Liz Wardley en stand-by pour le Vendée Globe 2012
Quand le 1er février 2012, par communiqué de presse, Sensation Sailing Team, l’écurie de course de Jean-Baptiste Dejeanty, annonce officiellement la participation de Liz Wardley au prochain Vendée Globe, c’est pour la jeune femme un rêve qui se réalise. Malheureusement, la suite va virer au cauchemar… Malgré les contrats, les effets d’annonce et les conférences de presse, le sponsor n’a pas tenu ses engagements. Il n’y a pas eu de financement de sa part et donc pas de bateau, ce qui a conduit Liz Wardley à résilier le contrat qui la liait à ce sponsor après une mise en demeure restée sans effet. Aujourd’hui, à sept mois du départ du Tour du Monde, la triste réalité s’impose à Liz Wardley : « Le projet est mort, je ne fais plus le Vendée Globe ! » Le coup est d’autant plus dur à encaisser qu’au-delà de ce rêve brisé, la jeune femme se retrouve sans rien. Mais, si la tristesse et la colère sont aujourd’hui immenses, Liz, comme à son habitude, ne veut pas se laisser abattre et se lance un nouveau défi : « On m’a offert un rêve, j’y ai cru, maintenant on me le reprend. Mais je ne peux pas tirer une croix comme ça sur un Vendée Globe avec lequel je vis 24 heures sur 24 depuis trois mois. Aussi proche de l’échéance du départ, en partant de zéro, sur le papier c’est impossible de monter un projet. Et bien, je vais quand même essayer ! »
Liz, le 9 mars dernier à La Roche-sur-Yon, en conférence de presse, Sensation Sailing Team présentait officiellement ton sponsor pour le Vendée Globe. Aujourd’hui, un mois plus tard, tu prends la parole pour annoncer que le projet est mort. Que s’est-il passé ?
« Déjà lors de cette conférence de presse, j’avais de très sérieux doutes sur la crédibilité du projet. Cela faisait deux mois que Sensation Sailing Team attendait, en vain, les premiers versements financiers pour confirmer l’acquisition du bateau. A chaque fois, le représentant du sponsor avait une bonne excuse pour justifier le retard. Cette conférence de presse, c’est le sponsor qui l’a fixée. Contractuellement, je me devais donc d’être présente et je ne pouvais pas me permettre de dire quoi que ce soit. Depuis, rien n’a évolué, j’ai donc résilié le contrat qui me liait au sponsor après une mise en demeure de respecter ses engagements qui n’a été suivie d’aucun effet. C’est pour cette raison que je ne prends la parole qu’aujourd’hui pour exposer ma situation et crier ma colère. »
Un sponsor « miracle » qui vient te chercher à un an du départ pour te proposer de faire le Vendée Globe, ça ne t’a pas paru suspect ? N’as-tu pas été un peu naïve dans cette histoire ?
« Fin décembre 2011, quand Jean-Baptiste Dejeanty m’a annoncé que le sponsor qu’il avait trouvé souhaitait engager un second bateau et qu’il m’a demandé si j’étais intéressée pour faire le prochain Vendée Globe, j’ai tout d’abord cru à une blague… Et puis tout est allé très vite : une semaine plus tard, nous avons vu un bateau et, à la demande du sponsor, nous avons posé une option d’achat dessus. Dans la foulée, j’ai rencontré le représentant du sponsor et quelques jours plus tard je signais un contrat de trois ans. Fin janvier, à la demande du sponsor, Sensation Sailing Team m’a demandé de prévenir l’organisation du Vendée Globe de ma participation et l’a officialisée par l’envoi d’un communiqué de presse. Dans ce contexte, comment voulez-vous que je n’y crois pas !? Ce jour-là, je me suis juste dit que j’avais une chance énorme, que je vivais un conte de fée et que mon rêve devenait réalité… »
Aujourd’hui, ce rêve est-il définitivement brisé ? Qu’en est-il de ce sponsor ?
