Au cœur de la dépression australe, 35 nœuds de vent, cinq mètres de creux. CAMPER garde son spi et passe Groupama qui, comme les autres, ralentit la cadence pour préserver son bateau. Qui, de ceux qui foncent ou de ceux qui freinent, atteindra le Cap Horn en premier, et en entier ?

Par 47°S et 147°W, la flotte a passé le point le plus ouest de la limite des glaces, qu’elle doit laisser sur tribord. Les forts vents de sud-ouest de la dépression vont souffler plusieurs jours. Jusqu’au Cap Horn, à 3 000 milles de distance. C’est glacé, c’est cahoteux, c’est bruyant. C’est dangereux.

Alors, que faire ? Aller vite afin d’arriver bien placé au cap pour la remontée finale vers le Brésil ? Ou freiner et assurer la survie du matériel et de l’équipage ?

« Pour le moment, on a le pied à fond sur l’accélérateur et on pousse fort, » répondait ce matin Chris Nicholson. Le skipper de CAMPER with Emirates Team New Zealand a pris la tête de la course en gardant son spi dans la grosse brise du sud.

« On est dans 35 à 40 nœuds de vent, » poursuit Nico, « et je pense qu’on est le seul bateau sous spi. On va essayer de le garder jusqu’à la tombée de la nuit puis on enverra un foc.

« C’est toujours la même vieille question : jusqu’où pousser ? La ligne est fine. »

Pour les Français, deuxièmes à une douzaine de milles à 13h UTC, la réponse est dans la modération.

« CAMPER vient effectivement de nous passer en restant sous grand gennaker, » raconte le barreur et régleur Phil Harmer, « mais on a tous nos moments forts. On est entre deux voiles, le choix est difficile : s’obstiner à garder une plus grande voile ou changer pour une plus petite. Après avoir gardé la grande voile d’avant pendant la nuit et une partie de la matinée, on a changé pour J4, le foc.

« C’est parfois frustrant parce qu’on est pas très rapides. Mais ce n’est pas un mauvais choix vu l’état de la mer et les bascules de vent. »

« Le seul moyen de préserver le bateau, » affirme un autre barreur et régleur du bateau français, Charles Caudrelier, « c’est de ralentir. On est loin d’aller aux vitesses où on pourrait être si la mer était correcte. On pourrait être à plus de 30 nœuds, on est plutôt entre 20 et 25. On réduit la toile et on préserve le bateau.

« C’est certainement la plus belle manche à gagner. Mais c’est aussi celle qui peut te faire perdre la Volvo Ocean Race. Si tu casses le bateau là … Il faut y faire attention. »

Troisième à 13h UTC, Team Telefónica est à une trentaine de milles du leader. PUMA Ocean Racing, quatrième, est à une cinquantaine de milles. Abu Dhabi Ocean Racing est cinquième à 480 milles, tentant d’éviter un anticyclone qui lui bloque la route.

TEAM SANYA

Quant à Team Sanya, l’équipage frappé hier par une avarie de safran tribord et d’une voie d’eau liée à la casse du safran, il se dirige désormais vers Tauranga, en Nouvelle-Zélande.

Selon l’équipe de Mike Sanderson, il lui faut quatre à cinq jours pour atteindre la terre ferme. Team Sanya continue à évaluer ses options pour revenir en course le plus vite possible – au plus tard pour la course In-Port de Miami.

Positions le 23 mars 2012 à 13h UTC :

  1. CAMPER with Emirates Team New Zealand à 5002,5 milles d’Itajaí
  2. Groupama sailing team à 11,7 milles du leader
  3. Team Telefónica à 30,7 milles du leader
  4. PUMA Ocean Racing à 52,6 milles du leader
  5. Abu Dhabi Ocean Racing à 479,8 milles du leader
  6. Team Sanya à 795,2 milles du leader / en route pour la Nouvelle-Zélande

Classement général provisoire après 9 manches : 4 étapes océaniques et 5 In-Port.

  1. Telefonica (Iker Martinez) : 1+30+6+29+2+27+6+20+1 = 122 points
  2. Groupama 4 (Franck Cammas) : 2+20+2+18+5+24+2+30+4 = 107 points
  3. Camper (Chris Nicholson) : 4+25+5+24+4+18+3+15+6 = 104 points
  4. Puma (Ken Read) : 5+0+4+19+3+17+5+25+5 = 83 points
  5. Abu Dhabi (Ian Walker) : 6+0+3+10+6+14+4+10+2 = 55 points
  6. Sanya (Mike Sanderson) : 3+0+1+5+2+5+1+5+3 = 25 points

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