Energy Team, le point avec Loïck Peyron
Hier, l’équipe menée par les frères Peyron a avancé un argument de poids en présentant un accord technologique signé avec le syndicat américain d’ORACLE Racing, actuel détenteur de l’America’s Cup. Cette entente permet aux français d’Energy Team d’avoir une vue complète sur la copie que les designers de l’équipe de Russell Coutts et Larry Ellison mettent actuellement en musique avec la construction de leur premier catamaran AC72 qui doit être mis à l’eau en juillet.
Après le retrait d’Aleph de la course à la 34e America’s Cup, Energy Team reste le seul syndicat tricolore sur le circuit des America’s Cup Series mais aussi l’unique espoir d’avoir une équipe française en lice sur la Louis Vuitton Cup, la régateb de sélection des Challengers qui débute en juillet 2013 à San Francisco.
Russell Coutts disait lui-même qu’une Coupe en multicoque sans présence française serait dommageable. Néanmoins, les fonds nécessaires pour une réelle accélération du côté d’Energy Team et la construction d’un gros bateau ne sont pas là.
Avec cet accord, l’équipe cible un budget de 15 à 16 millions d’euros, soit le tiers des besoins de départ, pour mener une campagne certes tardive et à un seul AC72, mais avec potentiellement entre les mains une machine au niveau des meilleurs puisque conçue sur les mêmes bases que celles d’ORACLE Racing, l’équipe qui a le plus long bagage technologique en matière de grand multicoque à aile rigide.
Aujourd’hui, le syndicat français porte les couleurs de l’horloger suisse Corum qui lui permet de courir les America’s Cup World Series mais le temps presse. Le rétro planning d’Energy Team repousse le début de la construction au tout début de l’été et, au chantier Multiplast de Vannes, tout est prêt pour attaquer au plus vite. Reste à trouver le nerf de la guerre.
A la veille du week-end d’entraînements officiels à Naples, Loïck Peyron est revenu sur les détails de cet accord, sur les ambitions de son team dans la 34e America’s Cup mais aussi sur la manière dont Energy Team aborde ce premier événement des AC World Series 2012.
Votre accord technologique avec ORACLE Racing signifie-t-il que les bureaux du Design Team et les disques durs s’ouvrent dès maintenant à votre équipe ?
« Nous ne voulons pas avoir accès à leurs données tant que nous n’avons pas les moyens de les mettre en œuvre. De manière concrète, si nous arrivons à tenir nos délais pour le financement, nous aurons accès aux infos qui correspondent à leur premier bateau (OR prévoit de construire deux AC72). »
Eplucher le dossier aujourd’hui, pourrait pourtant faire gagner du temps ?
« Evidemment. Cet accord historique est possible grâce à l’esprit d’ouverture de la Coupe mené par Russell et Larry mais, attention, il y a un règlement précis sur le partage de compétences et de travail. Les Kiwis et les Italiens le font déjà mais suivant un cadre. Luna Rossa a les moyens et un bateau déjà en construction, ce qui change la donne. »
Vous devez avoir envie de découvrir vôtre potentiel futur bateau ?
« C’est forcément frustrant pour les concepteurs que nous sommes. Nous aimerions commencer à travailler sur les plans, voire même pouvoir adapter notre philosophie à un produit déjà existant. Nous n’avons pas aujourd’hui les moyens de mobiliser des ressources là-dessus. Ce deal incroyable nous offre néanmoins la possibilité d’avoir demain sous les pieds le fruit de la réflexion de la meilleure équipe du monde sur le sujet et actuel détenteur du trophée, c’est un signe très fort. »
Après les résultats en AC45, la victoire du Trophée Jules Verne et cette aide du Defender, comment vos interlocuteurs réagissent-ils ?
« Nous proposons l’America’s Cup à un budget beaucoup plus raisonnable que nos gros concurrents et avec un retour sur investissement possible. Nous avons vu que l’annonce d’hier rassure et enrichie notre proposition. Par contre, c’est un fantasme d’imaginer que mon téléphone n’a pas arrêté de sonner après le Trophée Jules Verne, cette victoire ne nuit pas mais n’aide pas d’un point de vue concret. Je pense qu’elle aide plus à valoriser nos arguments à l’étranger comme d’ailleurs cet accord avec Oracle. Même si un engagement d’un partenaire français serait évidemment une bonne chose, je mise beaucoup sur un soutien international. C’est déjà le cas avec Corum, entreprise suisse, qui nous permet d’être dans la course. Il faut aussi se tourner vers des (mécènes) privés et là, ce n’est pas en France que ça se passe. »
Revenons à l’AC45 et à Naples, vous avez effectué quelques changements dans l’équipage ?
