Une journée OFF
« Une île, claire comme un matin de Pâques, offrant l’océane langueur d’une sirène à chaque vague… »… telle apparaît Saint-Barth aux marins comme dans les mots de Jacques Brel. Les Voiles de Saint-Barth célèbrent toute la semaine un espace maritime plus envoûtant que le plus sublime des rêves de régatiers, ciselé par des îlots et cailloux aux dénominations qui fleurent bon l’âge d’or de la boucanerie, « Gouverneur », « Frégate », « Fourchue » ou « bonhomme ». Au gré de l’alizé, les yachts s’en délectent à satiété tout au long des parcours chaque jour renouvelé. Et chaque bord de révéler une anse, une plage, un abri, une colline que tout marin rêve aussi d’inv estir, à pied cette fois, passée l’heure de la compétition. Le « day off », journée de relâche voulue par les organisateurs sert précisément cette légitime aspiration. Saint-Barth se déguste à terre comme sur mer, et les 700 et quelques marins internationaux présents cette semaine ont pu aujourd’hui sceller à terre les amitiés initiées sur mer. Le grand feu d’artifice tirée depuis Shell Beach mercredi soir a, de la plus spectaculaire des façons, inauguré 24 heures dédiées au plaisir et à l’amitié, avant la reprise dès vendredi matin des joutes nautiques.
24 heures chrono
La longue et belle journée de mercredi a été suivie d’une belle et non moins longue nuit de fête et d’amitié entre les coureurs et les yachtsmen conviés par l’organisation et l’agence de location SIBART à donner libre cours à leur sens de la convivialité. Musique, feu d’artifice, grand écran vidéo ont ainsi servi de cadre toute la soirée et une partie de la nuit à un joyeux mélange de culture et de bonne humeur entre marins venus du monde entier. Aujourd’hui jeudi s’inscrivait dans le parfait prolongement d’une soirée que d’aucuns décrivent déjà comme inoubliable. C’est la plage du restaurant Nikki Beach qui proposait son cadre festif au très relatif repos des « guerriers » d’hier. L’esprit de compétition n’étant jamais très loin des préoccupations terrestres des régatiers, c’est en paddle board que les équipages étaient appelés à se défier. Une joute nautique prétexte à de grands éclats de rires, et à la naissance de nouveaux et impérissables souvenirs entre anciens et nouveaux amis. Les régatiers et leur famille ont ainsi toute la journée profiter des mille et un charmes de l’île, ses 18 plages plus enchanteresses les unes que les autres, ses hôtels de standing aux vues imprenables sur la mer et les îles avoisinantes, et bien entendu ses dizaines de restaurants gastronomiques, petits morceaux de la culture culinaire Française venus jusque dans les Amériques propager un savoir bien –vivre apprécié de tous.
Point course…
Réclamation
Importante modification au classement général provisoire du groupe « Non Spinnacker ». Le Jury de l’épreuve s’est réuni hier soir pour examiner une réclamation concernant deux protagonistes de ce groupe. Il est avéré que High Tension de Bernie Evan-Wong et Icarus du Britannique Barry Duck ont tous deux pris le départ de la manche d’hier… 6 minutes avant le coup de canon. Ils sont ainsi classés tous deux DNS (Did Not Start) et reçoivent le maximum des points. C’est donc Jaguar Island Water World de Ben Jelic qui prend le commandement, devant Shamrock VII de l’Américain Thomas Mullen, déclaré vainqueur de la course N°2. Iracus, déjà DNS lors de la première manche, dégringole en queue de classement.
Yacht exceptionnel : Dorade
Le yawl Bermudien Dorade est à Saint-Barth, et l’événement est considérable.
