Ce lundi matin ouvre une nouvelle page de la course. Le passage des Açores est désormais loin dans les sillages de la tête de flotte qui a franchi le barre de la mi-course aujourd’hui. Dans un timing parfait, l’épisode 2 de la Niji40 débute ce lundi, à l’aune d’une première semaine de course qui a tenu toutes ses promesses. D’après les dernières estimations, les premiers sont attendus dans une semaine tout pile, dans la journée du 22 avril, à Marie-Galante.

Et ce lundi débute fort, à commencer pour Acrobatica, qui a franchi en début de matinée la barre des 1700 milles théoriques restant à parcourir pour rejoindre l’arrivée. Depuis la nuit dernière Alberto Riva et son équipage ont visiblement passé la surmultipliée. En témoignent les 410 milles parcourus sur les dernières 24 heures en début d’après-midi. Le trio italiano-français continue d’exploiter au maximum les vents portants générés à la lisière du centre dépressionnaire qu’il laisse aujourd’hui dans son sillage. Avec des vitesses moyennes de l’ordre de 20 nœuds, contre 18 ou 16 pour ses poursuivants immédiats, le trio de tête entame cette deuxième moitié de course à plein régime dans des conditions qui s’améliorent.

Du mieux à l’entame de l’épisode 2

Des vents moins soutenus sur une mer assagie sont plutôt les bienvenus ce lundi. « On va pouvoir se reposer un peu plus, faire sécher les affaires, enlever les cirés, ranger le bateau… On était un peu comme des animaux en cage durant 36 heures », indique Kéni Piperol. En 4è position, à 150 milles du leader, il fête ses 28 ans aujourd’hui, et ne pouvait pas imaginer plus beau cadeau que celui de débuter ce deuxième round océanique, dans de bonnes dispositions : soulagé d’avoir passé le plus dur et d’attaque pour la suite. « On a passé une grosse étape. C’est déjà un soulagement pour le matériel » complète le skipper de Captain Alternance.

« Les conditions s’améliorent rapidement pour le groupe de tête qui navigue dans des vents de nord, nord-est, qui vont mollir progressivement dans la journée », confirme Christian Dumard, consultant météo de la course, qui souligne la nouvelle scission qui s’opère dans le sud-ouest des Açores entre les méridionaux du parquet du nord, et les plus septentrionaux d’entre eux.

Cet après-midi, 210 milles d’écart latéral séparent les quatre premiers bateaux, qui ont tiré les meilleurs bénéfices de l’épisode de gros temps du week-end, de ceux qui ont persévéré dans l’ouest. « Dans les conditions dégradées qu’on rencontre, on ne peut pas tenir les vitesses maximum du bateau (…) La course ne se joue pas seulement sur la performance pure. Cela se joue aussi sur la gestion du matériel, et de l’humain » témoigne de son côté Damien Fleury, à bord d’E.Leclerc Ville-la-Grand, décalé au nord. En 7e position, il se félicite pourtant de la suite du programme qui l’attend avec une météo plus conciliante en direction de Marie-Galante : « sur la première semaine de course, on a quand même vécu des coups de vent assez durs, des phases de transition, du portant assez fort des manœuvres compliquées. Là, ça va être plus sympa » convient le co-équipier de Jean-Philippe Saliou, aux yeux duquel la course est loin d’être terminée.

“On n’a pas baissé les bras”

Une conviction que partagent largement les équipages des deux bateaux qui progressent dans un tout environnement au large des côtes marocaines. « Cela reste assez mou, et c’est bien notre problème des prochains jours, cela risque de durer un peu avant de parvenir à se glisser dans les alizés, entre le Cap Vert et les Antilles. On accumule du retard depuis quelques jours, qui devient plus difficile à rattraper (…) Mais on n’a pas baissé les bras, et on va continuer de tout donner jusqu’au bout. Nos copains du nord, qui ont beaucoup d’avance, vont rencontrer des conditions plus compliquées ; un peu de près, pas mal de petit temps. Tout espoir n’est pas perdu… », assure Erwan Le Draoulec, le skipper d’Everial.

Ce lundi, notons que deux bateaux sont arrivés en escale aux Açores. Si le trio d’Interaction, qui a rejoint Santa Maria dans la matinée, espère vite repartir en course, Bertrand Guillonneau, skipper de Tohu-Bohu ne cache pas sa déception de devoir abandonner en raison de l’ampleur des dégâts subis, la nuit dernière, à bord de son bateau. « C’était une course conservatrice mais engagée on naviguait tous les trois avec le groupe, on avait super envie de rejoindre les petits camarades. On a pris cette décision par manque de capacité pour jouer. Et si on n’a pas de jeu, on n’a pas de plaisir. On était sur la bonne longueur d’onde avec Arthur Peugeot et Nicolas Boidevezi et on ne faisait pas trop de bêtises, je suis surpris de ces soucis techniques et très très déçu », commente Bertrand Guillonneau ».

Les sons du large

Kéni Piperol (Captain Alternance) : « À trois à bord, c’est comme, c’est un format que je connais moins car j’ai fait beaucoup de solitaire sur la Mini la Route du Rhum. Avec Thomas (Jourdren) on s’entendait bien, on savait qu’on n’aurait pas de problème d’ego ou de quoique ce soit à bord. On ne se prend pas la tête, on rigole bien dans les moments cool, comme dans les plus difficiles. On essaye de tirer le positif de la situation. Pour mon anniversaire, j’ai un cadeau dans mon sac, que je vais ouvrir tout à l’heure. Mais sinon, cette journée débute comme un lundi au milieu de l’Atlantique, on est au boulot. »

Damien Fleury (E.Leclerc.Ville-la-Grand) : « On est en bonne posture, mais on sait qu’on n’est est pas à l’abri de casser quelque chose, même si on espère pouvoir continuer comme ça. On a su lever le pied pour préserver le bateau qu’on connaît relativement peu. On met peut-être le curseur un peu moins haut que les autres, mais on essaie de se maintenir pour profiter. On a fait le plus dur de boulot…Et d’ici peu de temps, on va pouvoir renvoyer de la bâche et accélérer. »

Corentin Horeau (Everial) : « Moralement, c’est nickel. À bord, on est tous conscients de suivre une option extrême. Cela ne sert à rien de se démoraliser pour l’instant , la route est difficile pour eux aussi dans le nord. Ils sont très rapides, mais il reste encore 7 et 10 jours donc il peut se passer plein de choses. On découvre le format à trois. Là, contrairement au solitaire ou au double, on est tout le temps avec quelqu’un à côté ; on discute de tout et de rien, c’est vraiment sympa. Pour l’instant, si on ne prend pas le plafond en compte, c’est une belle transat qui se déroule pour nous. C’est un format qu’il faudra retenir pour les prochaines années… »

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