« Nous avons remplacé Peter Greenhalgh par Arnaud Jarlegan qui est passé de la GV au réglage de voile d’avant tandis que Arnaud Psarofaghis (suisse et précédemment avec Aleph) nous rejoint à la grand voile. Avec Yann nous savions, pour l’avoir vu opérer en D35, que le talent de ce jeune suisse est très intéressant. Et d’ailleurs nous n’avons plus d’Arnaud à bord, ils ont été tous les deux rebaptisés : Jarleg’ d’un côté et Junior de l’autre. »
Pourquoi le choix de Yann Guichard à la barre à Naples et Loïck Peyron en ‘coach’ ?
« Sur la lancée de San Diego où nous avons enfoncé le clou un peu plus vite que prévu d’ailleurs, il était logique de rééditer la présence de Yann à la barre. Il fait Naples, je ferai Venise puis Newport et nous barrerons sur l’un des deux événements de San Francisco. Cela dépend de nos agendas, Yann avec le MOD70 et moi sur l’Extrême 40, mais c’est aussi en fonction du potentiel comparé de nous deux bien sûr. Et puis, quand on a pas la chance d’avoir deux bateaux (comme ORACLE Racing ou Luna Rossa), c’est pas mal d’avoir au moins deux barreurs ! »
Hier, l’équipe menée par les frères Peyron a avancé un argument de poids en présentant unaccord technologique signé avec le syndicat américain d’ORACLE Racing, actuel détenteur de l’America’s Cup. Cette entente permet aux français d’Energy Team d’avoir une vue complète sur la copie que les designers de l’équipe de Russell Coutts et Larry Ellison mettent actuellement en musique avec la construction de leur premier catamaran AC72 qui doit être mis à l’eau en juillet.
Après le retrait d’Aleph de la course à la 34e America’s Cup, Energy Team reste le seul syndicat tricolore sur le circuit des America’s Cup Series mais aussi l’unique espoir d’avoir une équipe française en lice sur la Louis Vuitton Cup, la régateb de sélection des Challengers qui débute en juillet 2013 à San Francisco.
Russell Coutts disait lui-même qu’une Coupe en multicoque sans présence française serait dommageable. Néanmoins, les fonds nécessaires pour une réelle accélération du côté d’Energy Team et la construction d’un gros bateau ne sont pas là.
Avec cet accord, l’équipe cible un budget de 15 à 16 millions d’euros, soit le tiers des besoins de départ, pour mener une campagne certes tardive et à un seul AC72, mais avec potentiellement entre les mains une machine au niveau des meilleurs puisque conçue sur les mêmes bases que celles d’ORACLE Racing, l’équipe qui a le plus long bagage technologique en matière de grand multicoque à aile rigide.
Aujourd’hui, le syndicat français porte les couleurs de l’horloger suisse Corum qui lui permet de courir les America’s Cup World Series mais le temps presse. Le rétro planning d’Energy Team repousse le début de la construction au tout début de l’été et, au chantier Multiplast de Vannes, tout est prêt pour attaquer au plus vite. Reste à trouver le nerf de la guerre.
A la veille du week-end d’entraînements officiels à Naples, Loïck Peyron est revenu sur les détails de cet accord, sur les ambitions de son team dans la 34e America’s Cup mais aussi sur la manière dont Energy Team aborde ce premier événement des AC World Series 2012.
Votre accord technologique avec ORACLE Racing signifie-t-il que les bureaux du Design Team et les disques durs s’ouvrent dès maintenant à votre équipe ?
« Nous ne voulons pas avoir accès à leurs données tant que nous n’avons pas les moyens de les mettre en œuvre. De manière concrète, si nous arrivons à tenir nos délais pour le financement, nous aurons accès aux infos qui correspondent à leur premier bateau (OR prévoit de construire deux AC72). »
Eplucher le dossier aujourd’hui, pourrait pourtant faire gagner du temps ?
« Evidemment. Cet accord historique est possible grâce à l’esprit d’ouverture de la Coupe mené par Russell et Larry mais, attention, il y a un règlement précis sur le partage de compétences et de travail. Les Kiwis et les Italiens le font déjà mais suivant un cadre. Luna Rossa a les moyens et un bateau déjà en construction, ce qui change la donne. »
Vous devez avoir envie de découvrir vôtre potentiel futur bateau ?