Dorade fut en effet un yacht révolutionnaire en son temps, véritable pierre fondatrice d’une des nombreuses légendes du yachting, l’architecte américain Olin Stephens et le célèbre chantier Sparkman et Stephens de City Island à New-York, berceau des plus beaux yachts du 20ème siècle. Ce yacht emblématique a vu le jour en 1931 sous le nom de Dorade du crayon d’un tout jeune homme de 21 ans, Olin Stephens. C’est son père qui en 1929 passe commande d’un yacht de 52 pieds. Olin, aidé de son frère Rod se met au travail et construit chez Minneford Yard, à City Island, New-York, un yacht bermudien qui étonne par la finesse et l’étroitesse de ses lignes. Le voilier surprend par sa légèreté et son concept de fabrication très sophistiqué. Les frères Stephens, épaulés par Drake Sparkman, font d’emblée taire toutes les critiques. Ils s’alignent avec un équipage de 22 ans de moyenne d’âge sur la Transatlantic Race en 1931… qu’ils remportent devant les grosses unités de l’époque. Dans la foulée, ils écrasent de leur superbe la Fastnet Race de 1931 et 1933. Dorade va dorénavant servir d’étalon au jeune architecte, qui s’associe avec Drake Sparkman pour lancer le chantier Sparkman&Stephens. En 1934, s’inspirant des plans de Dorade, Olin dessine un de ses nombreux chef-d’oeuvres, Stormy Weather, prélude à plus de 2 200 dessins, parmi lesquels pas moins de 7 voiliers vainqueurs de la Coupe de l’America entre 1937 et 1980, Ranger, Columbia ou Freedom…
Le Californien Matt Brooks, alpiniste émérite, pilote de jet et champion du monde de 6 mJI, est depuis 2010 l’heureux propriétaire de Dorade, un nom, une silhouette, une légende qu’il compte bien rappeler aux bons souvenirs de tous les aficionados du beau Yachting stylé. Et les Voiles de Saint-Barth entrent très précisément dans sa stratégie.
Skipper du jour : Team Dorade
Difficile de dissocier les acteurs/amoureux de Dorade qui se dévouent corps et âme depuis trois années pour redonner non seulement à Dorade son lustre d’antan, pour pour permettre au sublime yawl Bermudien de revivre 80 ans après sa naissance, l’excitation de ses courses aventureuses d’hier. On a envie de citer naturellement Joe Loughborough qui a présidé durant 18 mois dans son chantier de Newport, Rhodes Island, au profond « refit » du plan Stephens. Ses propriétaires Californiens Pam et Matt Brooks sont à créditer non seulement d’avoir offert au vénérable octogénaire une seconde jeunesse mais aussi, et surtout, d’afficher avec volontarisme leur désir de voir Dorade embrasser la carrière qui fut la sienne sous la férule du Maître Stephens. Dorade va ainsi prendre part à toutes les régates qui ont jadis f ait sa gloire, à commencer par la Newport-Bermuda Race dès cette année, suivie de la Transpac Californie-Hawaï, et en 2015, la Transatlantique et le Fastnet.
« Dorade est un voilier conçu pour le large » insiste Pam. « C’est notre but de lui permettre à nouveau de courir des régates océaniques. C’est pour cela que nous nous entraînons fort, afin d’apprendre à bien connaître le bateau. Tout l’équipage est fortement impliqué dans cette démarche.
Jamie Hilton, Champion du Monde des 12 M et qui barre Dorade aux Voiles, ne dit pas autre chose ; « Dorade est un bateau unique dans l’histoire des yachts de course. Son comportement à la mer est tout simplement exceptionnel. Naviguer sur Dorade est une expérience culturelle très riche. »
Matt Brooks, ravi de naviguer à Saint Barth où Dorade fait sensation parmi les amateurs de belles coques, demeure modeste et humble face à la tâche d’apprendre toujours et encore sur les secrets de navigation du yawl. « Nous apprenons chaque jour davantage. Tout l’équipage est très concentré à tirer la quintessence du voilier tout en respectant son âge vénérable… »
Ils ont dit :
Steve Benjamin, tacticien de Decision
« Les Voiles de Saint-Barth sont une formidable opportunité pour poursuivre la prise en main de Decision, premier exemplaire du Carkeek 40. la diversité des parcours, la multiplication des allures et les conditions de vent très changeantes sont idéales pour observer et travailler nos réglages. Il y a aussi une adversité de haut niveau qui nous pousse dans nos retranchements. Les premières sensations sur Decision sont à la hauteur de nos espérances et Stephen Murray, le propriétaire, est ravi. Je dois personnellement prendre livraison en juin du N°3 de la série et chaque heure passée ici à régater m’en apprend un peu plus sur le Carkeek 40. »
Météo du jour : Vendredi 6 avril
Le vent sera demain orienté à l’est, avec une petite tendance à l’est sud est, pour une douzaine de nœuds.
Température Maximum: 28°C
Température Minimum: 24°C
Taux Humidité : 70 %