C’est le cocktail du jour sur le Solidaire du Chocolat, qui révèle au passage de la porte de Saint-Barth toute la complexité de ses saveurs et sa longueur en bouche. Pour les sept bateaux qui ont rejoint la mer des Caraïbes, une nouvelle course commence sur le signe de la vitesse dans des eaux qui restent pour beaucoup encore méconnues en direction du golfe du Mexique. En tête, on prend les mêmes et on recommence avec un petit peloton de chasseurs lancés aux trousses de l’éclaireur, Mare (Riechers-Lepesqueux), qui affiche une avance de 39 milles ce vendredi après-midi. Après le pit-stop de Jack in The Box (Le Claquin-Aglaor) à Gustavia, seuls quatre équipages progressent encore dans l’Atlantique aux prises avec leur lot de problèmes techniques.

Sur la route du chocolat, tous les chemins mènent à Saint-Barth, dont la porte matérialisée par une ligne virtuelle aux abords de l’île, constitue une marque de parcours obligatoire. Après la traversée de l’Atlantique, les trajectoires convergent donc vers cette perle des Antilles, réputée pour les plaisirs qu’elle offre à terre. Hier, les passages des quatre premiers à un rythme soutenu dans des copieux grains dignes des tropiques témoignent de l’intensité de la course qui se poursuit de plus belle au royaume des pirates. Si Saint-Barth n’a pas offert les cliches qui collent à ses eaux bleu turquoise, les Mare, Aquarelle.com (Bestaven-Drouglazet), Agir Recouvrement-Bureau Veritas (Le Diraison-Hardy) et autre Geodis (Amedeo-Tripon) n’en ont pas moins poursuivi sur leur lancée, poussés par l’adrénaline que leur procure l’intensité d’une compétition. En ce début de mer des Caraïbes, une option collective se dégage. La tendance est au sud vers les côtes du Venezuela et de la Colombie, plutôt qu’au nord aux abords de Saint-Domingue. Voilà pour le décor qui ne manque pas d’exotisme.

Une rasade d’alizé

Du côté des protagonistes, Agir Recouvrement-Bureau Veritas qui s’était fait coiffer au poteau de la porte pour deux petites minutes par Aquarelle.com, a repris son poste de dauphin de l’imperturbable leader. Sur l’eau où beaucoup de choses, à ce niveau, se résument à des dosages de trajectoires, il occupe une position médiane entre Mare et Aquarelle.com et Geodis. Tous bénéficient d’un flux d’alizé établi plein est d’une quinzaine de nœuds. Des conditions stables qui permettent à Eole Generation-GDF SUEZ (Rogues-Delesne), 5è, et Initiatives-Alex Olivier (De Lamotte-Galfione), 6è, de recharger les batteries après un passage aux abords de Saint-Barth mouvementé. Et ceci est encore plus vrai pour Aloys Le Claquin et Ludovic Aglaor (Jack in The Box) qui ont fait une courte escale pour réparer un vérin de pilote hors service. Eprouvés par cet épisode, ils ont repris les chemins de la course et affichent un retard de 40 milles leur prédécesseur. Tout reste possible alors qu’en approche du golfe du Mexique, Eole promet de nouveau de déserter la place.

Amertume Atlantique

Sur l’Atlantique, changement de décor. Les sentiers océaniques restent parsemés d’embûches pour ceux de l’arrière qui ne ménagent pas leur peine pour venir à bout de problèmes techniques et autres avaries (voiles déchirées, safran) et saluer à leur tour Saint-Barth. Ce quatuor est emmené par Poèmes Bleus (Galland-Prochasson), qui doit encore parcourir 180 milles pour planter l’étrave dans les eaux caribéennes. Une course dans la course est engagée avec Looking for a sponsor (Criquioche-Renken) et Groupe Picoty (Fournier-Caso), qui se tiennent les uns les autres entre 65 et 50 milles.
Enfin, en queue de flotte, Transport Cohérence progresse toujours sur sa route à l’extrême sud. En panne de pilote, ce 3è équipier du bord, depuis bientôt une semaine, les deux Benoît (Parnaudeau et Jouandet) vivent une toute autre aventure : celle où l’amertume d’un Atlantique peu conciliant les oblige à puiser loin dans leurs ressources humaines.

Pépites du large

Adrien Hardy (Agir Recouvrement-Bureau Veritas) :

On entame une nouvelle phase de la course, on est revenu au classement, on grappille de milles sur Mare, mais il faut surveiller derrière car ils sont proches. Il n’y a pas beaucoup d’écarts : 30 milles c’est 3h arrêter sous un nuage.
C’est assez stressant, on est toujours à regarder les classements, les distances. Mais, c’est aussi super intéressant, on pense aux autres derrière pour qui ça doit être dur. Notre position est super, c’est la meilleure des situations.

Eric Drouglazet (Aquarelle.com) :

On sort de la nuit, elle a été très agréable, dans les alizés, sous pilote. Le fichier prévoit plus de vent dans l’après-midi, le soleil cogne et il fait très chaud. Ça avance bien dans l’alizé établi, on se dirige vers la Colombie. La suite s’annonce assez tranquille pour Mare, ça reste serré surtout entre la 2ème et la 4ème place, ça rend la course intéressante. D’autant que le vent va devenir plus faible d’ici 4 a 5 jours.

Jean Galfione (Initiatives-Alex Olivier) :

Le passage de Saint-Barth, c’est une première pour moi : je peux le dire maintenant, j’ai traversé l’Atlantique ! Les dernières heures ont été un peu compliquées ce qui a un peu atténué la fête. Physiquement ça va, faut récupérer de la petite nuit qu’on a eue. On passe le bonjour à tout le monde, au scolaire aux associations, on pense à vous tous les jours. On sent qu’on n’est pas que deux sur le bateau. On reçoit des messages d’enfants qui font vraiment plaisir : ça regonfle pour remonter sur le pont, et reprendre la barre !

 

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