Les deux Class40 Italiens qui ouvrent la route de la flotte du Défi Atlantique vers Horta, sur l’île de Faial aux Açores, non contents de naviguer quasiment à vue, se rendent coup par coup dans une course au placement dans la traversée de l’anticyclone. L’essoufflement de l’alizé est désormais bien réel pour l’ensemble des concurrents dont les vitesses se lissent dans le petit temps, favorisant la stagnation des écarts. Une vaste dorsale de hautes pressions s’alanguit devant leur route et les équipages profitent de la rotation des vents au secteur Sud Est pour mettre toujours un peu plus d’Est dans leur long bord tribord amure, dans l’attente des grandes manœuvres attendues pour la nuit de jeudi à vendredi, et ce virement de bord décisif à déclencher plein Est au moment opportun en bordure du centre de l’anticyclone.

Les Italiens à vue

f Ambrogio, deuxième de la dernière Route du Rhum – Destination Guadeloupe, à bord de son plan Italien Alla Grande-Pirelli, est parvenu à se glisser au vent de son compatriote Alberto et ses équipiers Italo-Espagnol Pietro Lucciani et Pablo Santurde sur Ibsa. Les deux scows transalpins sont parvenus à créer un léger décalage dans l’Est qu’ils espèrent, à n’en pas douter, payant lors de l’arrivée du centre anticyclonique en déplacement dans leur Nord, et qui leur offrira, passé son centre peu actif, un joli flux de secteur Sud-Ouest idéal pour envisager de mettre cap sur les Açores.

Statu quo au classement provisoire

Si les vitesses des Class40 ont certes baissé d’intensité avec l’essoufflement de l’alizé, les monocoques continuent d’engranger les milles et le leader n’est plus qu’à 1 600 milles d’Horta, terme de la première étape du Défi Atlantique. Le soleil brille, la mer s’est considérablement aplanie et les équipages profitent d’une navigation toute en douceur sous gennaker. Les écarts semblent pour l’heure stabilisés, et l’on s’attend à un certain statu quo au classement, tant que le centre des hautes pressions n’a pas été dépassé. Le placement à l’Est de la flotte paie, et a permis cette nuit à Axel Tréhin (Project Ocean Rescue) de se replacer en quatrième position, derrière un Crédit Mutuel (Ian Lipinski) qui visiblement attend son heure, décalé d’une quinzaine de milles seulement dans l’Ouest des leaders Azzuri. Ce sont les Britanniques Alister Richardson et Brian Thompson (Tquila) qui paient leur tardive décision de faire de l’Est en rétrogradant à la 7ème place, à quelques 44 milles des leaders. Le groupe de tête demeure après trois jours de course très compacte. Difficile pour eux de se projeter au-delà des prochaines 24 heures, tant l’évolution de l’anticyclone se révèle rapide et imprévisible. C’est pourtant de sa traversée que dépend le déclenchement du sprint décisif au portant vers les Açores, et de l’angle d’attaque des Class40 en bordure Sud de la dépression à venir. Jusqu’à quelle latitude les 7 ou 8 voiliers du groupe leader devront-ils grimper pour toucher ces vents portants et quelle sera d’ici là leur vitesse de progression dans l’anticyclone ? C’est toute la problématique de ce milieu de semaine.

Heureuse nouvelle

On se souvient que Florian Gueguen, skipper attitré du Mach40 N°104 Dopamine Sailing Team avait dû en dernière minute laisser la barre du bateau à Raphael Auffret, sa compagne attendant un heureux événement. La bonne nouvelle est intervenue cette nuit, à la grande joie de l’équipage.

Et aussi… des nouvelles de Nestenn- Entrepreneurs pour la planète (153)

Jules Bonnier, et ses équipiers Robin Follin et Thibaud Le Carpentier, revenus à quai à Pointe-à-Pître quelques heures après le départ samedi, barreau de barre de flèche cassé, ont depuis fait des pieds et des mains pour trouver une solution et repartir avec espoir de rallier Horta à temps pour prendre part à l’étape entre les Açores et La Rochelle : « La nouvelle pièce devrait arriver en fin de journée. Si tout va bien, on colle ce soir et on remâte demain en fin de journée pour départ jeudi matin ou midi »

Les mots du bord

Brian Thompson – Tquila (159)

« Nous avons connu des conditions de près inattendues cette nuit et avons dû virer de bord sous J1. A présent, nous sommes sous code zéro cap au Nord. Alister a dû remplacer le support de moteur brisé dans les chocs de la première nuit, en utilisant des bouts en Dyneema. On posera un nouveau support à Horta. On déplore quelques légères fuites de ballast mais sinon, tout va bien à bord… »

Erwan Le Draoulec – Everial (177)

« Nous sommes sortis de l’alizé. Les nuages cotonneux et leurs grains ont laissé la place à un ciel voilé. La mer s’est aplatie, le vent aussi. Cette nuit, la lune nous accompagne encore sur ce lac bercé d’une longue houle. On continue de faire du nord en accrochant notre gennaker dans un mince filet d’air. »

