Après Paul Meilhat en 2018, Sébastien Simon en 2019 et Charlie Dalin en 2022, qui inscrira son nom au palmarès de la Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest en mai prochain ? En l’état, impossible de répondre à la question, mais ce sera forcément deux marins, l’épreuve se disputant cette année, pour la première fois, en double. A date, pas moins de quinze tandems ont confirmé leur présence. Pour chacun d’entre eux, les enjeux seront multiples. Valider les travaux réalisés lors du chantier hivernal, éprouver une toute nouvelle monture, prendre ou reprendre ses marques en double sur un parcours exigeant (1000 milles entre Brest, le mythique rocher du Fastnet et le waypoint Gallimard situé entre les Açores et le cap Finisterre), valider sa qualification pour la fameuse Transat Jacques Vabre – Normandie Le Havre ou encore marquer de précieux points au Championnat IMOCA GLOBE SERIES seront en effet autant de motivations pour les uns et les autres.

Première épreuve en France de cette saison 2023 pour les IMOCA, la Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest, programmée du 4 au 14 mai prochain, réunira une quinzaine de duos pour sa quatrième édition. Une édition qui s’annonce d’ores et déjà très prometteuse et riche en enseignements, aussi bien pour les marins que pour les teams et le public, tous impatients de découvrir les évolutions apportées sur les différents bateaux lors de ces derniers mois, mais aussi les deux derniers mis à l’eau, Paprec Arkéa de Yoann Richomme puis For People de Thomas Ruyant. « Les bateaux de la flotte sont aujourd’hui tous très différents en forme de carène. Les runs de vitesse disputés en rade de Brest mais aussi et surtout le grand parcours, sous forme de triangle, vont permettre de voir et de tester les machines à différentes allures. Ça va être super intéressant. Pour ma part, j’ai hâte d’y être ! », commente Jérémie Beyou, troisième de la dernière Route du Rhum – Destination Guadeloupe en novembre dernier à bord de Charal 2, un bateau bien né et bien mené qui a, pour sa part, connu quelques petites évolutions ces dernières semaines.

Gros rythme à donner en double

« Le bateau nous a déjà donné satisfaction en termes de performance entre Saint-Malo et Pointe-à-Pitre, à l’aller en course comme au retour en convoyage. Il est revenu intègre de ces deux transatlantiques, ce qui nous a donné le temps et les ressources pour le faire évoluer encore », note le navigateur de la baie de Morlaix qui a notamment travaillé sur la masse globale de sa machine. « On a essayé de gagner du poids. Un vrai travail de fourmi », assure Jérémie Beyou dont la remise à l’eau du bateau est prévue entre le 12 et le 13 avril prochain. « Le temps va être court d’ici au départ de la course mais on va faire ce qu’il faut en termes de préparation. Le format de l’épreuve est sympa. J’aime bien ce type de course de trois-quatre jours, car il y a vraiment de quoi faire avec une alternance de côtier et de semi-large. Il faut être à fond tout le temps, un peu comme sur une étape de Solitaire du Figaro », explique le triple vainqueur de la reine des courses en solitaire et à armes égales. « Le fait d’être en double cette année va permettre d’imprimer un gros rythme et de vraiment être à 100% en permanence. En solo, on hésite parfois à tirer des bords dans les cailloux. En double, on ne se pose pas ce genre de questions. Ça promet d’être chouette », assure le skipper qui sera associé, comme lors de la Route du Café en novembre prochain, à Franck Cammas. « On est encore en phase de rodage tous les deux, car même si on a fait quelques nav’ ensemble l’année dernière dans le cadre de ma préparation au Rhum, ce sera notre première course en double. Il va forcément y avoir des choses à caler mais il est certain que comme à chaque départ de course, notre but sera d’essayer d’aller gagner », termine Jérémie Beyou, deuxième de la dernière édition et donc forcément décidé à faire mieux cette année.

Hop, dans le bain !

Reste que pour la première place, ça risque de se bousculer au portillon. Parmi les marins à surveiller, il y aura forcément Yannick Bestaven, le vainqueur du dernier Vendée Globe, associé à Julien Pulvé à bord de Maître CoQ V, mais aussi Samantha Davies (Initiatives Cœur), Sam Goodchild (Advens 1) puis Yoann Richomme et Thomas Ruyant (For People), tous les deux à la barre de machines flambant neuves respectivement mises à l’eau le 22 février et le 16 mars derniers. « La course arrive vite mais à un moment, il faut y aller. C’est toujours bien d’avoir des objectifs de dates. Cela oblige à être très actif pour être opérationnel, même si l’on sait que les 60 pieds IMOCA sont des bateaux très longs à mettre au point. Le fait de participer à cette Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest va nous permettre d’aller chercher des réponses et d’avancer », indique Yoann Richomme qui se réjouit d’avoir l’occasion de passer entre trois et cinq jours en mer en mode « confrontation ». « D’ici au départ, on n’aura pas l’occasion de passer beaucoup de temps en mer d’affilée. Ce sera donc un premier gros morceau pour nous. On ne sait pas trop comment on va se situer en termes de performance mais on va faire en sorte d’avoir la meilleure machine possible au départ pour côtoyer nos petits camarades et ne pas être seulement focalisés sur la technique », relate le vainqueur en titre de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en Class40 dont les premières sensations à la barre de son nouveau bolide sont plus que prometteuses. « On est super satisfait de ce qu’on a entre les mains. Le bateau n’est pas trop violent ni trop bruyant. Il est comme on l’avait imaginé. Bien sûr, il faut résoudre ses petits problèmes de naissance mais au sein de l’équipe, il a déjà pour surnom : la machine à sourires », détaille le skipper de Paprec Arkéa qui a opté, tout comme Thomas Ruyant, pour une monture pleinement typée pour le Vendée Globe.

Des enseignements à tirer

« For People » est un bijou ! Il est beau et comme il est beau, il ira forcément vite ! », avance avec humour le Nordiste dont les premières navigations n’ont pas encore débuté. « Le bateau sort de chantier et ce dernier pourrait encore durer six mois parce que les IMOCA sont des bateaux qui demandent énormément de boulot. En ce sens, c’est bien d’avoir une date, un premier objectif sportif. Cela nous impose d’avancer rapidement pour ce qui concerne les contrôles de jauge et de sécurité mais aussi tout le reste. Cette Guyader Bermudes 1000 Race Brest – Brest sera un premier gros test. Une première confrontation avec un bon groupe. Ce sera forcément très riche en enseignements », analyse Thomas Ruyant, contraint à l’abandon lors de la dernière édition, en 2022, alors qu’il jouait dans le trio de tête à la suite d’une rupture de pièce dans le système de barre de son voilier. « J’espère bien me rattraper cette année ! », assure le navigateur dont le co-skipper, comme ceux des marins précédemment cités, devrait être dévoilé dans les jours à venir. Idem pour ceux de Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a Job) et le Britannique James Harayda (Gentoo Sailing Team). De quoi compléter un plateau extrêmement déjà bien fourni avec des binômes tels qu’Alan Roura et Simon Koster (Hublot), Antoine Cornic et Jean-Charles Luro (Human), Guirec Soudée et Corentin Douguet (Freelance.com), Arnaud Boissières et Gérald Veniard (La Mie Câline), Louis Duc et Halvard Mabire (Fives Group – Lantana Environnement) mais aussi les Canadiens Scott Shawyer et Ryan Barkey (Canada Ocean Racing), nouveaux venus sur le circuit. De quoi garantir de la belle bagarre à tous les étages !

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