Un vainqueur, un podium et un ménage à quatre à Progreso
La Solidaire du Chocolat, deuxième du nom, connaît son vainqueur, Mare (Jorg Riechers-Marc Lepesqueux), qui a décroché une victoire sans partage sous spi à l’heure du crépuscule au Mexique. Une fois encore la magie de l’accueil maya a fait merveille sur le « Mole du Chocolat » pris d’assaut par les habitants de Progreso émerveillés par un tel spectacle venu du large. En terre maya, la nuit tombait et annonçait l’arrivée d’Agir Recouvrement – Bureau Veritas, solide poursuivant de ce leader intouchable pour s’adjuger, après quelques derniers bords de près dans une brise nocturne évanescente une deuxième place acquise de haute lutte sur les 5000 milles (9260 km) du parcours entre les Pays de la Loire et le Yucatan face à ses deux autres prétendants aux places du podium : Geodis et Aquarelle.com.
Ces trois bateaux se tenaient encore à 50 milles de l’arrivée dans un mouchoir maintenant un suspense de tous les instants, n’ayant de cesse de réduire les écarts entre les uns et les autres à chaque classement. Preuve s’il en est qu’il y a des deuxièmes places qui prennent l’éclat des plus beaux succès. Ce n’est pas Adrien Hardy, vainqueur en 2009, qui dira le contraire. Aux côtés de Stéphane le Diraison, il ne fait pas mystère de sa satisfaction d’avoir vécu une telle aventure aux détours de l’Atlantique et de la mer des Caraïbes traversés. Rappelons que s’étaient fait voler la politesse au passage de la porte de Saint-Barth pour deux petites minutes par le solide duo d’Aquarelle.com.
De leurs côtés, les deux complices de Geodis, Fabrice Amedeo, journaliste au Figaro et Armel Tripon, récidiviste sur la Solidaire du Chocolat (4è en 2009), ne boudent pas non plus leur double plaisir : celui de se hisser sur le podium et d’en dérober les honneurs à la redoutable paire d’Aquarelle.com. Pour ne rien gâcher, ces deux Reporters du Large n’ont pas manqué de partager leur course avec de savoureuses vidéos quotidiennes témoignant autant de l’intensité que du plaisir d’une compétition à ce niveau de jeu dans des conditions favorables à la tactique rapprochée sur les grands espaces liquides.
Quant à Yannick Bestaven et Eric Douglazet, grands vainqueurs de la transat en double sur la route du café à bord d’Aquarelle.com, ils ne cachent pas leur déception de ne pas avoir réédité au chapitre du succès sur les chemins océaniques qui mènent au Yucatan, terre originelle du cacao. Ces deux redoutables compétiteurs voient le podium leur échapper pour 44 minutes après plus de 24 jours de course acharnée. Leur constance aux avant-postes et leur combativité pour ne pas se laisser, jusqu’au bout de la ligne, se dérober leurs chances de figurer sur ce podium leur permet d’apprécier les subtiles saveurs sucrées-salées d’une transat à forte teneur solidaire avec 4 bateaux de retour à terre en 7 heures et 53 minutes.
Sur l’eau, la course continue de plus belle pour sept équipages encore en mer des Caraïbes. Le prochain sur la liste, Eole Generation-GDF SUEZ, pointe ce jeudi midi à 130 milles de la ligne. Sébastien Rogues et Bertrand Delesne progressent à 7-8 nœuds dans des vents qui vont sans doute faiblir dans les prochaines heures le long de la côte nord du Yucatan. Ils est attendus dans la nuit prochaine entre 2 et 3 heures (heure française) pour croquer à leur tour aux parfums d’un retour à terre salué par l’enthousiasme populaire au pays des mayas et du chocolat.
Pépites de Progreso
Stéphane le Diraison, Agir Recouvrement – Bureau Veritas :
« Je suis content à plusieurs titres : on s’est beaucoup battu, le plaisir d’être allé au bout de cette belle aventure avec un beau résultat sportif et un vrai combat sur l’eau. Il n’y avait pas de répit pendant les 25 jours, on était au contact. Il ne fallait pas faire d’erreur, tout était systématiquement à reconstruire, il fallait rester concentré, c’était génial, super stimulant.
Nous soutenions deux associations : les Matelots de la Vie, qui aide les enfants en rémission et les Toupies, une troupe artistique qui mélange les gens valides et invalides. J’ai eu beaucoup de plaisir à échanger pendant la course avec elles, et d’essayer à ma façon de les aider dans leur démarche. »
Adrien Hardy, Agir Recouvrement – Bureau Veritas :
« La course s’est passée super vite : comme on était tout le temps au contact avec les autres, on ne s’est pas ennuyé une seconde, il n’y a pas eu de routine. L’arrivée sur l’eau m’a rappelé les bons souvenirs de 2009, finir 2ème c’est très bien, je prends cela comme une victoire car cela a bagarré sur l’eau, et il y avait un très bon niveau. J’ai pris beaucoup de plaisir à naviguer avec Stéphane. On ne se connaissait pas avant la course, on a été efficace, on a bien gérer la pression, et on a réussi à imposer le rythme aux autres qui fait qu’on est devant aujourd’hui. »
Fabrice Amedeo, Geodis :
« Quel bonheur ! C’est une énorme satisfaction de monter sur le podium. Il y a quelques heures, nous étions quasiment encore bord à bord avec Yannick Bestaven et Eric Drouglazet. Nous avons ensuite attaqué et nous avons réussi à les distancer. Nous étions au départ à Saint-Nazaire des outsiders. Nous avons démontré que nous étions dans le coup du début à la fin. Avec Armel, nous étions en perpétuelle symbiose. Il y avait une grande confiance entre nous et une relation d’égalité très agréable à vivre. »
Armel Tripon, Geodis :
« C’est mon premier podium sur une transat depuis ma victoire sur la Mini-Transat 2003 alors je suis vraiment heureux. Nous étions en phase avec la météorologie, entre nous, avec les éléments, avec notre bateau. La course a été intense jusqu’au bout avec un final haletant. Nous allions plus vite que nos adversaires dans la dernière ligne droite et nous avions vraiment une soif de podium. La bagarre a été rude pendant plus de trois semaines et nous n’avons jamais rien lâché et démontré notre potentiel avec ce bateau. »
Yannick Bestaven, Aquarelle.com :
« C’était une belle course, passionnante sur l’eau, stressante même, on arrive tous les uns à côté des autres ou pas très loin même si on rate le podium… Tant pis… ! Finalement cela n’aura été que des phénomènes d’accordéons : des joies, des déceptions, des joies, des déceptions… et cela pendant 25 jours. Mais on est content d’arriver ! Il y a eu plein de bons moments. J’ai adoré le passage de Saint-Barth, c’était magique. »
Eric Drouglazet, Aquarelle.com :
« C’était tendu, surtout sur la fin, où on était même un peu désespérés parce qu’on ne pouvait pas lutter. Nous étions moins rapides que les autres au portant. On manquait de puissance, à cause de notre nouveau spi, il n’y avait rien à faire. C’est dommage parce qu’on a bien navigué, on a fait une belle traversée de l’Atlantique avec une des trajectoires les plus efficaces de la flotte, on arrive avec les deuxièmes aux Antilles, à deux minutes, et puis voilà…»