Du suspense avant l’heure
Les choix sont compliqués sur cette traversée de l’Atlantique. Après une nuit un peu trop calme selon les dires des skippers, les équipages ont retrouvé un peu plus de pression mais surtout retrouvé une route rapprochante. Les écarts sont désormais en train de fondre et les prévisions météorologiques pour les prochains jours pourraient bien permettre à certains de refaire leur retard et mieux se placer pour attaquer la phase finale de cette Transat AG2R LA MONDIALE.
Au départ d’une transatlantique, il est très difficile de prévoir un schéma tactique bien précis. Après 12 jours de course, la stratégie semble encore imprécise, mais il est certain que cette édition 2012 sera marquée par une traversée groupée de l’Atlantique. Pas d’options sud ou nord au programme, là où certains avaient réussi de grands coups lors d’éditions passées. Le fautif, cet anticyclone qui se promène entre le milieu de l’Atlantique et les Canaries et qui ne laisse que très peu de place à des routes aventureuses, mais aussi l’Alizé qui semble assez timide cette année. Résultat des courses après le passage de La Palma et quelques tentatives au sud, c’est une flotte assez groupée qui évolue à une vitesse modérée vers l’arrivée à Saint-Barthélemy. Pour preuve, les dernières moyennes sur 24 heures ne dépassent pas les 170 milles. Avec 161 milles entre le point de 11 heures hier, mardi 1er mai et aujourd’hui même heure , Banque Populaire remporte le Trophée de la Performance. Une progression assez lente mais les 16 Figaro Bénéteau devraient bientôt allonger la foulée.
Depuis 48 heures, les écarts d’un groupe de chasseur évoluant de la 3e à la 12e place se resserrent. Gaes (12e) ne pointe plus qu’à 41,4 milles de Bretagne Crédit Mutuel Performance (3e). La chasse est donc ouverte mais à l’avant, Nacarat et Cercle Vert ne l’entendent pas de cette oreille. Après un bord au sud pour retrouver un peu plus de pression et parer l’avancée de l’anticyclone, Erwan Tabarly et Eric Péron sur Nacarat et Gildas Morvan et Charlie Dalin sur Cercle Vert viennent d’empanner pour se retrouver sur la bonne route. Avec 44,1 milles d’avance sur les chasseurs de l’Atlantique, ces deux duos vont devoir faire preuve de la plus grande lucidité afin de contrer les attaques qui pourraient survenir d’ici à ce week-end avec la nouvelle donne météo qui se prépare. En effet, la rotation du vent du nord-est, la situation actuelle, à l’est puis au sud-est et peut être même au sud pour ce week-end pourrait bien redistribuer les cartes à un moment donné. Lors des vacations radio avec les skippers, leur état d’esprit prouve que la course peut se gagner avec de tout petits détails. Chaque vague, chaque nuage, chaque petite variation sont exploités, car en monotypie, ces petits détails peuvent faire la différence à l’arrivée. Les ténors de la classe ne s’y sont pas trompés et se sont tous jetés dans la bataille pour tenter d’accrocher la victoire à Saint-Barthélemy. Le décalage de Banque Populaire et d’Artemis, les plus sud de la flotte sera t-il suffisant pour faire la différence lors de la bascule ou alors est-ce la position intermédiaire de Gedimat, Skipper Macif et Bretagne Crédit Mutuel qui leur permettra d’attaquer le moment opportun ? Les premiers éléments de réponse devraient tomber d’ici à ce week-end.
Avec un peu plus de 1900 milles encore à parcourir les 16 Figaro Bénéteau ont une petite dizaine de jours de navigation devant eux et devraient arriver, pour les premiers, aux alentours du samedi 12 mai dans le port de Gustavia.