S’adapter !
S’adapter sera certainement et plus que jamais la thématique de la semaine sur le Martinique Cata Raid. Le directeur de course avait prévu d’envoyer les concurrents sur un “longue distance”, la météo en a décidé autrement. Ce matin, au Robert, le plan d’eau est balayé par ces fameux grains, caractéristiques des alizés, avec des rafales à plus de 35 nœuds. Les 28 équipages sont donc finalement partis naviguer sur deux parcours construits.
Il y avait de l’enthousiasme ce matin devant le club nautique du Wind Force du Robert et de l’impatience aussi, impatience d’en découdre enfin sur l’eau. Tous se font presque timides sur leurs ambitions privilégiant l’envie de bien faire et, d’avant tout, prendre du plaisir ! Certes, nos régatiers prennent du plaisir à naviguer, ici, en Martinique, dans des conditions fantastiques mais personne n’est dupe ! Dès qu’ils sont sur l’eau, c’est foire d’empoigne et bataille de chiffonniers.
Effectivement, ça part vite et fort sur la première manche du jour dans des conditions pour le moins toniques. Au programme, deux boucles d’une dizaine de milles qui emmènent les concurrents au près à proximité de ilet Loup Garou, avant un bord de reaching et un retour sous spi.
Si pas moins de 10 bateaux rentrent au Club pour des problèmes divers de casse de stick, boulon perdu ou autre petites misères, sur l’eau, les cadors sont au rendez-vous et “c’est chaud”, confiait Nicolas Gillet/Nicolas Poix (Socoveam – Anmizi), avec un gros match entre 6 à 7 bateaux”. “C’est plus que chaud, c’est carrément la guerre, personne ne veut rien lâcher !” sourit Matthieu Marfaing en double avec James Melvin (Cirrus – MMSailing). Eux, arrivent à distancer la meute sur le dernier bord pour s’imposer sur ce premier round.
Après une courte pause, la seconde manche est lancée sur le même parcours pour un tour seulement. Revanchards après une première manche avortée, les équipages américains Ulli Gollwitzer/Liam Walz (Zhik Machine) attaquent la ligne en babord. Christopher Green/Jean Boulogne partagent la même inspiration avec succès puisque les deux équipages scotchent le reste de la flotte.L’audace ne suffit cependant pas. Après 50 minutes de combat, trois bateaux se présentent au coude à coude sur la ligne : Gurvan Bontemps et Fred Moreau(French Caribbean – Stickerman)s’imposent devant Nicolas Gillet/ Nicolas Poix (Socoveam – Anmizi) . Beno it Touchot et Pierre-Yves Durand (Rhythm) complètent le podium de la seconde manche.
Jeunesse et enthousiasme
Abel Kingue, 15 ans et benjamin de la course, revient tout sourire sur la plage du Wind Force du Robert : il rentre tout juste de sa première navigation en course en F18.
Hier, le jeune homme s’apprêtait à allumer son ordinateur pour suivre ses cours du CNED quand sa mère a passé la tête par l’embrasure de la porte pour lui proposer de participer au Martinique Cata Raid. Ni une ni deux, Abel saute sur l’occasion de remplacer au pied levé l’équipier de Stéphane Kieffer, forfait pour la compétition. Il est jeune, enthousiaste et plein de fraîcheur, surtout il s’est déjà constitué un solide bagage. : « On ha bite sur un bateau depuis 4 ans et j’ai commencé à naviguer à l’âge de 6 ans dans le club La Nautique de Narbonne, principalement en planche à voile, j’ai fait un peu d’opti aussi et tout en compétition : il me faut de l’adrénaline ! »
Hier, Abel a pour ainsi dire découvert le support F18 : « j’avais testé une fois déjà, vite fait, mais aujourd’hui c’était super, je me suis éclaté, j’ai adoré ! Il y avait pas mal de vent et pour une manche d’entraînement, on a bien navigué. J’ai hâte de voir comment on se débrouille en vraie compet. »
A bord, l’expérimenté Stéphane Kieffer, barreur, veille au grain : « On a fait nos gammes hier. A la barre, je suis attentif à chaque manœuvre parce qu’il a beaucoup de choses à intégrer à bord » mais Abel apprend vite. « A la fin de la journée, on a pu enchaîner virements et empannages avec pas mal de fluidité. Je suis ravi qu’il m’accompagne cette sema ine ».
Ils ont dit :
Gurvan Bontemps/Fred Moreau (French Caribbean – Stickerman)
C’était assez engagé d’aller chercher des bouées, hors de la baie du Robert. On savait qu’on allait très vite avoir des conditions de mer assez formée avec un vent soutenu,on n’a pas été déçus ! On était un peu frustrés de notre première manche : on était en tête mais arrivés au large, on n’a pas trouvé la deuxième marque ce qui nous a fait rétrograder au classement. Sur cette deuxième manche, on a essayé de bien faire les choses, avec de bonnes manœuvres et de rendre une belle copie.
L’idée c’était déjà de se faire plaisir, bon ça c’est fait ! ça fait 5 ans qu&rsq uo;on n’avait pas navigué ensemble sur ce bateau là, la dernière fois, c’était sur la Martinique Cata Raid en 2019, il fallait qu’on retrouve nos repères. ça commence à revenir, on va monter doucement en puissance et la course est longue avec beaucoup de manches, on va essayer de faire aussi bien qu’aujourd’hui.Nicolas Gillet/Nicolas Poix (Socoveam – Anmizi)
C’est carrément une belle première journée, on est même presque surpris d’être là ! Il y a vraiment un meilleur niveau que l’an passé avec plusieurs bateaux qui peuvent être en tête. On a été réguliers. On marche vraiment bien au près avec les autres, au reaching je pense qu’on est les plus rapide puisqu’on passe la bouée verte en tête à chaque fois. il faut qu’on travaille nos bords de spis. Là on n’est vraiment pas les plus rapides. C’est une bonne première journée, on voit notre niveau, on n’a pas à rougir. on peut es pérer plein de choses, il faut qu’on continue à faire les choses simplement, prendre du plaisir et travailler notre bord de spi !Uli Gollwitzer/ Lian Walz (Zhik Machine)
Liam est vraiment un excellent marin avec une grosse expérience sur des circuits olympiques. Il m’a suggéré de partir babord. Ce départ était incroyable ! On a eu du mal à croire qu’on était devant toute la flotte. Ensuite on a touché moins de pression, on avait un angle favorable sur la ligne mais je pense que ceux qui sont partis tribord ont touché plus de vent. La conclusion de cette journée c’est que Liam veut vraiment aller plus vite que je ne me sens confortable à la barre. On se sent vraiment bien pour la suite de la semaine, on fera certainement de mieux en mieux, on va se rattraper !