrait survenir plus tôt que prévu. D’ici deux à trois jours, la brume qui recouvre de sa chape l’esprit des tacticiens de la Transat, devrait se dissiper en offrant, on l’espère de nouvelle perspective.
Mais pour l’heure le plaisir est sur l’eau avec de longs surfs réguliers et avec ce vent de nord-est assez généreux, le blanc de l’écume des vagues de l’Atlantique ressemble étrangement à la neige de l’Everest.