Après six jours de course, les 16 Figaro Bénéteau entament enfin une navigation plus agréable à la latitude de Casablanca. L’ambiance à bord est donc au rangement, au séchage mais surtout à la bonne marche du bateau. Actuellement, la flotte se situe dans le sud-est de l’Archipel de Madère et passe sous le dévent de la grande île. Depuis ce matin 5h00, Cercle Vert ouvre la route, mais une légère rotation du vent au nord permet à Nacarat d’Erwan Tabarly et Eric Péron de rester au contact de Gildas Morvan et Charlie Dalin. Si la très grande majorité de la flotte de la Transat AG2R LA MONDIALE est passée à l’est de l’archipel, seuls Michel Bothuon et Simon Troel sur les Recycleurs Bretons ont tenté le passage entre las Islas Desertas (les îles les plus sud de l’archipel de Madère).

Selon les dires de quelques marins, les ponts désormais secs des Figaro, ont plus l’allure d’une rue Napolitaine que d’un coursier Atlantique. La navigation dans l’est de l’Archipel de Madère est donc synonyme de latitudes plus chaudes. Des conditions qui vont permettre aux marins d’effectuer un peu de rangements mais surtout de sortir les cirés et les sous-couches pour un nettoyage en règle. Un nettoyage qui va très certainement passer par une légère douche afin de retirer les traces de ces 6 premières journées de mer dans des conditions d’hygiène plus que précaires.
Un moment privilégié également pour enfin écouter de la musique, commencer à attaquer les quelques produits frais embarqués, un bon café et surtout naviguer en short sous un soleil de plus en plus présent. Depuis plusieurs heures, les spinnakers sont donc hissés et la glisse au milieu des dauphins et des tortues est de mise : « … Là, nous sommes au large de Madère, le paysage est vraiment très beau, on voit une dorsale rocheuse. La transition a été très rapide entre hier et aujourd’hui, on a lâché le bonnet, les cirés pour une tenue plus estivale, short, lunettes et chapeau… Ça commence à être agréable ! Je suis agréablement surpris aussi de l’état de la mer, elle est assez propre, on a juste pêché un bout de filet… » commentait Charlie Dalin à la vacation de ce midi.

Un obstacle de taille sur la route

Avec une hauteur de 1850 et 1818 mètres les deux volcans de Madère, Pico das Torres et Pico do Arieiro, sont un réel obstacle sur la route des marins, mais le positionnement plus à l’est de certains comme Nacarat, Sepalumic et Banque Populaire devrait leur permettre de passer sans trop de perturbations. En revanche, Les Recycleurs Bretons, qui naviguent depuis plusieurs jours sur une route très ouest, vient de passer entre les iles Desertas et sont à 18 milles de la côte de Madère. Une position assez proche de la côte qui devrait s’avérer perturbante lors du passage dans le cône de dévent des deux Pics. Sur une route plus sud que celle de Michel Bothuon et Simon Troel, Cercle Vert a donc viré en tête en fin de nuit. Ce nouveau changement de leader est le 12e depuis le départ de Concarneau, samedi dernier, mais seuls 4 Figaro ont occupé cette première place. Outre Cercle Vert, Nacarat, Gédimat et Sepalumic ont respectivement emmené la flotte à plusieurs reprises. Derrière Cercle Vert et Nacarat, Skipper Macif, cinquième depuis 3 jours a réussi à prendre le meilleur sur Bretagne Crédit Mutuel Performance et Gédimat et pointe, depuis ce matin, en 3e position à 6,6 milles de la tête de course.

« On est assez contents de notre 4e place au classement. Ça nous a permis de « recoller » ce qu’on avait perdu… On contemple Madère, avec néanmoins une petite déception pour Romain, il n’a pas de Cabrel à bord ! On navigue groupés avec Gedimat et Skipper Macif depuis hier. Le but, c’est de faire notre route, suivre nos idées. Toutefois on risque de rester groupés avec les copains encore un petit bout de temps. » Analysait Anthony Marchand, skipper de Bretagne Crédit Mutuel Performance.

De leurs côtés, Sepalumic, 6e et Banque Populaire, 7e naviguent toujours de concert à 10,3 et 10,6 milles de Cercle Vert.
Dans la deuxième moitié du classement, Artemis navigue à une quinzaine de milles du premier sur une route intéressante qui pourrait bien s’avérer payante en arrivant vers La Palma. Banque Populaire et Sepalumic, positionnés à l’est ne sont qu’à 5,1 milles devant Sam Goodchild et Nick Cherry qui pourraient avoir là une occasion de remonter au classement général provisoire.
En 10e position, Cornouaille Port de Pêche devance de 4,2 milles La Solidarité Mutualiste et de 11,9 milles les espagnols Anna Corbella et Gérard Marin sur Gaes. Ces trois concurrents naviguent sur une même route vers La Palma, qu’ils devraient atteindre dans la soirée de samedi. C’est en Basque qu’Amaiur Alfaro à commenté les dernières heures de course mais il est certain que l’ambiance à bord d’EDM / Pays Basque Entreprises est plus chaude qu’il y a deux ou trois jours.

À la 14e place, One Network Energies se trouve à 83,6 milles du premier. « C’est beaucoup plus tranquille depuis hier matin, la mer s’est calmée, le vent aussi. On a eu très peu de vent hier dans la journée, on est tombé dans une bulle sans vent. Nous avons pu reprendre une vie normale à bord du Figaro Bénéteau 2… Notre envie serait de retoucher le paquet de devant parce que depuis le départ on navigue un peu seuls, on n’a pas de bateau à vue donc on aimerait bien retrouver nos petits copains. Il y a une heure nous étions entourés de dauphins qui jouaient avec le bateau, c’était très joli, un beau spectacle. » Guillaume Farcy sur One Network Energies. Ce spectacle marin et les conditions plus clémentes redonnent le moral aux marins qui rappelons-le viennent juste de parcourir 1/3 de la distance jusqu’à Saint-Barthélemy.
Plus en retrait mais toujours aussi heureux de découvrir le grand large, Germain Kerleveo et Jean-Sébastien Henry sur Armor-Lux – Père Loustic – Clown à l’Hôpital sont à 121,6 milles et espèrent, eux aussi, recoller un peu avec la flotte. De leurs côtés, Louis-Maurice et Joanna Tannyères ont bien du mal à retrouver les bonnes conditions qui pourraient leur permettre de faire route rapidement vers le sud.

Le Trophée de la performance est attribué aujourd’hui et pour la deuxième fois consécutives aux Recycleurs Bretons. Michel Bothuon et Simon Troel ont parcouru 188,4 milles en 24 heures entre les deux classements de 11h00.

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