« C’est forcément frustrant pour les concepteurs que nous sommes. Nous aimerions commencer à travailler sur les plans, voire même pouvoir adapter notre philosophie à un produit déjà existant. Nous n’avons pas aujourd’hui les moyens de mobiliser des ressources là-dessus. Ce deal incroyable nous offre néanmoins la possibilité d’avoir demain sous les pieds le fruit de la réflexion de la meilleure équipe du monde sur le sujet et actuel détenteur du trophée, c’est un signe très fort. »
Après les résultats en AC45, la victoire du Trophée Jules Verne et cette aide du Defender, comment vos interlocuteurs réagissent-ils ?
« Nous proposons l’America’s Cup à un budget beaucoup plus raisonnable que nos gros concurrents et avec un retour sur investissement possible. Nous avons vu que l’annonce d’hier rassure et enrichie notre proposition. Par contre, c’est un fantasme d’imaginer que mon téléphone n’a pas arrêté de sonner après le Trophée Jules Verne, cette victoire ne nuit pas mais n’aide pas d’un point de vue concret. Je pense qu’elle aide plus à valoriser nos arguments à l’étranger comme d’ailleurs cet accord avec Oracle. Même si un engagement d’un partenaire français serait évidemment une bonne chose, je mise beaucoup sur un soutien international. C’est déjà le cas avec Corum, entreprise suisse, qui nous permet d’être dans la course. Il faut aussi se tourner vers des (mécènes) privés et là, ce n’est pas en France que ça se passe. »
Revenons à l’AC45 et à Naples, vous avez effectué quelques changements dans l’équipage ?
« Nous avons remplacé Peter Greenhalgh par Arnaud Jarlegan qui est passé de la GV au réglage de voile d’avant tandis que Arnaud Psarofaghis (suisse et précédemment avec Aleph) nous rejoint à la grand voile. Avec Yann nous savions, pour l’avoir vu opérer en D35, que le talent de ce jeune suisse est très intéressant. Et d’ailleurs nous n’avons plus d’Arnaud à bord, ils ont été tous les deux rebaptisés : Jarleg’ d’un côté et Junior de l’autre. »
Pourquoi le choix de Yann Guichard à la barre à Naples et Loïck Peyron en ‘coach’ ?
« Sur la lancée de San Diego où nous avons enfoncé le clou un peu plus vite que prévu d’ailleurs, il était logique de rééditer la présence de Yann à la barre. Il fait Naples, je ferai Venise puis Newport et nous barrerons sur l’un des deux événements de San Francisco. Cela dépend de nos agendas, Yann avec le MOD70 et moi sur l’Extrême 40, mais c’est aussi en fonction du potentiel comparé de nous deux bien sûr. Et puis, quand on a pas la chance d’avoir deux bateaux (comme ORACLE Racing ou Luna Rossa), c’est pas mal d’avoir au moins deux barreurs ! »
Les ailes ont été allongées pour les épreuves de temps médium, votre avis ?
« Cela servira dans le petit temps, moins dès qu’il y aura de l’air parce que cela fait surtout de la trainée supplémentaire. Cet artifice ne change pas beaucoup de choses mais prouve bien le potentiel d’évolution qui anime la série et ce monde de la Coupe qui ne recule devant rien. Il faut pouvoir suivre le train sans se faire décrocher. C’est sûr que pour quelques kilos de Kevlar en tête de mat, c’est pas donné mais nous n’avons pas le choix. »
Vos objectifs napolitains ?
« La partie sera beaucoup plus difficile pour nous qu’à San Diego, en raison de notre déficit d’heures passées depuis sur l’eau par rapport aux grosses écuries et surtout parce qu’il y a un nouveau top team, Luna Rossa, qui arrive avec deux bateaux et des garçons très forts à bord. Ils ont aussi énormément navigué ici à deux machines et, clairement, ce sera une équipe très importante. »
Les ailes ont été allongées pour les épreuves de temps médium, votre avis ?
« Cela servira dans le petit temps, moins dès qu’il y aura de l’air parce que cela fait surtout de la trainée supplémentaire. Cet artifice ne change pas beaucoup de choses mais prouve bien le potentiel d’évolution qui anime la série et ce monde de la Coupe qui ne recule devant rien. Il faut pouvoir suivre le train sans se faire décrocher. C’est sûr que pour quelques kilos de Kevlar en tête de mat, c’est pas donné mais nous n’avons pas le choix. »
Vos objectifs napolitains ?
« La partie sera beaucoup plus difficile pour nous qu’à San Diego, en raison de notre déficit d’heures passées depuis sur l’eau par rapport aux grosses écuries et surtout parce qu’il y a un nouveau top team, Luna Rossa, qui arrive avec deux bateaux et des garçons très forts à bord. Ils ont aussi énormément navigué ici à deux machines et, clairement, ce sera une équipe très importante. »