Ian Lipinski – Crédit Mutuel (158)

« Conditions royales depuis hier. On va moins vite, c’est sûr, mais qu’est-ce que c’est agréable! Assez de vent pour avancer quand même, pas de vilaines vagues, une température ni trop chaude ni trop froide ». Pour une fois qu’on ne se plaint de rien ! On profite au maximum de cette magnifique nuit. Alors, c’est sûr aussi, ça ne va pas durer… Mais on a choisi à bord de Crédit Mutuel, une fois n’est pas coutume, de profiter du moment, sans craindre demain ! On écoute Leonard Cohen et Joe Dassin, on a pris des douches, on a rincé nos affaires salées à l’eau douce… quel luxe ! Bonne journée à vous…. et à demain « si vous le voulez bien »! »

Jean Baptiste Daramy – Chocolats Près – SCREB (123)

« Le vent a bien molli hier après-midi. On est passé sous gennaker de capelage. Belle nuit avec une quasi pleine lune, sous gennaker avec une mer bien rangée, que du bonheur…. Tout va bien à bord, on a bien trouvé notre rythme avec Ludo (Ludovic Machin). C’est reparti pour la routine du matin, charger les gribs, faire tourner les routages, regarder la position des concurrents… puis petit dej… »

Mathieu Claveau – Prendre la mer-Agir pour la forêt (89)

« Tout va bien à bord du Class40 « Prendre la mer, Agir pour la Forêt » ! La mer s’est calmée, le vent s’est assagit, le ciel est d’un bleu éclatant ! Le thermomètre est lui resté fidèle à ses températures élevées ! Et bonne nouvelle, les Sargasses nous ont enfin laisser la voie libre ! C’est l’occasion de commencer à faire sécher les habits et le bateau !  Le vent a refusé et on est maintenant au près bien serré sous GV et génois ! Génois qui a bien résisté dans les rafales à 25-26 nds… Vu son grand âge, c’était un peu risqué ! Mais ça a tenu et nous a permis de prendre un peu de distance sur Yoda.
Quelques oiseaux sont venus nous rendre visite en fin d’après-midi ! Images à suivre de Lionel le médiaman. Nous commençons à bien nous creuser les méninges pour le positionnement de la dorsale et son franchissement. Déjà, nous avons une petite onde d’est/dépression à surveiller mais cela devrait bien se passer pour nous. Autant dire que la connexion satellite chauffe avec Images satellites, cartes d’analyses, fichiers gribs… Bref on n’a pas de quoi s’ennuyer ! »

Axel Tréhin – Project Ocean Rescue (162)

« Cap sur l’étrave à bord de Project Rescue Ocean, après une 2e partie de nuit bien casse-tête avec un vent très perturbé, nous voilà à l’aube dans un vent nettement plus établi et on ne boude pas notre plaisir d’être à nouveau bien lancés !
Nos camarades concurrents partis comme des petits fous plein nord ont l’air d’avoir un peu plus souffert du vent erratique de cette nuit, c’est assez plaisant d’avoir réussi à se replacer un peu… en espérant que notre décalage à l’est continue à payer encore davantage ! La mer s’est progressivement rangée hier, quand le vent est stable les conditions de navigation sont idéales, c’est bien cool. »

Marc Lepesqueux – Curium Life Forward (187)

« Une poulie cassée à réparer pour qu’elle puisse servir jusqu’à Horta. Des poulies déplacées et fixées plus serrées car les écoutes de gennaker frottaient sur le tuyau d’évent de ballast. Il a été bien limé. »

Raphael Auffret – Dopamine Sailing Team (104)

« Aujourd’hui nous avons eu le droit à la surprise que l’on attendait en partant pour cette transat, Florian, le skipper et porteur du projet Dopamine sailing team vient d’être papa ! Super nouvelle pour l’équipe en mer. Côté mer du coup, la routine s’installe petit à petit. Les sargasses semblent être derrières nous maintenant (soulagement) et nous filons vers le nord est sur une mer plutôt calme. Tout va bien à bord! »

Franz Bouvet – Yoda (65)

« On s’est maintenant habitué au rythme des quarts et aux tranches de sommeil. Rien de particulier à signaler. »

Mardi 4 avril – Classement à 16h00 (heures françaises)

  1. Ibsa Group – Alberto Bona à 1 601,6 nm de Horta
  2. Allagrande Pirelli – Ambrogio Beccaria à 1 604,5 nm + 2.9 nm
  3. Crédit Mutuel – Ian Lipinski à 1 615,2 nm + 13,6 nm
  4. Project Rescue Ocean – Axel Trehin à 1 615,4 nm + 13,8 nm
  5. Curium Life Forward – Marc Lepesqueux à 1 623,6 nm + 22 nm

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