Charlie Dalin est sur la route du retour. Mais pas d’inquiétude, le skipper de MACIF Santé Prévoyance a simplement franchi ce matin la barre symbolique de la mi-course. Lui et ses deux acolytes, Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 2e) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 3e) filent désormais dans les eaux bleues de l’Océan Pacifique sous un soleil réconfortant. Pendant ce temps, les poursuivants allant de Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) à Clarisse Crémer (L’Occitane en Provence, 13e) vont se regrouper et devront s’armer de patience face à la dorsale qui leur barre la route. Pour le reste des troupes, les conditions les plus virulentes concernent Damien Seguin (Groupe APICIL, 17e) et seront au programme de la nuit de la lanterne rouge, Szabolcs Weöres (New Europe) qui est sur le point d’entrer dans l’Indien.

En mer, il ne faut pas seulement composer avec les caprices du temps, les aléas de la mécanique et l’effet insidieux de la fatigue. Chacun doit aussi prendre en compte ce que font les autres et accepter que certains s’échappent, soient plus en réussite et plus à la fête. Car l’état des lieux le confirme : il n’y a pas que les joueurs de Virtual Regatta qui aimeraient être à la place des trois premiers, Charlie Dalin (MACIF Santé Prévoyance, 1er), Sébastien Simon (Groupe Dubreuil, 2e) et Yoann Richomme (PAPREC ARKÉA, 3e) qui creusent l’écart encore et encore. Leur seule “besogne”, et pas des moindres, tricoter le long de la ZEA (zone d’exclusion Antarctique), c’est dire s’ils ont déjà connu bien pire. On notera au passage deux données statistiques de plus : Charlie Dalin, ‘lider maximo’, a dépassé les 50 % du parcours et il est le premier à avoir passé la latitude de la Tasmanie ce vendredi.

Une dorsale pour le weekend
Derrière en revanche, ça cravache sec et ça s’agace de voir que la météo n’est pas aussi favorable. Tous voient apparaître sur la cartographie une grande zone sans vent qui s’agrandit et leur bloque la route. Une satanée dorsale qui engendre surtout un regroupement général. Thomas Ruyant (VULNERABLE, 4e) est le premier à en pâtir suivi de tous ses poursuivants jusqu’à Clarisse Cremer (L’Occitane en Provence, 13e). Pourtant, il en faut plus pour ébranler le caractère zen de Nicolas Lunven (Holcim-PRB), 6e), un des premiers à être ralenti :

« La zone de pétole se développe dans notre Sud et une autre arrive derrière. L’idée, c’est d’essayer de se placer au mieux mais ce n’est pas simple. Si tu fais du Nord, il faut la retraverser… On regarde l’évolution de la situation avec attention. Elle devrait nous occuper tout le weekend et nous embêter jusqu’au Sud de la Tasmanie. Après, ce n’est pas frustrant, il ne faut pas s’arrêter à ça, on sait que la route est encore longue ! »

Nicolas Lunven
HOLCIM – PRB

D’après Basile Rochut, consultant météo de la course, « le “gros” de la dorsale devrait avoir lieu de samedi à dimanche et ils seront tous très ralentis ». Sam Goodchild (VULNERABLE, 7e), Yannick Bestaven (Maitre Coq IV, 8e), Paul Meilhat (Biotherm, 9e) devraient être rejoints par Boris Herrmann (Malizia-Seaexplorer, 10e) et ses drôles de dames, Justine Mettraux (Teamwork-Team Snef, 11e), Samantha Davies (Initiatives Cœur, 12e) et Clarisse Cremer (L’Occitane en Provence, 13e).

La bonne nouvelle pour tout ce groupe, c’est que « l’après-dorsale » s’annonce un peu moins pénible que prévu car derrière, une dépression se creuse et engendrera progressivement du vent fort, idéal pour revenir sur le trio de tête. « Ça va faire l’élastique… Il va y avoir du match », promet Basile Rochut. « Le vent de Nord qu’on devrait retoucher va nous propulser quasiment jusqu’à un bon tiers du Pacifique, ça peut faire un bon run de vitesse », corrobore Nicolas Lunven.

« On a tous nos petits soucis »
Et parce que la nature fait bien les choses, cette dépression qui se creusera à nouveau, c’est celle qui a balayé tout l’arrière de la flotte depuis le début de la semaine. Après avoir concerné le groupe mené par Jean Le Cam (Tout commence en Finistère – Armor-lux, 18e), Isabelle Joschke (MACSF, 19e) et Alan Roura (Hublot, 20e), elle rattrape Damien Seguin (Groupe APICIL, 17e) avec un état de mer conséquent (7 à 8 mètres) et des conditions dantesques qui l’ont empêché de répondre aux vacations ce matin.

Derrière, tous ont résisté au passage de cette fameuse dépression et s’attachent tant bien que mal à bricoler pour en effacer les séquelles. Guirec Soudée (Freelance.com, 30e) est en approche des Kerguelen pour monter au mât suite à son problème de J2 et de drisse. « Il essaie de s’abriter au mieux du vent et de la mer, il pourrait aller plutôt sur la face Nord-Est de l’île », explique-t-on à la Direction de Course. Louis Duc (Fives Group – Lantana Environnement, 24e), de son côté, attend une accalmie pour réparer une voile qui est « en chantier ». Lui aussi connaît bien les tracas de l’Indien :

« On échange pas mal avec Guirec (Soudée) et j’ai eu Tanguy (Le Turquais, Lazare, 21e) ce matin aussi. On a tous eu nos petits soucis ces derniers jours, c’est pour ça que j’essaie de ne pas aller trop vite pour essayer de préserver le matériel ».

Louis Duc
Fives Group – Lantana Environnement

De son côté, Antoine Cornic (Human Immobilier, 32e), qui dispose seulement d’une voile d’avant et compose avec son rail de grand-voile cassé, continue de faire route vers les îles Saint-Paul et Amsterdam. Derrière, Oliver Heer (Tut gut., 31e) et Kojiro Shiraishi (DMG Mori Global One, 33e) devraient faire face à une dépression secondaire d’ici la fin du weekend.

Ainsi donc, la météo, qu’elle soit trop calme ou trop virulente, n’épargne personne. Même la lanterne rouge, Szabolcs Weöres (New Europe, 38e), le constate dans l’Atlantique Sud. Dès cette nuit, le vent va forcir et la mer s’agiter un peu plus dans son sillage, le propulsant dans l’océan Indien où cavalent tous ses camarades.

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