Après 8 jours de mer, l’entrée dans le Pot au Noir et son cortège d’incertitudes se précisent pour les concurrents de la Volvo Ocean Race, quelles que soient les options choisies pour négocier la descente de l’Atlantique nord.

Après avoir été sous la menace pendant 4 jours de l’option Est de Cammas et de ses hommes qui ont un moment eu plus de 200 milles d’avance, les tenants de l’option Ouest, Puma en tête, connaissent enfin le répit et ont le sourire aux lèvres.
Le temps du doute est passé puisque, ce matin, Eole donnait clairement l’avantage à la gauche du plan d’eau, à 3 ou 4 jours de l’enroulement de l’unique marque de parcours de cette première étape ; l’archipel brésilien Fernando de Noronha, juge de paix à la sortie de l’Atlantique nord, et encore distant ce soir de près de 1 200 milles.
Plongeant plein sud à 16-18 noeuds, Ken Reed jubile d’être passé en tête de la flotte hier soir au pointage de 23h(Paris), tout en se rappelant que la position de leader n’est pas toujours la meilleure en milieu de partie. Souvenez-vous, « Messieurs les Anglais, tirez les premiers…. »
Ouvrir les hostilités peut être dangereux car PUMA va être le premier à taper contre le mur du Pot au Noir (nom peu scientifique, mais plus répandu que le ZCIT – zone de convergence intertropicale) située en ce moment vers le 7ème -8ème parallèle nord.
Regroupement des troupes possible pour le leader américain. Des heures de travail et de peine pour tenir la concurrence à distance anéanties dans un nouveau départ avec des poursuivants poussés par des alizées rétablis. Un mauvais rêve. Les cauchemars seront pour les mers du sud…
CAMPER se frotte les mains. Son équipage néo-zélandais, peu habitué à jouer les seconds rôles, est entrain de laver l’affront de s’être fait distancé pendant plusieurs jours. Tout cela à cause d’une hésitation peu après leur entrée en Atlantique. « On a longtemps cru qu’on pourrait descendre le long de la côte comme Groupama, a souligné Will Oxley, le navigateur de CAMPER. Puis trois modèles ont montré que ça ne marcherait pas – que les alizés s’effondreraient et qu’il valait mieux aller à l’ouest. Mardi matin tôt, on a donc décidé d’aller à l’ouest. »

L’équipage de Chris Nicholson a alors enduré plusieurs jours de pénitence, au près, en queue de peloton, derrière Telefónica et PUMA.
Les 3 « ouestistes » (on dit bien les Nordistes), devenus Sudiste à fond après leur empennage d’hier, seraient donc entrain de toucher le jackpot de leur option « marche ou crève » alors que les Français se la coulaient douce (mais efficace jusqu’à cette nuit) le long des côtes marocaines ?
Franck Cammas, dans un ITV radio hier soir, regardait la situation en face :  » Après 4 jours le long des côtes marocaines, on est entrain de recroiser vers les Iles du Cap Vert, vers des vents plus soutenus à l’ouest de l’archipel. Cette traversée (d’Est en Ouest) est assez difficile pour l’instant mais on savait que cela être le point critique de notre trajectoire. On voit que nos petits camarades qui avaient beaucoup investi dans l’ouest sont entrain de revenir, faisant cap au sud avec un front froid qui les poussent rapidement à plus de 20 nœuds. Malheureusement pour nous, ce front froid qui vient du nord est entrain tuer l’alizée dans lequel nous étions. Donc le croisement qu’on est entrain de faire n’est pas en notre faveur. Le bilan ne va pas être très positif. C’est évident. C’était un risque de notre option. On savait qu’à court terme c’était une bonne option, mais qu’à long terme, c’était plus aléatoire et ce n’est pas tombé en notre faveur.
« Pour Fernando, c’est encore difficile à dire car il y a pas mal de barrières météo à franchir d’ici là. Mais l’avantage est sûrement du côté des autres qui descendent sur l’archipel sur un bord direct, sans empanner. On va lutter pour éviter le maximum de perte, mais on pense que nous aurons une perte au-delà de 100… peut-être 200 milles à l’approche de Fernando. Bon d’ici-là, il peut se passer pas mal de chose. Il suffit de quelques nœuds de vent supplémentaires. Ou d’un angle de brise différent…»
Ce matin, au portant à plus de 20 noeuds, Oxley décrivait une « navigation rapide et furieuse » et restait philosophe : 

« En faisant route au sud, un nouvel anticyclone se déplace derrière nous. 
PUMA et Telefónica ont tous deux une très solide avance sur nous à présent. Notre unique objectif est de réduire autant que possible cet écart avant Fernando pour nous donner une chance de les dépasser dans l’Atlantique sud. Il y a encore beaucoup de route sur cette étape.
Selon Jean-Yves Bernot, consultant météo pour Telefonica, « le Pot au Noir n’est pas très actif en ce moment et devrait être rapidement franchi ». Camper ne devra donc pas trop compter sur lui pour avaler facilement les Américains et les Espagnols.

Positions à 14h (Paris)

  1. Puma Ocean Racing powered by BERG Propulsion – 16 nds – à 4 629 milles de Cape Town
  2. Team Telefonica – 17,8 nds – à 16 milles
  3. CAMPER avec Emirats Team New Zeland – 15,8 nds – à 136,5 milles
  4. Groupama sailing team – 12,8 nds – à 163,3 milles
    Abandon : Abu Dhabi Ocean Racing
    Abandon : team Sanya
    (* 1 mille nautique = 1,852 km)

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