« Pour moi, le dossier est définitivement clos. Nous sommes à sept mois du départ et nous n’avons ni argent, ni bateau ! L’argent promis n’a pas été versé. On nous a menti, un point c’est tout. Je dis « on » car c’est la même chose pour Jean-Baptiste et sa société Sensation Sailing Team. Je ne les tiens pas pour responsables : eux aussi ils avaient toutes les raisons d’y croire ! Maintenant, comme je l’ai dit, les contrats qui nous liaient au sponsor ont dû être résiliés… Concernant ces gens qui nous ont fait ça, je ne préfère même pas en parler, ce serait leur faire trop d’honneur. Ce que je peux dire c’est que j’ai la rage… »
La rage justement, c’est ce qui caractérise ton état d’esprit aujourd’hui ?
« Rage et sentiment d’injustice, oui… Quand j’ai démâté lors de ma tentative de Tour du Monde (en 2009 à bord du 52 Sol’Océan), j’ai eu un peu la même réaction. J’ai pleuré… j’ai crié… La différence c’est que quand tu démâtes tu ne peux t’en prendre qu’à toi, à la technique ou, au pire, aux éléments. Ça fait partie du jeu et donc tu assumes. Là, le jeu a été faussé par des tricheurs ! Le sentiment d’injustice est énorme et d’autant plus fort que moi, je n’avais rien demandé à personne ! On est venu m’offrir un rêve, on m’y a fait croire et maintenant on me le reprend… C’est dégueulasse, il n’y a pas d’autre mot. »
Quelles sont les conséquences pour toi aujourd’hui de cette affaire ?
« Tout d’abord moralement, c’est très dur à vivre. Et puis d’un point de vue pratique, cette affaire me met également dans une situation très délicate. En décembre dernier, avant que toute cette histoire commence, j’étais à fond sur mon projet de traversée de l’Atlantique en pirogue que je devais tenter fin 2012. Le bateau était en construction et je commençais à mettre en place des partenariats. Du coup j’ai tout interrompu durant près de quatre mois. Aujourd’hui je n’ai plus de chantier pour redémarrer la construction de la pirogue, le projet n’est plus réalisable dans les délais, je n’ai plus de partenaires et plus de revenus depuis décembre… Mais je ne veux pas me laisser abattre. Et puis je relativise : c’est mon « drame » personnel mais c’est malgré tout bien petit comparé à tout ce qui peut se passer un peu partout dans le monde. »
Quels sont désormais tes projets puisque tu ne participeras pas au prochain Vendée Globe ?
« Je ne participerai pas au Vendée Globe dans le cadre de ce projet et sous les couleurs de ce sponsor, ça c’est sûr… mais je n’ai pas renoncé au Vendée Globe pour autant ! Je ne peux pas tirer une croix comme ça sur une aventure pour laquelle je vis 24 heures sur 24 depuis trois mois. Je sais que le départ du Vendée Globe est dans sept mois, que je n’ai pas un sous, pas de bateau, pas de sponsor… Je sais que je pars de zéro et qu’essayer de monter un projet dans des délais si courts n’est sûrement ni raisonnable ni même possible. Mais je vais essayer quand même ! Tout d’abord parce que tenter des challenges impossibles c’est mon truc. Et puis le Vendée Globe c’est une aventure avant tout et donc ça se mérite. Il y a trente ans, personne ne pensait que c’était « possible » de faire la course autour du monde et malgré tout il y a treize « dingues » qui y sont allés et c’est grâce à ces gens-là que le Vendée est devenu la plus grande course du monde. Alors moi aussi je veux tenter l’impossible pour le Vendée Globe. Enfin, dernière chose : on m’a brisé un rêve déjà une fois pour ce Vendée Globe alors même si c’est dingue, je ne donnerai à personne le droit de m’empêcher de rêver une nouvelle fois… »
Le Vendée Globe 2012 reste donc ton objectif, malgré les délais ?
« Plus que jamais. Et en tout cas jusqu’à fin juin. Je vais tout faire pour essayer de trouver un partenaire me permettant de financer la location d’un bateau d’ici là. J’en connais un de disponible et prêt à naviguer. Si on y arrive, je fonce. J’essaierai de me qualifier durant l’été pour être prête pour le 10 novembre. Une grande marque de sport avait pour slogan il y a quelques années IMPOSSIBLE IS NOTHING… Eh bien je vais m’en inspirer et je vous annonce donc officiellement le lancement de mon projet Vendée Globe 2012 : Liz Wardley 2012 ! »