De paroles de Figaristes, cette première partie de la 11e Transat AG2R LA MONDIALE est l’une des plus difficiles de ces dernières éditions. Rien ne semble épargner les 16 équipages, coups de vent répétitifs, mer difficile et désordonnée, vent très instable et capricieux en force et en direction, bref un casse-tête dont Nacarat semble avoir trouvé les clés. Premier au classement général, Erwan Tabarly et Eric Péron n’auront pourtant pas la tâche facile dans les prochaines heures et la route jusqu’à la marque de parcours à La Palma aux Canaries leur réserve très certainement encore quelques surprises.

Il est difficile, depuis la terre, d’imaginer ce que traversent les 32 marins engagés dans cette Transat AG2R LA MONDIALE. Lors des vacations, les rares marins qui ont répondu aux appels nous parlent bien volontiers des conditions dans lesquels ils vivent depuis maintenant un peu plus de 4 jours. Les mots sont souvent les mêmes : Humidité, repos, nourriture, manœuvre,… Mais tous sont unanimes, ce début de course est très difficile que l’on soit aguerri aux transatlantiques ou non.
Sur la cartographie et au classement général de 15h00, le groupe d’experts composé de Nacarat, Cercle Vert, Gedimat, Skipper Macif, Bretagne Crédit Mutuel Performance et Banque Populaire fait toujours route vers les Canaries aux avants-postes et personne ne semble lâcher prise. Il faut dire que ces marins ont l’habitude de naviguer ensemble, ils se connaissent et d’avoir tel ou tel concurrent à son vent ou sous le vent est le meilleur moyen de se jauger afin de tirer la quintessence de son bateau. Seul Sepalumic navigue hors de portée de jumelle. « On est plutôt content de nous, on a fait une belle nuit en cap et en vitesse. On avait un peu peur pour la bascule nord-ouest à venir mais « c’est moins pire » que ce qu’on avait prévu. Finalement, notre position n’est pas si mal, je suis bien plus optimiste qu’hier à la même heure. On peaufine, nos réglages, on va vite, on retrouve de belles sensations, ça fait du bien », confiait Frédéric Duthil lors de la vacation de ce midi. Les deux marins sont donc relativement confiants de leur décalage, mais il faudra attendre la véritable bascule en début de soirée pour vérifier si ce positionnement sera payant ou non.

Si les 7 premiers se tiennent en moins de 5,5 milles, la chasse s’organise à l’arrière avec les anglais d’Artemis. Le duo britannique composé de Sam Goodchild et Nick Cherry navigue vite et bien à moins de 10 milles derrière Banque Populaire de Jeanne Grégoire et Gérald Véniard. Plus en retrait et sur une route intermédiaire, à l’est du groupe de tête, Damien Guillou et Ronan Treussard sur La Solidarité Mutualiste se livrent eux aussi à une belle joute nautique avec les espagnols de GAES, qui évoluent 1,2 milles dans leur tableau arrière. Plus proche de la route directe, dans l’ouest, Cornouaille Port de Pêche pointe en 11e position et accuse 2,4 milles de retard sur Gaes mais la bascule devrait toucher plus rapidement Jean-Charles Monnet et Alexandre Toulorge. Une situation qui pourrait leur permettre de réduire l’écart.
Si certains duels se font au contact, il en est d’autres qui se font à distance. Pour Les Recycleurs Bretons de Michel Bothuon et Simon Troel, qui reprend deux places au classement, et EDM / Pays Basque Entreprises d’Amaiur Alfaro et Christophe Lebas, l’écart par rapport à l’arrivée n’est que de 0,1 mille en distance, en revanche en latéral, les deux Figaro naviguent à 21 milles l’un de l’autre. One Network Energies, 14e à 33 milles du leader dans l’est de la flotte, pourrait également revenir dans le match dès la bascule opérée.

Naviguer dans de telles conditions est certes très inconfortable et difficile, mais pour Germain Kerleveo et Jean Sébastien Henry qui découvrent le grand large à bord de leur Figaro Armor-Lux – Père Loustic – Clown à l’Hôpital, l’exercice se révèle encore plus périlleux. Cependant le moral des deux jeunes marins semble au beau fixe. Ils sont pointés en ce milieu de journée à la 15e place à 61,3 milles de Nacarat : « On n’avait jamais passé plus de 3 nuits en mer avec Germain. Donc ça c’est fait ! Le bateau va bien et on est de nouveau mouillé. Hier, nous avons eu 30 minutes de pétole, on a pu sécher les vêtements et aérer les pieds. Puis, de nouveau 30 nœuds de vent et remouillé, mais la température commence à être meilleure. Les alizés, ce sera une grande surprise pour nous. On va bien voir à quoi cela correspond. On a lu des bouquins et demandé aux gens qui connaissaient, mais personne n’est vraiment clair sur la question. En tout cas, on espère qu’il fera beau et chaud et que l’on pourra dormir sans se faire éjecter de la bannette. Sinon, on savoure le grand large. Il n’y a rien autour, seulement la mer et des moutons partout. C’est sympa. » Message de Jean-Sébastien lors de la vacation de ce midi.

Beaucoup plus à l’est, Hôtel Emeraude Plage Saint-Barthélemy de Louis-Maurice et Joanna Tannyères, navigue à 88,8 milles du leader.

D’un point de vue météo, les prévisions semblent assez difficiles à lire et à l’heure actuelle, les marins ont bien du mal à analyser correctement les fichiers. Faut-il jouer un passage au vent de Madère ou bien sous son vent en risquant un dévent ? Dès demain matin, la rotation du vent engagé, les marins auront déjà une meilleure lecture, mais dans des conditions assez molles.

Le Trophée de la Performance a, aujourd’hui mercredi, était décerné pour la deuxième fois à Frédéric Duthil et François Lebourdais sur Sepalumic. Les deux hommes ont parcouru en 24h la distance de 172,2 milles.

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