C’est le défi que tout le monde attend. La plus longue étape de l’histoire de The Ocean Race. Et pour la première fois, des IMOCA menés en équipage traverseront sans escale les quarantièmes rugissants et les cinquantièmes hurlants, enroulant les trois grands caps, dont le mythique Cap Horn.

Les cinq équipages s’apprêtent à prendre le départ de la troisième étape de 12 750 milles entre Cape Town et Itajaì au Brésil. Et cela pourrait bien commencer sur les chapeaux de roue avec une première phase de navigation au près à la sortie de Table Bay.

Le mot d’ordre sur les pontons de Cape Town est de trouver un équilibre entre la préservation du bateau et la vitesse afin de s’assurer que cette étape, qui devrait durer de 30 à 36 jours, s’achève sans dommages et ainsi éviter tout arrêt technique ou pire, un abandon.

Cependant, on se doute qu’une fois que l’adrénaline commence à monter et que la pression de la course se fait sentir, les skippers et leurs équipages auront du mal à mettre le pied sur le frein, surtout sur une étape dont le système de notation récompense l’étape dans son entièreté. Dix points en deux fois sont cette fois-ci à prendre avec les cinq premiers points attribués une fois le Sud de la Nouvelle-Zélande passé, et le reste à l’arrivée au Brésil.

Après leurs deux victoires consécutives sur les deux premières étapes, le classement général place Kevin Escoffier et son équipe Holcim-PRB comme l’équipe à battre. Mais les quatre autres bateaux feront tout pour s’imposer.

L’accent sera mis sur le défi que représente la grosse houle et les vents sauvages du « Sud », qui apportent non seulement un inconfort et un froid extrêmes, mais aussi des dangers. Cependant, la dernière partie de l’étape pourrait bien être décisive. En effet, la remontée vers le Nord de 1800 milles entre le Cap Horn et Itajaì pourrait être marquée par des vents faibles synonymes de difficulté pour les marins fatigués et des garde-robes compromises à la sortie du Pacifique.

Paul Meilhat, âgé de 40 ans, tout juste rentré à Cape Town après quelques jours passés en famille dans la savane au cœur du pays, revient prêt pour cette épreuve qu’il décrit, en plaisantant, comme peu exceptionnelle pour la Classe du Vendée Globe.

« Oui, cette étape est sans précédent pour The Ocean Race, mais pour nous, c’est tout à fait normal et d’habitude nous ne nous arrêtons pas en Afrique du Sud et au Brésil », déclare-t-il. « Pour nous, c’est plutôt une étape courte du Vendée Globe !”

En écoutant le skipper de Biotherm discuter de cette étape, on remarque assez vite qu’il revient constamment sur le sujet de la préservation du bateau. « Je ne suis pas sûr que nous allons pousser le bateau aussi fort que nous avions prévu », déclare-t-il. « Peut-être parfois, mais nous devrons seulement le pousser dans de bonnes conditions car sinon, nous le casserons à coup sûr. »

Paul Meilhat, dont l’équipage comprend la skipper d’Initiatives-Cœur, Sam Davies, ainsi que Damien Seguin de Groupe Apicil, ajoute une remarque intéressante sur la stratégie globale de la course. Selon lui, la façon dont l’épreuve est structurée signifie que l’élément le plus important maintenant est de s’assurer que son équipe est toujours dans la course d’ici le Brésil.

« D’ici à ce que nous arrivions à Itajaì, environ 60% de la course aura été parcourue en termes de milles, mais en termes de coefficient pour le classement, nous n’aurons fait environ que 30% », explique-t-il. « Donc, pour moi, il était clair dès le départ que la course au classement, et à la victoire, commence probablement au départ de l’étape 4 à Itajaì. La première chose est d’y arriver avec un bateau en bon état. C’est vraiment important. »

Cette étape sera éprouvante pour les team managers qui enverront leurs marins et leurs bateaux dans des mers et des vents violents pendant plus d’un mois. Mark Towill, CEO de 11th Hour Racing Team, affirme que la sécurité et la résistance, tant des marins que des bateaux, sont les priorités absolues pendant la préparation.

Volvo Ocean Race 2017-18, on board Vestas 11th Hour Racing © Martin Keruzoré / Volvo Ocean Race
« Avant tout, l’accent est mis sur le niveau de sécurité, de complexité et de danger associé à cette étape », déclare Mark Towill. « Du point de vue de la préparation du bateau, une liste de travail assez longue a été établie ici à Cape Town. Nous nous sommes assurés que nous pouvions envoyer le bateau le mieux préparé possible, en mettant l’accent non seulement sur les conditions, mais aussi sur la durée de cette étape. Nous avons également veillé à ce que l’équipe soit préparée physiquement et mentalement, et nous avons évidemment examiné la météo et tout le reste. »

Selon lui, les éditions précédentes de cette course ont montré que les mers du Sud sont là où les équipes sont les plus susceptibles de rencontrer des problèmes importants. En prévision, mais en espérant évidemment que rien de tout cela ne soit nécessaire, son équipe et lui ont étudié les ports de repli potentiels et de nombreux autres facteurs qui pourraient entrer en jeu en cas d’urgence.

« La réalité est qu’il y a probablement trop de cas de crise possibles pour prévoir en détails tous les scénarios. Nous avons fait de nombreux plans en fonction de ce qui pourrait arriver. Mais après avoir assuré la sécurité de l’équipage et du bateau, l’objectif pour nous sera toujours de revenir dans la course », explique Mark Towill.

De retour sur Biotherm, Paul Meilhat savoure chaque instant de cette aventure, même si cela représentait un défi de taille pour une équipe disposant d’un tout nouveau bateau. « C’était un grand défi et un grand projet pour nous. Quand j’ai vu l’opportunité, j’ai décidé de prendre le risque d’être sur la ligne de départ de The Ocean Race. Et maintenant, je suis tellement heureux. Nous n’avons pas encore franchi la ligne d’arrivée, mais nous sommes dans la course et j’en profite parce que nous avons vraiment de la chance de faire partie de ce qui, pour des raisons sportives, est une course incroyable autour du monde », déclare-t-il.

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