Le skipper vendéen a réalisé un des plus grands exploits de cette dixième édition. Moins de deux ans après avoir lancé son projet, moins d’un an après s’être fracturé une vertèbre, il a fait partie des grands acteurs de la course. Auteur du record de vitesse en 24 heures en solitaire, seul à suivre Charlie Dalin dans la terrible dépression de l’océan Indien, Sébastien a réussi à conserver sa 3e place en étant privé de son foil tribord depuis début décembre. Retour sur la course incroyable de l’enfant du pays.

La scène se déroule dimanche dernier, une éternité à l’échelle du Vendée Globe. C’était avant le triomphe de Charlie Dalin, avant l’arrivée de Yoann Richomme, au moment où toute la flotte est encore sur l’eau. Sébastien Simon vient de se réveiller et répond à sa dernière vacation. Il se pose contre le cockpit alors qu’un lever de soleil éblouit l’habitacle. Le marin parle alors d’un « petit souci de démarreur » et s’amuse de vite l’avoir résolu. « L’esprit du Vendée Globe m’a accordé une journée en plus ». Et puis il esquisse un premier bilan : « je suis vraiment fier de ce qu’on est en train de réaliser. Tout est passé à une vitesse folle. Je me rappelle du départ comme si c’était hier, j’ai l’impression de m’être téléporté ici ». Et puis il balance en vrac des mots sur toutes ses aventures : « il y a eu beaucoup de sacrifices, beaucoup d’envie, beaucoup d’énergie ».

Tout de suite dans le coup
Avant de s’y élancer, il a fallu apprivoiser tous ces défis aux allures de vertiges. Le vertige d’avoir monté un projet en moins de deux ans, depuis que Paul-Henri Dubreuil lui a proposé cette aventure. Le vertige d’être aux commandes de son IMOCA au départ du Vendée Globe alors que onze mois plus tôt, il s’était déplacé une vertèbre et avait démâté en course. Le vertige de participer à cette compétition qu’il aime tant, qu’il a quittée précipitamment en 2020 alors qu’il occupait la 4e place. Il a 34 ans, le Vendée Globe en a 35, il connaît les pontons et le chenal par cœur, sait à quel point « le départ prend aux tripes ».

Pourtant, ça n’empêche pas Sébastien de rentrer rapidement dans sa course. Au lendemain du départ, il prend pour la première fois la première place. Fin novembre, “Seb” pulvérise le record de vitesse des 24 heures (615,33 milles soit 1139,6 km) en solitaire en monocoque, une performance qui tiendra tout au long du Vendée Globe. Après une option audacieuse dans la descente de l’Atlantique, il parvient à accrocher la dépression qui propulse la tête de course du large du Brésil jusqu’au cap de Bonne Espérance.

Dans les mers du Sud, une leçon de ténacité
Mais la performance la plus impressionnante a lieu un peu plus tard, quand une forte dépression se forme dans l’océan Indien. Les conditions sont dantesques, des rafales à plus de 60 nœuds, des creux de 10 mètres. Tous décident de se détourner vers le Nord pour éviter le « gros » de la dépression. Tous, sauf Charlie Dalin et Sébastien Simon. Une mission périlleuse, des heures à tenir et à trembler avant d’être récompensé et de créer un premier écart avec leurs poursuivants.

Pourtant, pas le temps de savourer : le 8 décembre, le foil tribord de Groupe Dubreuil se casse. Sébastien sait ce que cela implique. Il va perdre « aux alentours de 30% de vitesse sur bâbord amure ». C’est une autre course qui commence mais Sébastien ne se décourage pas. Encore mieux, neuf jours après son avarie, il s’offre même un temps les commandes de la course. Dans les open space, on parlerait de « résilience ». Au cœur de l’océan Pacifique, on préfère les termes de courage et de ténacité. Ensuite, le Vendéen aura quelques états d’âme, la solitude qui pèse, la difficulté de passer la fin d’année seul et loin des siens. Ça ne l’empêche pas d’affronter des conditions très toniques à l’abord du cap Horn. Il le franchit au lendemain de Charlie Dalin et savoure : « jamais je n’aurais imaginé être 3e au cap Horn ! »

Ensuite, il a fallu tenir parce que rien n’est facile avec la répétition des efforts, l’usure et la fatigue. Le 1er janvier, ‘Seb’ est obligé de monter au mât pour des problèmes d’aérien. Les jours passent et le marin de Groupe Dubreuil consolide chaque jour un peu plus son avance sur ses poursuivants, relégués bientôt à près de 2000 milles. En se rapprochant de l’arrivée, le skipper du pays a pu se préparer aux retrouvailles avec ses proches, à l’explosion d’émotions, à l’effervescence du chenal. Il pourra enfin profiter du bonheur simple d’avoir dépassé son objectif. Et de faire désormais partie de la grande histoire du feuilleton qui l’anime depuis sa tendre enfance.

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