Vol au-dessus d’un nid de coucou

Ciel bleu, eau plate, air tempéré et une légère brise qui dépassait à peine les 8 nœuds ont fait de l’après-midi de samedi à Barcelone une perspective délicate pour la poursuite de la mise en service de BoatOne par Alinghi Red Bull Racing. Dans des conditions qui auraient été inatteignables en ‘BoatZero’, ils ont fait de leur mieux avec l’AC75 qu’ils ont surnommé en interne la ‘Batmobile’ et qui semble avoir toute la puissance de feu de sa création comique.

Léger, agile et très réactif, Alinghi Red Bull Racing a été remorqué dans les environs immédiats du port, à la recherche de lignes de brise et lorsqu’elles sont apparues, le vol a été facile avec un cadran face au vent et le bateau s’est hissé sur ses grands foils, restant en l’air pendant de longues périodes au cours de la session de trois heures. Une observation s’impose : le bateau a l’air d’avoir l’étrave basse en vol, alors que chez les Italiens et les Kiwis, le profil de l’étrave effleure à peine l’eau. Le bouchain a été mis en évidence aujourd’hui et semble être un ajout logique pour le profil de navigation. Il sera intéressant de voir comment il évolue dans le vent et l’état de la mer.

Adolfo Carrau, le coordinateur de la conception qui a si bien assuré l’interface entre les marins et le bureau d’études, a ensuite donné son avis sur les étapes que l’équipe est en train de franchir : « Nous sommes très heureux, très fiers aussi, c’était un énorme travail d’équipe et maintenant nous sommes à la mise en service, c’est aussi agréable d’arriver à ce stade de la campagne ».

Interrogé sur l’étendue du cahier des charges, Adolfo a ajouté : « Nous sommes ici depuis deux ans, nous sommes donc venus ici pour découvrir quelles sont les conditions typiques de Barcelone et la réponse est que l’on peut trouver un peu de tout ici à Barcelone, donc le cahier des charges était assez large, bien que l’état de la mer soit un classique, mais l’état de la mer n’est jamais le même, L’angle de la direction des vagues, la période et la hauteur changent toujours, et puis cela dépend si vous avez une brise de mer ou si vous avez une sorte de système de pression qui arrive, le vent change beaucoup, donc nous avons dû prendre en compte une grande variété de conditions et cela a rendu la conception un peu plus délicate mais aussi plus intéressante pour nous. »

Voir  » BoatOne  » voler dans des conditions marginales a fait sourire Adolfo qui a commenté : « C’est la première fois que nous volons dans ce genre de conditions parce que nous ne pouvions pas le faire avec ‘BoatZero’. C’est pourquoi c’était une journée intéressante pour nous, en tant qu’équipe, d’apprendre ce que cela signifie et c’est pourquoi, au cours de la journée, je pense que nous nous sommes un peu améliorés et qu’il y a encore une énorme marge de progression. La grande question concernant les bosses sur l’étrave et la possibilité qu’elles provoquent un effet Venturi a été catégoriquement rejetée par Adolfo : « Non : « Il s’agit d’une caractéristique aéro que nous jugeons intéressante et nous avons pratiquement optimisé chaque millimètre de ce bateau, donc c’est une autre optimisation que nous avons faite.

Les Suisses prévoient un gros bloc d’entraînement la semaine prochaine et nous espérons commencer à voir s’allumer les postcombustions de cette conception fascinante et finalement radicale pour ce cycle de la Coupe.

L’équipe de Luna Rossa Prada Pirelli a quitté le port tôt en Sardaigne dans l’espoir de profiter des petits airs du matin pour commencer à travailler sur le nouveau bateau et passer à la phase de mise en service. Cependant, Mère Nature avait d’autres plans et le mistral a explosé plus vite que prévu, obligeant l’équipe à descendre à la petite voile d’avant J4.

Une très courte course au foil a été brusquement interrompue après moins d’une minute, après que les Italiens aient cassé un composant à bord, ce qui a créé un  » effet boule de neige de probéèmes  » selon Francesco Bruni, le barreur, qui a déclaré :  » « Aujourd’hui, nous nous sommes un peu battus avec la météo, nous savions que la brise allait se lever, elle est arrivée un peu plus tôt que ce que nous attendions, et nous avions prévu de sortir tôt le matin pour attraper la brise plus légère, mais la brise est arrivée plus tôt. Malheureusement, nous avons cassé une petite pièce du bateau qui a créé une boule de neige de problèmes et nous avons dû arrêter la journée pour la réparer pour le lendemain, mais c’est la vie, nous savions que lorsque vous mettez en service un nouveau bateau, vous devez faire face à ces choses.

Interrogé sur les sensations du bateau, Cecco a ajouté : « Je suis assez surpris par le bateau, par sa facilité de décollage et j’ai évidemment hâte de pousser le bateau et de faire quelques manœuvres de foils, malheureusement nous n’en avons pas encore eu l’occasion mais pour l’instant le bateau se sent très bien.Nous avons évidemment de grands foils parce que nous utilisons les foils de l’année dernière, mais je pense que le bateau plus léger, l’assemblage plus léger de l’ensemble du yacht rendent le décollage beaucoup plus facile, mais encore une fois, c’est très tôt et j’espère vraiment avoir une bonne journée demain.

Luna Rossa Prada Pirelli vise maintenant la journée de dimanche pour commencer à charger la plate-forme et à effectuer des manœuvres. Les prévisions annoncent une amélioration de la situation à Cagliari pour les jours à venir. Des jours meilleurs en perspective. (Magnus Wheatley)