Les Açores sont derrière et la flotte de la Solidaire du Chocolat, toujours relativement compacte, a passé la vitesse supérieure. 301 milles sur les dernières 24 heures : c’est le joli score inscrit au compteur d’Agir Recouvrement-Bureau Veritas qui vient, à la faveur d’un décalage au sud, de voler la vedette à Mare en première ligne du classement. Derrière ça pousse aussi à bord d’Aquarelle.com ou encore de Geodis. Une course de vitesse est engagée entre les équipages installés aux avant-postes, et sommés de ne rien céder pour gagner le moindre mille.

Voilà une semaine que la flotte a laissé Saint-Nazaire dans ses tableaux arrière et pas une seconde, pas une vague, n’a manqué d’intensité. Pour autant, si la compétition l’emporte, elle ne cède rien à la bonne humeur et au bonheur d’être sur l’eau. Depuis sept jours, les onze duos n’ont connu que des vents portants, ou presque. S’ils ont navigué quelques heures au près, c’était dans du petit temps. Difficile d’imaginer meilleur scénario pour la transat solidaire.

Les 6 premiers en 45 milles

Pour ne rien gâcher, la deuxième semaine de course débute à pleine vitesse…Des pointes à 17-18 nœuds et un speedo bloqué à deux chiffres, les équipages font parler l’écume. A ce petit jeu, les plus rompus à l’art de la glisse à plein régime, se régalent et savourent. Aux avant postes, on prend les mêmes et on recommence : derrière le duo d’Agir-Recouvrement-Bureau Veritas, où pointe, aux côtés de Stéphane Le Diraison, Adrien Hardy, vainqueur en 2009, le couple franco-allemand, formé par Jorg Riechers et Marc Lepesqueux, tire toujours le meilleur de son Mach40 flambant neuf. 4 petits milles séparent ces deux tandems au dernier classement, qui progressent néanmoins avec 100 milles de décalage Nord-Sud. C’est sans compter avec les deux redoutables compétiteurs d’Aquarelle.com (Bestaven-Drouglazet), les reporters du large de Geodis (Amedeo-Tripon) qui ne font pas que partager leur course, ou encore les complices de Jack in the Box (Le Claquin-Aglaor) qui font également leur lot d’étincelles à la barre d’un autre Mach40. Quant aux deux skippers venus tout droit du circuit Mini et qui disputent leur première transat en Class 40 à bord d’Eole Generation-GDF SUEZ, ils n’ont pas à rougir. Sébastien Rogues et Bertrand Delesne ne boudent évidemment pas leur plaisir de rester parfaitement dans le coup. Ces six premiers bateaux se tiennent en 45 milles : une goutte d’eau à l’échelle du parcours sur l’Atlantique et la mer des Caraïbes.

Chemins détournés et voiles déchirées

Et il y a tous les autres, ceux qui tentent leur chance sur des chemins détournés. Les indépendantistes du Nord d’abord, les locataires de Poèmes Bleus qui naviguent aussi bien qu’ils manipulent l’humour : avec plaisir et audace. Les Mat et Mat, Prochasson et Galland, ont certes laissé quelques plumes dans les dévents des Açores, mais les deux ingénieurs n’ont jusque-là pas manqué de réussite. Au classement, ils sont désormais suivis comme leur ombre par le double mixte de Looking for a sponsor (Criquioche-Renken) qui ne ménage pas sa peine pour tenir le rythme à bord d’un bateau d’ancienne génération. Même son de cloche pour les deux Ben, Parnaudeau et Jouandet de Transport Cohérence. A bord du doyen de la flotte, le N°17, ils plongent au sud quitte à concéder du terrain, 150 milles, sur une route réputée pour son soleil et ses alizés plus costauds. Des chemins qu’emprunte également le duo d’Initiatives-Alex Olivier, qui a malheureusement connu quelques déboires avec ses voiles. Un spi médium déchiré et un gennaker qui passe à l’eau quand la drisse lâche : Tanguy de Lamotte et Jean Galfione concèdent désormais 95 milles sur les premiers.

Welcome back !

Enfin, difficile aujourd’hui de ne pas saluer la combativité du tandem de Groupe Picoty, reparti cette nuit avec une escale technique éclaire aux Açores, la deuxième, pour remplacer un safran défectueux, par celui prêté… par Jean Galfione. Un joli geste de solidarité qui permet à ces deux sympathiques visages de la course de reprendre avec 300 milles de retard les chemins qui mènent au Mexique. Gageons que Jacques Fournier et Jean-Christophe Caso reprendront vite le fil de la compétition : les alizés sont encore, jusqu’à demain au moins, bien de la partie. De quoi leur donner des ailes… et du cœur à l’ouvrage !

Pépites du large

Adrien Hardy (Agir Recouvrement – Bureau Veritas) :

« Tout va très bien. On va rapidement vers le but, on commence à être un peu fatigué, parce que ça va vite, mais le match est hyper intéressant. Il y a 2 jours, on était bord à bord avec Aquarelle.com ; c’est quand même assez rare après une semaine de course. Nous nous sommes décalés dans le sud depuis hier pour avoir plus de vent, ça a l’air de marcher ! Le bateau est à 100% de son potentiel. Cette nuit, on a eu des conditions assez musclées, on se relaie donc à la barre et à l’intérieur, ça bouge sans arrêt. Hier, les conditions étaient un peu stressantes, mais on prend beaucoup de plaisir car le bateau accélère sans arrêt. »

Jacques Fournier (Groupe Picoty) : 

« Hier soir, en arrivant à Punto Delgada, on avait toute une flottille de dauphins qui sont venus nous accompagner. Ils semblaient enchantés de nous voir, on tapait sur la coque pour les faire revenir. On est arrivé à 21h40, et on avait une équipe qui nous attendait avec le matériel, et en une heure, ça a été réglé. L’occasion de constater que ça justifiait la réparation parce que le safran était en train de s’ouvrir par l’arrière. On était très déçu de devoir à nouveau s’arrêter après tant d’efforts pour remonter sur la flotte. C’est toujours difficile et décevant, mais la casse matérielle fait partie des courses. »

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