Progreso à mi-flotte, ou presque
Et de cinq ! L’arrivée, la nuit dernière, à 04h 11min 50s (heure française) des deux jeunes skippers d’Eole Generation-GDF SUEZ a généré sur « le môle chocolat » une vague d’enthousiasme et de satisfaction. Sébastien Rogues (25 ans) et Bertrand Delesne (34 ans), les plus jeunes et les moins expérimentés de la flotte n’en n’ont pas moins réalisé une forte jolie transat. Ils ont fait exploser leur joie comme il se doit à leur retour sur terre. Pour six autres bateaux de la Solidaire du Chocolat, la course continue. Progreso attend désormais les douze skippers encore en mer, notamment Jack in the Box (Le Claquin-Aglaor) et Initiatives Alex Olivier (De Lamotte-Galfione) qui devraient pointer coup sur coup le bout de leur étrave sur la ligne en début de matinée demain. A moins de 20 milles l’un de l’autre, ils longent cet après-midi le nord du Yucatan, au plus près des côtes pour bénéficier des effets de brises thermiques.
De son côté, le trublion Poèmes Bleus (Prochasson-Galland) promet de tenir son rang de grand animateur de cette transat France-Mexique. Il est attendu samedi en début d’après-midi à Progreso. Gageons que l’arrivée des plus amateurs des navigateurs sur les rangs offrira son lot de belles surprises en plein cœur du week-end de Pâques à Progreso. Une arrivée de choc en perspective !
En mer des Caraïbes, les choses se compliquent : le vent s’essouffle et oblige les retardataires, Looking for a sponsor (Criquioche-Renken) et Groupe Picoty (Fournier-Caso) à faire temporairement cap vers les côtes paradisiaques du Belize et du Honduras, afin de contourner une zone vide d’air, située entre la Jamaïque et Cuba. Malgré les apparences, cette route en forme de cuillère n’a rien de touristique, elle est juste nécessairement plus longue que la route directe, afin d’éviter un arrêt total du speedomètre. Preuve s’il en est que les plaisirs terrestres et les arômes du chocolat n’ont pas fini de se faire désirer sur une course qui n’a plus à faire la preuve de son niveau d’exigence.
En bref
Seb et Béber sont de retour sur terre !
Les sourires radieux, les yeux malicieux : les mines réjouies de Sébastien Rogues et Bertrand Delesne valent de longs discours. Ces deux-là ont navigué portés par le plaisir de savourer une première transat à bord d’un Class40 entre la France et le Mexique. Venus tout droit du circuit du Mini 6.50, les jeunes deux skippers terminent de très belle manière, en 5ème position, une course d’apprentissage rondement menée, qui leur ouvre en grand la porte d’une série où il faudra désormais compter avec eux. Pas étonnant donc que ces deux jeunes marins aient reçu un accueil chaleureux du public de Progreso, et de nombreux skippers (Adrien Hardy, Armel Tripon notamment), qui ont fait, eux aussi, leurs gammes à la barre d’un 6.50 avant de passer le pas de la Class40.
Pépites de Progreso
Sébastien Rogues :
« Ça a été magique ! Superbe ! Vraiment intéressant en termes d’apprentissage. C’était top, car on était d’abord venu pour apprendre. On termine 5ème en milieu de tableau, pour une première ce n’est pas trop mal ! Et puis on est heureux, on a le sourire aux lèvres, c’est une super expérience et c’est vraiment génial ! C’est magique de partir de Saint-Nazaire et 25 jours plus tard d’être dans le Yucatan, à Progreso. Arriver de nuit, c’est étonnant car on n’a aucune idée de là où l’on est… On est quand même contents car c’était notre contrat avec Bertrand : être dans les 5 premiers ! On voulait apprendre, faire les choses méthodiquement, prendre notre temps. Aujourd’hui, je peux vous l’annoncer officiellement : on a beaucoup appris ! »
Bertrand Delesne :
« On a passé beaucoup de bon temps sur le bateau à faire cette course, à nous battre pour atteindre nos objectifs. C’est un parcours vraiment fabuleux : partir de Nantes, remonter à Saint-Nazaire, traverser l’Atlantique, et alors qu’on pourrait s’arrêter aux Antilles, il faut continuer pour traverser la Mer des Caraïbes. On découvre en même temps des territoires, qui font appel à pas mal de rêve et d’imaginaire. Le duo a bien fonctionné avec Sébastien, on est assez complémentaires sur pas mal de choses. Lui est assez vif, assez fougueux, moi je suis plutôt du genre à prendre du recul et à faire marcher l’expérience. »
Pépites du large
Tanguy de Lamotte (Initiatives-Alex Olivier) :
« Ca fait quelques jours que ça dure, on échange nos positions avec Jack in the Box selon les classements. On a eu des soucis de voiles, un spi déchiré. On l’a affalé, il y a 1h. On l’a réparé environ 6 fois et maintenant, ça tient. Il n’est pas très joli on a du coller avec des bouts de sac, il a tenu et c’est ce qui nous permet de nous chamailler avec Aloys Le Claquin. Nickel pas de soucis, on a tout au niveau eau, nourriture, on se repose bien, on est en forme physiquement. On a vu les lumières de Cancun et celle des petites îles, on devine la côte aussi qui est assez sombre : on doit à être à 5 milles, je pense. »
Jean-Edouard Criquioche (Looking for a sponsor) :
« On en est en forme, c’est une transat qui est facile sur un plan physique, la mer n’est pas trop difficile. C’est plutôt une fatigue nerveuse, on se rend compte que la moindre erreur sur l’eau se calcule en distance. On est toujours à la lutte avec Groupe Picoty, c’est comme ça depuis une semaine. On est passé devant eux à St Barth. Aujourd’hui, Poèmes Bleus est bien devant nous donc la stratégie, c’est de contrôler : rester entre les deux. Il ne faut pas prendre d’option, on les surveille. L’avantage qu’on a sur nos poursuivants, c’est qu’ils n’ont plus de spinnaker. »