Justine Mettraux, navigatrice suisse, a marqué l’histoire ce samedi en devenant la première femme et la première skipper non française à terminer le Vendée Globe 2024-2025, se classant en huitième position. À peine 25 minutes après Justine Mettraux, le Britannique Sam Goodchild a franchi la ligne en neuvième position, devenant ainsi le deuxième skipper non-français à achever cette course mythique.

Le même jour, quatre skippers français ont également bouclé l’épreuve. Jérémie Beyou (Charal) a mené ce groupe en se classant quatrième, suivi de Paul Meilhat (Biotherm) à la cinquième place, Nico Lunven (Holcim-PRB) en sixième et Thomas Ruyant (Vulnerable) en septième position.

À bord de TeamWork-Team SNEF, anciennement Charal 1, Justine Mettraux, originaire du lac Léman, a affiché une régularité et une détermination exemplaires tout au long de ce Vendée Globe. Toujours présente dans le peloton de tête ou à ses abords, elle s’est distinguée par une navigation maîtrisée et méthodique.

La navigatrice a bouclé les 28 101,6 milles du parcours en 76 jours, une heure et 36 minutes, à une vitesse moyenne de 15,4 nœuds. Elle termine avec un écart de 11 jours, six heures et 14 minutes sur le vainqueur de cette édition, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance).

Dans les derniers jours de course, marqués par des conditions de navigation exigeantes, la Suissesse a fait preuve d’une combativité impressionnante. Elle a réussi à tenir tête à Sam Goodchild, son plus proche poursuivant, avec sa grand-voile déchirée, un incident similaire à celui rencontré par le Britannique quelques jours auparavant.

Justine Mettraux : « Le Vendée Globe est exigeant, mais quelle satisfaction de terminer »

« Le Vendée Globe est une course exigeante », a confié Justine Mettraux à son arrivée. « À un moment, vous ne savez même plus vraiment ce que vous faites. Mais c’est une immense satisfaction d’avoir réussi à ramener le bateau, et de l’avoir fait avec une équipe incroyable. »

Résumé de son aventure, la navigatrice suisse a déclaré : « Je pense que j’ai beaucoup profité – la descente de l’Atlantique et l’océan Austral étaient incroyables. J’étais assez à l’aise. En revanche, le retour, la remontée de l’Atlantique, a été bien plus difficile jusqu’à la ligne d’arrivée. Même aujourd’hui, c’était une vraie bataille pour finir. »

Mettraux s’est également dite fière de faire partie des six femmes engagées dans cette édition. Si la Britannique Pip Hare (Medallia) a dû abandonner après un démâtage près de l’Australie, quatre autres navigatrices sont toujours en course. En tête, la Française Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence) vise une 11ème place, suivie par la Britannique Sam Davies (Initiatives-Cœur), actuellement 13ème.

« Je pense que c’est la première fois qu’on voit autant de projets féminins compétitifs sur le Vendée Globe », a souligné Mettraux. « Sam et Clarisse ont livré un beau combat, et j’espère que cette forte présence féminine continuera à se développer dans les prochaines éditions. »

Sam Goodchild : un parcours exemplaire malgré les défis

À bord de Vulnerable, ex-LinkedOut, le Britannique Sam Goodchild a lui aussi impressionné. Bien que son bateau ne soit pas de dernière génération, il a longtemps navigué dans le top six. Il a même mené la flotte par moments sur la descente de l’Atlantique, avant de perdre du terrain dans l’océan Austral.

Après le passage du cap Horn, Goodchild a regagné des places et semblait en mesure de décrocher une quatrième ou cinquième position, rivalisant avec Jérémie Beyou. Mais à une semaine de l’arrivée, alors qu’il passait au Sud des Açores, sa grand-voile s’est déchirée en deux. Il a réussi à effectuer une réparation de fortune pour finir, mais cela lui a coûté plusieurs places au classement. Malgré ces défis, sa performance reste remarquable.

Sam Goodchild : « Le Vendée Globe a défini qui je suis »

Le skipper de 35 ans, originaire de Falmouth, en Cornouailles, était ravi d’avoir terminé la course dès sa première participation et d’avoir réussi à se classer dans le top 10 d’une épreuve qui, selon lui, a défini qui il est aujourd’hui.

« (Finir neuvième), c’est un peu dommage parce que je visais le top 5 », a-t-il déclaré lors de sa conférence de presse d’après-course. « Mais je dois prendre du recul, car l’objectif est accompli. Je rêve de faire le Vendée Globe depuis 20 ans. Toute ma vie tourne autour de cette course. Je suis venu en France, et ma famille est française », a ajouté le skipper britannique, marié à une Française et père de deux jeunes filles.

« Il y a toujours eu un fil rouge dans ma vie qui est lié au Vendée Globe. Je suis devenu qui je suis parce que je voulais faire cette course. C’est assez fou. »

Il a également résumé son approche résolument tenace pour une course qu’il semble avoir affrontée avec calme, tout en naviguant de manière engagée et en communiquant activement tout au long de l’épreuve.

« Oui, il y a eu des moments difficiles. Mais craquer, ce n’est pas mon style. Je ne me plaindrai jamais, car c’est pour moi un immense privilège de faire le Vendée Globe sur ces bateaux. C’est impossible pour moi de me plaindre. L’objectif était de m’amuser et de passer de bons moments en mer. Donc, à chaque fois que c’était difficile, je me rappelais que j’avais travaillé pendant longtemps pour cette course, et que je devais en profiter », a déclaré Goodchild.

La principale difficulté rencontrée par Goodchild a été l’enchaînement technique. « Réussir à arbitrer quand ralentir ou pousser le bateau, pour s’arrêter et effectuer des réparations. C’était un casse-tête permanent. Par exemple, j’ai hésité sur le moment où monter au mât, et sur quand le faire. On se remet toujours en question. J’ai trouvé cette prise de décision technique difficile pendant ces trois mois », a-t-il ajouté.

Justine Mettraux : un apprentissage en solitaire

Justine Mettraux, habituée des navigations en équipage, a décrit ce tour du monde en solitaire comme une expérience marquante et riche en enseignements. « Je ne sais pas si je reviens transformée, mais passer autant de temps en mer est très enrichissant », a-t-elle confié.

Elle a également souligné les progrès qu’elle a réalisés au fil des 76 jours de course : « J’ai encore progressé sur le bateau, en stratégie et en bricolage », a-t-elle ajouté en riant.

« Ce qui rend notre sport si unique, c’est qu’on apprend en permanence. L’expérience est vraiment déterminante. Je sais que je fais ce sport parce qu’il m’offre l’opportunité de continuer à progresser et à apprendre chaque jour », a conclu la navigatrice suisse avec conviction.

CLASSEMENT 🏆
1 – Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance) I 64j 19h 22m 49s
2- Yoann Richomme (Paprec Arkéa) I 65j 18h 10m 02s
3- Sébastien Simon (Groupe Dubreuil) I 67j 12h 25m 37s
4- Jérémie Beyou (Charal) I 74j 12h 56m 54s
5- Paul Meilhat (Biotherm) I 74j 22h 38m 15s
6- Nicolas Lunven (Holcim-PRB) I 75j 7h 49m 41s
7- Thomas Ruyant (Vulnerable) I 75j 16h 47m 27s
8- Justine Mettraux (TeamWork-Team SNEF) I 76j 1h 36m 52s
9- Sam Goodchild (Vulnerable) I 76j 02h 01min 45s

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