J’ai voulu montrer à l’équipe que rien n’était fini !
Lorsque vous endossez la responsabilité de leader sur une campagne The Ocean Race, il faut être prêt à faire face à tout ce que le destin peut vous réserver. Benjamin Dutreux, jeune talent de la Classe IMOCA, le sait aujourd’hui mieux que quiconque.
Confronté à la réalité déchirante de voir une partie importante du fond de coque de son bateau Guyot Environnement – Team Europe (ex-Hugo Boss de 2015) délaminée, Benjamin aurait pu baisser les bras, mais il a fait exactement le contraire.
Après un excellent début de troisième étape (le marathon historique entre Cape Town et Itajaí), l’équipage naviguait en deuxième position derrière Holcim-PRB quand il a été contraint de faire demi-tour, puis de naviguer pas moins de 600 milles pour revenir à son point de départ…
C’était un moment où des têtes auraient pu tomber et où les esprits s’effondrer, et cela ne fait aucun doute que l’ambiance était morose à l’arrivée au ponton. Cependant, Benjamin Dutreux a immédiatement décidé de donner une impulsion positive à son équipe et de la guider dans cette course contre-la-montre qui s’engageait à terre pour réparer au plus vite afin de rallier le Brésil et de reprendre la course.
« Il nous a fallu près de quatre jours pour revenir à Cape Town, ce qui n’a pas été facile », déclare le skipper à la Classe IMOCA. « Nous attendions tous beaucoup de cette étape, donc la frustration était immense. Quand nous sommes arrivés à Cape Town, mon objectif était d’être à 100% tout de suite et de ne pas transmettre cette frustration à l’équipe, même s’il y en avait beaucoup. Nous voulions vraiment donner une bonne énergie au reste de l’équipe. »
Le skipper de 32 ans qui a fait une entrée remarquée en IMOCA avec sa neuvième place sur son tout premier Vendée Globe en 2020, a remporté quelques mois plus tard la première édition de The Ocean Race Europe à bord de Offshore Team Germany. Il est le même qui a dû expliquer à son équipe à quel point il était essentiel de donner le bon ton rapidement pour que le bateau soit réparé et prêt à reprendre la mer au plus vite.
« Ce n’était pas facile car, à bord, nous étions tous très déçus, moi le premier », explique-t-il. « J’ai essayé de trouver la force de transmettre à l’équipe la volonté de continuer et de leur prouver que nous avions encore beaucoup de choses à vivre dans cette aventure. Je leur disais que cette avarie faisait partie de notre histoire maintenant et que nous devions réussir à regarder tous devant « .
Un moment fort s’est produit lorsque l’équipe navigante et l’équipe à terre se sont retrouvées sur le ponton à Cape Town, prêtes à sortir le bateau de l’eau. Ils ont alors découvert un certain Florent Vilboux, membre émérite de l’équipe technique de Holcim-PRB de Kevin Escoffier. Il était là, prêt à donner un coup de main. C’est un geste merveilleux de la part d’une équipe de la Classe IMOCA qui en aide une autre, naturellement.
« Nous avons découvert Florent, une personne que nous ne connaissions pas et cela a mis toute l’équipe de bonne humeur », se souvient Benjamin. « Cela m’a donné un coup de fouet. J’ai voulu montrer que rien n’était fini et qu’il fallait tout donner pour arriver en même temps que les autres à Itajaí. »
Benjamin est vraiment reconnaissant du rôle joué par d’autres dans la galvanisation de l’équipe. Il mentionne aussi la navigatrice britannique Annie Lush, qui a participé deux fois à l’ex-Volvo Ocean Race. Elle a bien sûr été déçue de voir leur course s’arrêter brusquement après moins de trois jours, mais elle a rapidement vu le bon côté des choses. « Annie a joué un rôle déterminant en nous parlant de son expérience de la course et de ce qui peut encore se produire et de toutes les batailles à venir », poursuit Benjamin.
Le co-skipper allemand Robert Stanjek, ancien marin olympique, a également été une force de positivité, même après avoir connu pour la première fois une avarie structurelle sur un bateau au large. « Robert a su motiver tout le monde en expliquant comment cela se passe en voile olympique, toutes les déceptions qui arrivent et à quel point il faut se battre. C’est comme cela que nous avons réussi à nous serrer les coudes ».
La stratégie de course consiste maintenant à tirer le meilleur parti de ce qu’il reste de ce tour du monde avec, comme le souligne Benjamin, environ 60% des points encore à prendre à partir du Brésil. L’équipe du convoyage – Sébastien Simon, Phillip Kasüske, Jimmy Le Baut, Clovis Gautier et l’OBR Charles Drapeau – approche la moitié de son voyage autour du versant nord de l’anticyclone de Sainte-Hélène. Une fois le bateau arrivé à destination, Benjamin sera prêt à entamer un programme de navigation jusqu’au départ de l’étape 4 le 23 avril, en direction de Newport.
« L’étape 3 était très importante pour moi, mais maintenant nous n’avons plus de pression sur le classement et nous allons vivre les prochaines étapes à 100%. Nous avons encore soif d’apprendre du bateau et de l’équipage « , déclare le skipper. « Il n’y avait déjà qu’une petite frustration en termes de classement (qui les place pour l’instant à la cinquième et dernière place), mais maintenant il n’y en aura plus du tout. »
Il y a aussi la possibilité de profiter de l’escale au Brésil pour améliorer la machine. « Comme nous n’allons pas sortir le bateau de l’eau à Itajaí, nous allons faire quelques modifications de configuration pour essayer d’aller plus vite – ergonomie, gréement, voiles – c’est l’occasion de tester des choses », déclare-t-il.
Il y a aussi la possibilité de profiter de l’escale au Brésil pour améliorer la machine. « Comme nous n’allons pas sortir le bateau de l’eau à Itajaí, nous allons faire quelques modifications de configuration pour essayer d’aller plus vite – ergonomie, gréement, voiles – c’est l’occasion de tester des choses », déclare-t-il.
De retour en France, le skipper de Guyot environnement – Team Europe n’a pas chômé et s’est efforcé d’informer personnellement ses sponsors et partenaires de ce qu’il s’est passé dans l’océan Austral. Il sait que ces rencontres en physique sont vitales pour les parties prenantes du projet et est donc allé raconter comment son équipe a fait pour surmonter les problèmes auxquels elle a été confrontée.
« Notre objectif est de les aider à partager ce que nous avons vécu avec l’équipe, car il est difficile pour eux de comprendre à distance. Nous avons pensé qu’il était important d’aller les voir en personne, de leur montrer un film sur toute l’histoire, et aussi d’exposer nos décisions stratégiques pour l’avenir », conclut Benjamin.