« La Solidaire ne fait rien comme les autres, elle est unique… » Ça, c’est Yannick Bestaven qui le dit. Si le skipper d’Aquarelle.com évoque les conditions météo inédites sur une transat, difficile de résister à la tentation de ne pas rebondir sur ses propos. La Transat France-Mexique est aussi celle que vivent 16 associations embarquées dans l’aventure qui, elles aussi, en ce 11ème jour de course, portent des défis à la mesure de cette traversée océanique sur fond de farouche compétition.

En tête, Action contre la Faim (Riechers-Lepesqueux) tire toujours pleinement profit de son décalage à l’ouest et de son potentiel de vitesse. Ce ténor de l’action humanitaire dans le monde creuse les écarts et ne traîne pas en si bon chemin. Pour autant, c’est sans compter avec la combativité de ses poursuivants immédiats qui progressent toujours très groupés, prêts à attraper toutes les opportunités qui voudront bien souffler dans leurs voiles. Toit à Moi et l’Adie (Bestaven-Drouglazet), qui œuvrent autant au niveau local pour les personne en situation de grande exclusion sociale qu’aux côtés des micro-entreprises, peuvent compter sur les ressources, l’expérience et le palmarès de leur duo de skippers, tout récemment auréolé d’une éclatante victoire sur la route du café, pour jouer des étraves jusqu’au bout. De quoi progresser aujourd’hui en embuscade, à 45 milles de la tête de flotte à la réputation internationale, et pouvoir encore prétendre à tous les honneurs sur cette transat qui n’a plus à faire la preuve de son niveau d’exigence.

Dans le peloton des associations
Même scénario pour 1 Maillot pour la vie (Rogues-Delesne) qui occupe la 3ème place du classement de ce vendredi après-midi. Barrée par deux jeunes marins aussi discrets que talentueux, l’association qui apporte, avec le soutien de champions et de sportifs de haut niveau, du sourire et de la bonne humeur aux enfants hospitalisés, a connu cette semaine l’ivresse et la satisfaction d’ouvrir la marche sur les grands espaces liquides. Quant à Mira Europe et Les Ecossolies (Amedeo-Tripon), elles connaissent un double plaisir : celui de la course rondement menée dans le peloton de tête, et d’une aventure océanique partagée avec le plus grand nombre à travers les vidéos et les écrits envoyés depuis le large par leurs deux marins reporters. Que leur mission soit dédiée à l’éducation de chiens pour des enfants et adolescents malvoyants, ou que leur travail consiste à promouvoir l’économie solidaire et sociale, ces deux associations, embarquées dans le même navire, vivent à plein régime une compétition qui reste très ouverte avec les quatre premiers bateaux réunis en 60 milles après 11 jours de course.

La combativité des Pompiers de l’Urgence

Sur l’eau, difficile aussi de ne pas souligner la persévérance et combativité des Pompiers de l’Urgence (Fournier-Caso), qui ont connu après une double escale pour réparer, puis remplacer, un safran défectueux, le pire d’une tempête qui circule très sud sur l’Atlantique. Qu’une sérieuse avarie ou que de rugueuses conditions météo s’en mêlent, ces spécialistes des catastrophes naturelles et humanitaires ont plus d’un tour dans leur cockpit pour courber l’échine et faire le dos rond. Après avoir été malmenés hier, ils peuvent compter sur le coup de frein que connaissent les premiers, dans des vents contraires mollissants, pour rattraper un peu de leur retard chiffré à 360 milles.

Bolivia Inti : au sud et au soleil évidemment !
Enfin, sur des chemins détournés, il est une association qui n’a pas fini de faire parler d’elle. Bolivia Inti – Sud Soleil (Parnaudeau-Jouandet) dévale en effet les latitudes pour attraper des alizés aux abonnés absents dans ses voiles. Fidèle à son engagement dans le développement de l’utilisation de la cuisson solaire en Amérique du Sud et la sensibilisation des populations du Nord à la réduction de leur empreinte écologique, elle tente, seule, sa chance sur la route du… soleil ! Preuve s’il en est qu’elle ne manque ni d’audace, ni d’originalité pour ne rien céder dans une compétition encore pleine de surprises, qui réserve autant d’opportunités pour toutes les associations de cette édition 2012 de faire parler d’elles.

Pépites du large

Yannick Bestaven (Aquarelle.com)
« Ca va très bien, on a fait un peu de ménage dans le bateau, on fait la lessive… Ce n’était pas évident depuis le début, car on était à fond et les conditions étaient très changeantes, mais depuis 24h, c’est mieux. Il fait grand beau, par contre le vent a bien molli. J’ai même pu plonger ce matin pour enlever les algues sous la quille. On va attaquer la 2ème partie de la transat. On préférerait être loin devant mais ce n’est pas le cas, en termes d’option météo, on n’a pas eu de grand choix depuis le départ mais on va vraisemblablement avoir un nouveau départ dans quelques jours. »

Tanguy de Lamotte (Initiatives-Alex Olivier)

« Tout va bien à bord, on commence à avoir l’impression d’avoir la jambe droite plus courte que la gauche à force d’être penchés comme ça. Le vent, s’est calmé et les vagues aussi, donc c’est moins rock n’ roll, mais toujours au près. On dort par tranche de 3h, c’est du bonheur, on fait des super rêves ! On a vu nos premiers poissons volants, trop heureux, c’est bon signe, on va dans le bon sens en fait… »

Stéphane Le Diraison (Agir Recouvrement-Bureau Veritas)
« Après quelques jours de course, alors que nous avions avalé le golfe de Gascogne à grands coups de surfs sauvages, puis longé le Portugal en glissant sous spi, nous nous réjouissions à bord de pouvoir traverser l’Atlantique uniquement au portant ! C’était sans compter une sorte de loi de l’équilibre qui impose son lot de vents contraires ! Et c’est tant mieux ! Cynisme, masochisme ? Non, nous admettons juste que les conditions sont délicates à gérer mais tout le monde est logé à la même enseigne et surtout le classement est loin d’être figé. Bien sûr nos amis de Mare ont pris une belle avance, mais il y a encore plusieurs transitions de systèmes météorologiques à négocier et autant d’opportunités de revenir dans le match… »

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