Nous vivons la course tous les jours sur nos écrans comme si nous y étions ; et cela grâce aux Onboard Reporters (OBR), héros méconnus de The Ocean Race. Ce sont eux qui partagent le quotidien des marins depuis les « Quarantièmes ».

Ils ne sont pas autorisés à participer à la navigation, de quelque manière que ce soit. Néanmoins, ils doivent endurer la même vie que les autres marins du bord, dans les entrailles de ces machines très instables et particulièrement violentes. Le métier d’Onboard Reporter est aujourd’hui l’un des métiers les plus difficiles, non seulement dans le journalisme, mais aussi dans le sport professionnel.

À bord de Team Malizia de Boris Herrmann, Antoine Auriol, ancien champion du monde de kitesurf et documentariste pour la télévision française, nous fait vivre l’aventure dans les moindres détails. Il a tout filmé des mésaventures surmontées par l’équipe : la perte d’une voile, une avarie en tête de mât, etc. Il serre les dents et fait ce qu’il appelle son « stage militaire » dans les mers du Sud.

Nous lui avons demandé ce qu’il pensait de son job ? « C’est vrai que c’est l’un des métiers les plus difficiles, en tout cas c’est le métier le plus difficile que je n’ai jamais fait », nous répond-il en avouant que cette expérience n’a rien de comparable avec ce dont il a l’habitude.

« Ici, c’est pire que tout ce que j’ai fait avant ; c’est vraiment très inconfortable », déclare-t-il. « Je suis malade depuis quelques jours et j’ai du mal à récupérer car les conditions sont humides et difficiles, mais je reste positif ! »

« Je trouve mon rythme petit à petit dans cette belle histoire », ajoute-t-il. « Je vais être tellement heureux en arrivant au Brésil et aussi fier de moi, je pense. Alors, je m’accroche car il va se passer encore beaucoup de choses. »

Parfois, Antoine se demande ce qu’il fait à bord d’un IMOCA à foils au beau milieu de l’Océan Austral, mais il se rend bien compte à quel point cette expérience est unique. « Vous regardez dehors et vous voyez les albatros d’au moins deux mètres d’envergure. Vous les voyez planer et vous vous dites ‘wow, pour voir ça, il faut être ici et vivre ces moments difficiles qui ne font pas forcément rêver, comme celui où vous êtes au montage et que vous avez juste envie de vomir dès que vous commencez à regarder l’ordinateur », confie-t-il.

A bord de Holcim-PRB, l’actuel leader de la course, Julien Champolion, jeune reporter de 24 ans, affirme que les mouvements violents de l’IMOCA dans le vent et la mer lui font encore peur. « C’est un peu effrayant parce que les marins tirent beaucoup sur le bateau – et moi je souffre », dit-il en riant. « Le bateau tape très fort dans les vagues. C’est glaçant. Assis sur un siège ou allongé dans la bannette, on ressent tout. Tout ce qu’il se passe dans la coque met le corps à rude épreuve. Il y a des moments où je suis totalement crispé tellement tout autour de moi est puissant. »

Nous avons demandé à Julien, qui nous a partagé il y a quelques jours de magnifiques images de drone du bateau de Kevin Escoffier, de nous parler des personnalités de son équipage et c’est passionnant !

A propos du skipper : « C’est vraiment le chef d’orchestre. Il s’occupe de tout, de la vie du bord, de la navigation, des réparations, de la nourriture, du nettoyage. Je le considère un peu comme un réalisateur au cinéma. Il fait en sorte que tout le monde puisse se donner à fond dans le but de gagner la course. Lui-même se donne à 100% et il a une capacité à motiver le groupe et à donner le sourire aux autres. Il m’impressionne ! »

A propos de Sam Goodchild : « Sam est l’honnêteté et la force tranquille incarnées. Je trouve qu’il prend soin des autres et c’est bien dans ce genre d’épreuve d’avoir des gens attentifs et bienveillants comme lui. »

Au sujet d’Abby Ehler : « Elle est très professionnelle et perfectionniste. Elle gère la nourriture à bord et il n’y a jamais d’erreur – tout est toujours parfait. Le fait qu’elle ne parle pas français n’est pas évident car, avec la fatigue et la vie quotidienne, on a vite tendance à revenir au français. Mais on s’y habitue et on se force à ne pas la laisser de côté. »

A propos de Tom Laperche : « Il m’impressionne, du fait de son âge (25 ans) et de toutes ses connaissances. Il a cette capacité à pouvoir remettre en question d’autres marins qui ont beaucoup plus d’expérience que lui. C’est peut-être la personne dont je suis le plus proche à bord, sans doute parce que nous avons presque le même âge – nous sommes les deux plus jeunes de la course ! »

Julien Champolion compare la vie à bord de Holcim-PRB à une colocation de cinq personnes dans 15 mètres carrés. « Ce n’est pas souvent que l’on vit ça ! » Bien qu’il ne puisse pas participer à la navigation, il soutient l’équipage dans les tâches du quotidien : repas, eau potable, ménage, il sait que toute aide est la bienvenue.

Le sommeil est également un élément central des journées en mer. « C’est bizarre de vivre en décalage, de se coucher à 15 heures et de mettre un réveil pour aller voir le lever du soleil à 23 heures » déclare-t-il. « C’est une expérience assez originale. J’essaye de dormir deux fois 30 minutes dans la journée, car cela ne sert à rien de lutter contre la fatigue. Et le soir, j’essaye de faire deux siestes de deux heures. Ce n’est pas facile de se réveiller. Mais je ne suis pas le seul. Je devrais faire une vidéo sur le sujet car c’est assez drôle ! »

Sur Team Malizia, Antoine Auriol se dit encore plus motivé que jamais à faire l’ensemble du tour du monde. « Soit tout, soit rien » avait-il demandé à l’équipe en embarquant sur l’aventure avec Boris Herrmann. « Il n’y a pas moyen que je lâche », confie-t-il. « Je sais que je vais vraiment grandir en tant que personne. Je m’enrichis intérieurement et j’ai beaucoup de chance de pouvoir être entouré de tout mon équipage. »

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