Et pendant ce temps-là, ils courent
Ils sont onze skippers encore en lice dans ce Vendée Globe, onze à remonter patiemment dans l’océan Atlantique. Guirec Soudée (Freelance.com) est le prochain attendu sur la ligne jeudi ou vendredi, avant le quatuor dominé par Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One) dans le weekend. Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group) qui ferme la marche pourrait boucler son tour du monde à la fin du mois. Au quotidien, tous luttent contre la fatigue qui ronge et les petits plaisirs de la terre qui manquent. État des lieux.
Guirec Soudée, l’aventurier
Le prochain attendu sur la ligne d’arrivée, c’est Guirec Soudée. Pourtant, le skipper de Freelance.com, un temps au coude-à-coude avec Conrad Colman dans l’Atlantique Sud, n’est pas épargné par les péripéties. Hier, son Jib Top est tombé à l’eau à cause d’une casse des systèmes de hook. « Je l’ai récupéré mais je n’ai plus de drisse de spi et le Fr0 est en vrac à l’avant, confie-t-il. Je me fais un peu traîner ! » Quoi qu’il en soit, Guirec tient bon même s’il faut prendre son mal en patience, tant le vent est rare. Lui qui n’a plus de nourriture sucrée ni de petit déjeuner, fait le point sur la situation :
Je dois être à l’extérieur en permanence, je ne peux pas me reposer. Vivement que je retrouve du vent ! Ça va bien, on se rapproche de la maison donc c’est cool. Les fichiers changent en permanence : je croyais rentrer mercredi, puis jeudi, vendredi… J’espère que samedi ça va le faire ! Jusqu’à l’arrivée, je vais avoir du près dans du vent assez soutenu et avec une grosse houle de travers. Ce n’est pas le plus confortable mais je suis toujours heureux en mer !
Guirec Soudée
FREELANCE.COMLe quatre à la suite
À 600 milles de là, ils sont quatre à contourner les Açores par l’Ouest. Un groupe mené par Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 24e) qui devance trois bateaux à dérives droites : Violette Dorange (Devenir, 25e), Louis Duc (Fives Group Lantana Environnement, 26e) et Sébastien Marsset (Foussier, 27e). Le skipper japonais, qui n’a pas été épargné ces dernières semaines par les conditions, revient sur les enjeux des prochains jours :Ça fait plusieurs jours que les routages me font arriver dans six jours. On doit contourner l’anticyclone par le Nord et le vent est très faible à l’arrivée mais j’espère pouvoir arriver ce weekend. Je suis un peu déçu de ne pas être plus devant dans la course. On n’a pas pu profiter de vent favorable, la remontée depuis le cap Horn est très difficile et c’est forcément frustrant. Mais j’ai très envie de rentrer, voir des espaces verts, manger des aliments frais et jouer au golf !
Kojiro Shiraishi
DMG MORI Global One
D’après Christian Dumard, consultant météo du Vendée Globe, la suite s’annonce assez engagée avec « beaucoup de transitions à suivre ». Des conditions qui pourraient retarder un peu leur arrivée en fin de weekend ou en début de semaine prochaine. Violette Dorange assure qu’elle fait tout pour rester concentrée sur la course :
Ces derniers jours, on était dans une phase de transition entre les alizés et les dépressions de l’Atlantique Nord. En matière de stratégie, c’est assez compliqué parce que le vent est plutôt instable. Il peut encore se passer pas mal de choses ! Je vais profiter de ces derniers instants. Pour l’instant, j’essaie de pas trop penser à l’arrivée même si j’ai très envie de revoir mes proches. Et je sais que ce sera un moment magique et très émouvant.
Violette Dorange
DeVenir
Violette a également tenu à évoquer l’abandon d’Arnaud Boissières qui progressait à ses côtés depuis si longtemps dans ce tour du monde. « C’est quelqu’un qui prend toujours soin de ses bateaux, j’ai été très triste pour lui, confie-t-elle. J’ai beaucoup pensé à lui ». ‘Cali’ continue d’avancer vers l’Ouest : il pointe désormais à un peu plus de 800 milles des Antilles qu’il espère vite rallier.
Derrière, ils ne lâchent rien
De son côté, Antoine Cornic (Human Immobilier, 28e) hésite encore sur sa façon d’aborder la suite, s’il passera à l’Ouest ou à l’Est des Açores. Hors course, Éric Bellion (Stand As One) devrait quant à lui passer au Sud de la dépression qui se creuse sur sa route. Le weekend dernier, Oliver Heer (Tut Gut., 30e) et Jingkun Xu (Singchain Team Haikou, 31e) ont franchi l’équateur. Ils progressent actuellement dans des alizés de « 20 à 25 nœuds » d’après Christian Dumard.
Par ailleurs, trois autres skippers poursuivent la longue remontée dans l’Atlantique Sud. Il s’agit de Manuel Cousin (Coup de Pouce, 32e), Fabrice Amedeo (Nexans Wewise, 33e) et Denis Van Weynbergh (D’Ieteren Group, 34e). Depuis le cap Horn, ils avancent au près, ont été bloqués par l’anticyclone de Sainte-Hélène pendant plusieurs jours et bénéficient depuis peu des alizés. « Manu » s’est réjoui d’être sorti enfin « des griffes de l’anticyclone ». Il explique :
C’est une remontée de l’Atlantique Sud au piolet. Le fait de pouvoir bénéficier des alizés, c’est une vraie libération ! Normalement, j’ai du vent modéré et de travers jusqu’au nord du Brésil et le passage du Pot-au-Noir. Pour l’instant, on n’a pas été gâté. Ça commence à être long, j’ai vraiment hâte de revenir aux Sables d’Olonne. Ici, tout commence à manquer : mes proches, mes amis bien sûr et tout le confort de la terre, du frais à manger, de bonnes douches…
Manuel Cousin
Coup de Pouce