Que calor, chaud bouillant ! Au petit jour en terre maya, la température monte crescendo : dans l’air comme sur l’eau et dans les cockpits des bateaux : à moins de 105 milles de la ligne mouillée au large de Progreso se joue la victoire finale et les places du podium de la 2ème édition de la Solidaire du Chocolat. Au classement de 15 heures, Mare affiche toujours 40 milles d’avance sur Agir Recouvrement-Bureau Veritas (Stéphane Le Diraison / Adrien Hardy). Sauf retournement de dernière minute et après une nuit torride, Jorg Riechers et Marc Lepesqueux semblent en bonne position pour croquer toutes les saveurs d’un succès construit de haute lutte depuis le départ de Saint-Nazaire. Ils sont attendus entre les douze coups de minuit ce jeudi et 02h du matin (HF). Pour autant, c’est sans compter sur le duel au couteau que livrent Aquarelle.com (Yannick Bestaven-Eric Drouglazet) et Geodis (Fabrice Amedeo-Armel Tripon) qui se tiennent en moins de deux milles au plus près des côtes au large de la corne du Yucatan…

Aïe caramba, les voilà ! Ils arrivent et les quatre premiers progressent toujours aussi groupés. à l’aube du 24ème jour de course, Progreso se prépare à accueillir dans les heures qui viennent ses vainqueurs après une traversée de 5 000 milles (9 260 km) entre la France et le Mexique. Sur l’eau, la tension est à son comble alors que les écarts se sont resserrés dans la nuit dans des vents capricieux, très instables en force, qui vont et viennent sous l’effet d’une dépression orageuse remontant du sud-ouest vers le nord-ouest de la péninsule du Yucatan.

Ces conditions instables ont favorisé un net resserrement des écarts entre Mare et son plus proche poursuivant Agir Recouvrement-Bureau Veritas. Elles attisent également le suspense pour les places d’honneur que se disputent avec une âpreté rare Aquarelle.com et Geodis qui terminent cette longue traversée océanique comme un parcours en baie.

Entre ces bateaux, rien n’est joué et tout reste à faire en approche de la ligne mouillée sous haute tension à 1 mille au large de Progreso qui s’apprête à vivre une belle page de course au large avec un final sur le mode d’une régate côtière. Ceux-là sont attendus dans la nuit prochaine dans une fourchette d’heures (entre 4 et 6) qui reste difficile à évaluer…

Tout va dépendre des brises thermiques. Au rendez-vous, elles peuvent venir du large et souffler jusqu’à 25 nœuds. Le soleil qui joue à cache-cache avec la couche nuageuse va-t-il pouvoir favoriser une arrivée en accéléré des postulants au podium avant jeudi matin (HF) ? C’est l’une des grandes incertitudes qui planent, ce mercredi après-midi encore, dans le ciel de Progreso…

Pépites du large

Marc Lepesqueux (Mare) :

« On a un peu de pression. Le vent est tombé. Il faut qu’on s’accroche. La fin de course ne sera pas facile. On a 30% d’avance. Il nous reste 120 milles et Agir Recouvrement est revenu à 40 milles derrière. On va gérer cela. Nous serons vigilants dans les derniers milles. Il fait encore nuit, nous faisons des réglages, des manœuvres. Il y a un peu de lassitude ce matin. On a les odeurs de la terre, en passant la pointe du Yucatan. »

Fabrice Amedeo (Geodis)

: « Dans le duel avec Aquarelle.com, on a plus un rôle de rattrapant que d’ouvreur. On est assez au taquet car on pense qu’ils sont en visu mais on ne les voit pas. On est à 6 milles de la côte. C’est excitant, c’est sûr, mais c’est aussi épuisant car souvent la situation est figée à ce stade de la course. Je suis un peu pressé d’arriver car le course est longue après 23 jours. J’ai appris qu’il y a Pâques au Mexique, j’ai envie de voir cela. »

Adrien Hardy (Agir Recouvrement – Bureau Veritas) :

« Toute la nuit, on a bien avancé, le vent était soutenu et favorable, c’est normal que l’on soit revenu, ça tamponne devant. On fait tout pour revenir, ça dépend de la météo, il y a des grains, ça devient très aléatoire : on risque à chaque instant de rester scotché comme d’avancer à 10 nœuds. Même si il y a des choses possibles : 40 milles, ça fait 4 heures à 10 nœuds … c’est beaucoup. On navigue un peu à l’aveuglette : là, il fait encore nuit c’est la surprise à chaque classement. Je connais un peu le coin, je sais que c’est piégeux : il y a des hauts fonds, des courants différents, des filets dérivants, des pièges… Ce n’est pas évident. J’espère que ça va nous porter chance pour l’arrivée. »

Mathis Prochasson et Matthieu Galland (Poèmes Bleus) :

 » Cette approche de la Jamaïque nous va à ravir. Avec 100 milles repris à Initiatives-Alex Olivier sur 48h, ça donne envie d’y revenir et de bouffer du chocolatier avec le chocolat… Bon attention, une grosse partie des gains de ces 100 milles sont très ponctuels, car dus à un recalage qu’ont fait Tanguy (De Lamotte) et Jean (Galfione) et qui leur a coûté cher en distance au but. Donc ne vous attendez pas à ce qu’on continue à manger 50 milles toutes les 8h, mais c’est toujours bon à prendre. L’ours est bien vivant, on va attendre un peu pour appeler le tanneur. De la même façon, depuis que Jean-Édouard (Criquioche) a repris un cap vers la marque, il nous reprend une partie de l’avance qu’on a accumulée depuis quelques jours… Mais bon, on veut bien lui en rendre un peu, on a quand même un bon stock… »

En bref

Transport Cohérence de retour en course

Transport Cohérence a quitté Saint-Barth après 28 heures 25 minutes d’escale pour réparer le vérin de pilote et recharger les batteries des deux marins éprouvés par 14 jours passés vissés à la barre à tour de rôle. Les deux Ben, Parnaudeau et Jouandet, sont donc de retour sur les chemins qui mènent à Progreso, au Yucatan.

« On a une mer des Caraïbes de retard, mais on a le moral. Cette escale a vraiment été réparatrice, on a reçu un accueil formidable des locaux qui se sont pliés en quatre pour nous aider. Il nous tient à cœur de participer coûte que coûte aux festivités de l’arrivée », a expliqué, au moment de laisser Gustavia dans son tableau arrière, Benoît Parnaudeau, réputé pour être l’un des fidèles ambassadeurs des valeurs de la Class40 et de la Solidaire.

Transport Cohérence a quitté Saint-Barth à 12h40 (HF) ce mercredi. Il progresse dans un très faible alizé, qui devrait se renforcer doucement, mais sûrement en mer des Caraïbes. Mais, à bord du doyen de la flotte et ses 60 000 milles au compteur, tous les indicateurs sont passés au vert. Gageons que la paire de Ben sera accueillie comme il se doit en terre yucatèque pour recevoir les honneurs que méritent la combativité et la sportivité dont elle fait preuve. 11 bateaux sur la ligne à Saint-Nazaire et autant à Progreso : voilà sans nul doute la plus belle victoire qui se profile aujourd’hui à l’horizon de la 2è édition de la transat France-Mexique.

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