Les onze concurrents de la Solidaire du Chocolat entament leur troisième semaine de course qui sera marquée, jeudi, par le passage de Saint-Barth. Une porte obligatoire et donc un classement intermédiaire, qui suscite la convoitise de l’ensemble de la flotte. Les sept premiers ont retrouvé du vent après un week-end éprouvant. Si Mare fait cavalier seul devant, Agir Recouvrement-Bureau Veritas, Aquarelle.com et Geodis naviguent à vue et sont en chasse.

Il est toujours plus efficace de chasser à plusieurs. Alors que la fatigue vient jouer les trouble fêtes (Fabrice Amedeo parle même aujourd’hui d’hallucinations…) il ne sera pas aisé, pour Jorg Riechers et Marc Lepesqueux (Mare) de maintenir la cadence, de ne pas céder à une certaine lassitude lorsqu’il faudra régler ou manœuvrer. D’autant qu’à faire cavalier seul, on manque de références.
A contrario, le trio de chasseurs qui navigue dans un cercle de moins d’un mille, pourra user de comparaisons pour savoir si leurs montures tournent à 100%. C’est un atout certain qu’il faudra néanmoins gérer sans puiser davantage dans les réserves qui s’amenuisent.
Au delà du facteur « fatigue », la négociation de l’arrivée à Saint-Barth sera capitale. Une zone de vents très faibles (voire absents…) s’installe cruellement à l’est de l’île et c’est visiblement ce que le peloton a repéré dès ce matin en mettant un peu de nord dans son cap. C’est probablement par le nord qu’il faudra aborder l’île. Mare n’a pas l’intention de confier les manettes du joystick et son art consistera d’une part à faire le bon choix stratégique, d’autre part à contrôler le groupuscule d’échappés. « Les concurrents vont quitter un moment le mode stratégique pour entrer en mode tactique, analyse Bernard Duval, directeur de course. Alors que les conditions d’atterrissage sur Saint-Barth sont encore incertaines, il sera plus prudent de contrôler ses adversaires que de céder aux grandes manœuvres stratégiques, d’autant que les écarts permettent encore à beaucoup de bateaux de se placer à Saint-Barth».

Eole Generation – GDF SUEZ (Rogues/Delesne) est plutôt bien placé pour intervenir dans le débat, tout comme Jack in the Box (Le Claquin/Aglaor), même si ce dernier accuse plus de 100 milles de retard.

L’équipage de Transport Cohérence (Parnaudeau/Jouandet), qui ne peut plus compter sur son pilote automatique, lutte contre la fatigue. Les deux Benoit doivent barrer en permanence et n’atteindront Saint-Barth qu’en fin de semaine. Ils prévoient un arrêt express pour récupérer un pilote avant de poursuivre jusqu’à Progreso.

Poèmes Bleus – Planète Insuline (Prochasson/Galland) va enfin se parer de son spi, déchiré la semaine dernière, que Mathis et Matthieu ont intégralement recousu.

Jean Edouard Criquioche et Anna-Maria Renken (Looking for a sponsor) se sont fait une belle frayeur hier soir lorsque la bastaque au vent a brusquement cédé en sortie de virement de bord. L’équipage a eu la présence d’esprit d’improviser un autre virement en catastrophe pour soulager et sauver le mât. Il a passé la nuit à consolider les… deux bastaques !

Pépites du large

Fabrice Amedeo (Geodis) :

« Depuis hier on navigue à vue avec Agir Recouvrement – Bureau Veritas à un mille derrière et Aquarelle.com dans notre travers à deux milles. C’est vraiment une régate au contact ! J’ai eu des hallucinations à la barre hier, j’étais très fatigué, on commence à perdre de la fraîcheur, on entend des voix. J’ai même cherché à réveiller le 3ème coéquipier ! »

Stéphane Le Diraison (Agir Recouvrement – Bureau Veritas) :

« On est juste à côté de Geodis et Aquarelle.com, c’est un match très très intéressant. On a réussi à bien se positionner, on est revenu dans le petit groupe de tête, c’est pas mal on va pouvoir jouer pour la 2ème place ».

Benoit Parnaudeau (Transport Cohérence),

en panne de pilote automatique, prévoit une courte escale à Saint-Barth : « On a essayé de gagner vers le sud depuis le début, on s’est fait empétoler un peu avec l’anticyclone où l’on est resté pendant trois jours ! C’était hyper difficile pour les nerfs, on doit profiter de la moindre risée pour faire avancer le bateau et comme on ne peut pas lâcher la barre, c’est très éprouvant. Saint-Barth de toute manière, c’est la route… On va juste s’arrêter 3h pour récupérer un pilote ! »

Mathis Prochasson (Poèmes Bleus Planète Insuline),

victime de la fuite d’un bidon de gasoil et de la déchirure du spi que l’équipage a entrepris de recoudre depuis cinq jours : « Un grand jour pour notre spi aujourd’hui : on l’a ressorti de la cale à mazout pour le remettre dans sa chaussette, prêt à lui faire prendre l’air, vérifier que les coutures tiennent et, si le vent est suffisamment faible, on se voit bien lui faire prendre un petit bain pour le nettoyer du fioul dans lequel il baigne à moitié depuis 4 jours »

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