Sam Goodchild dévoilait hier qu’il reprenait la barre de l’ex-LinkedOut sur le Championnat des IMOCA GLOBE SERIES, au sein de l’écurie TR Racing (Thomas Ruyant Racing). Nous avons échangé avec le marin britannique de 33 ans au sujet de ses ambitions pour le Vendée Globe et de ses débuts tant attendus en tant que skipper IMOCA.

Sam, après avoir essayé pendant de nombreuses années d’entrer en IMOCA, qu’est ce que tout cela signifie pour toi ?

« C’est plutôt cool… en fait, c’est même très cool… très excitant. Je veux dire que la manière dont cela s’est passé, pour un premier Vendée Globe, est en quelque sorte parfait. Il y a beaucoup de planètes qui s’alignent bien, ce qui est génial. Je me suis toujours dit que je ne voulais pas faire un premier Vendée Globe juste pour faire un Vendée Globe et ne pas me soucier de la façon dont il est fait. Et ma patience a payé, à en juger aujourd’hui. »

Te voyais-tu à la barre d’un bateau compétitif capable d’aller jouer la gagne ?

« Oui, je suis un compétiteur. Je veux faire les choses bien. Je ne veux pas seulement participer, mais y aller à 100%. Être capable de le faire avec le bateau de référence d’aujourd’hui – ou celui de l’année dernière en tout cas – et le faire fonctionner au sein de cette équipe, va être un énorme coup de pouce pour apprendre et nous mettre à niveau, c’est le top. Nous avons toute l’équipe technique, les navigants et évidemment Thomas (Ruyant) – à bord et à terre pour nous préparer. Et puis, nous travaillons avec un autre bateau (Advens 2, le nouvel IMOCA de Thomas Ruyant). Nous pouvons donc nous entraider à la mise à niveau de chacun de nos bateaux. Je suis entouré de beaucoup de bonnes personnes, donc c’est pour moi la parfaite trajectoire vers mon premier Vendée Globe. »

Depuis combien de temps essais-tu de te lancer en IMOCA ?

« J’ai appris ce qu’était le Vendée Globe en 2004. Je me suis dit « Je veux faire ça » et tout le monde m’a dit « Tu ne peux pas faire ça, c’est de la folie ». Alors j’ai dit : « OK, je vais vous prouver que vous avez tort, ok ? ». J’ai ensuite déménagé au Royaume-Uni en 2005 et j’ai rencontré Mike Golding et Alex Thomson. J’étais sur la ligne de départ avec l’équipe technique de Mike en 2008, et j’ai fait toute la descente du chenal aux Sables d’Olonne avec lui, ce qui était évidemment une sacrée expérience et quelque chose que l’on n’oublie pas, surtout quand on a 18 ans. Ensuite, en 2010, l’Artemis Academy a été créée pour lancer des jeunes anglais, ce qui m’a permis de courir ma campagne Figaro, et tout cela en vue du Vendée Globe. Je pense que c’est entre cette époque et aujourd’hui que tout a vraiment commencé. »

La façon la plus simple de se lancer en IMOCA est d’avoir un vieux bateau et une campagne à petit budget, mais tu as toujours voulu te lancer au meilleur niveau de la flotte ?

« Je pense qu’après ma saison en Figaro, j’ai compris que je préférais de loin faire les saisons correctement, bien les construire, essayer de gagner et surtout avoir une chance d’y arriver. Certains considèrent la course au large comme un mélange d’aventure et de compétition mais personnellement j’ai toujours aimé avoir une bonne dose de compétition et pas seulement de l’aventure pour le plaisir. C’est pourquoi, au cours des 10 à 15 dernières années de ma carrière, j’ai donné la priorité à la compétition plutôt qu’à la participation, et cela me fait arriver sur le Vendée Gobe plus tard que si j’avais accepté de faire plus de compromis. »

Parles-nous de ta relation avec Thomas qui courra à tes côtés sur son nouvel IMOCA ?

« Nous nous sommes rencontrés pour la première fois sur la Transat Jacques Vabre 2011 alors que nous étions concurrents. Puis, nous avons été bizuths en Figaro la même année. Je vis à Lorient maintenant et nos enfants vont à la même école. Nous nous sommes beaucoup croisés au cours des dix dernières années et nous avons toujours eu un respect mutuel. Donc honnêtement, l’aspect le moins inquiétant de ce nouveau programme est de travailler avec Thomas. Il est bon et c’est un gars sympa et je n’ai aucune inquiétude quant à notre collaboration. »

Cela aura-t-il une incidence sur la durée de ta participation à The Ocean Race avec Holcim-PRB ?

« Tout cela est planifié depuis longtemps, nous y avons donc travaillé. Holcim-PRB sait que j’ai un projet IMOCA à venir et sait ce que tout cela implique. Ce n’est pas une surprise pour eux, ils sont au courant du fait que plus tard dans la course, je vais devoir jongler un peu plus et nous allons travailler cela ensemble. Je ne ferai pas la quatrième étape, mais je ferai probablement une étape ou deux à la fin de la course. »

The Ocean Race doit être une bonne expérience d’apprentissage étant donné que tu seras toi-même skipper IMOCA dans quelques mois ?

« Oui, c’est sûr, j’apprends beaucoup en naviguant avec Kevin (Escoffier) sur Holcim-PRB et en naviguant contre les autres bateaux, c’est génial. C’est vraiment une bonne expérience et mon devoir – ce pour quoi Kevin m’a engagé – est de bien faire mon travail. J’essaye donc de travailler dur pour y parvenir et de faire confiance aux personnes que nous avons choisies autour de nous pour travailler sur le bateau à la maison. »

Quitter trois coques pour une seule, après tes années dans la classe Ocean Fifty, est-il un soulagement ?

« Je me souviens de la première navigation sur Holcim-PRB et c’était un énorme soulagement lorsque le bateau a commencé à se coucher dans une rafale. Je me suis dit deux choses : un, je ne suis pas le skipper, et deux, ce n’était pas un trimaran. Oui, c’est un défi différent et j’ai hâte de ne plus avoir l’angoisse de chavirer. »

C’est triste que le bateau avec lequel tu as eu tant de succès en Ocean Fifty t’ait fait des adieux aussi sauvages, avec cette blessure au visage au départ de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe ?

« Oui, c’est un peu dommage mais c’est la voile. Il y aura encore des hauts et des bas et la principale chose que cette blessure m’a apprise, c’est d’apprécier un peu plus les hauts, car les bas ne sont jamais très loin. »

Cette annonce est très excitante pour la voile britannique, n’est-ce pas ?

« Oui, c’est génial. À quand remonte la dernière fois où nous avons eu autant de skippers britanniques en IMOCA ? – Probablement 2008. J’espère donc que cela contribuera à susciter davantage d’intérêt pour la Classe au Royaume-Uni et que trouver des sponsors britanniques pour le Vendée Globe pourra redevenir une réalité. »

Et, bien sûr, aucun skipper britannique n’a encore gagné le Vendée Globe… ?

« Eh bien, cela signifie qu’il y aura une première un jour, espérons-le. Nous y travaillons en tout cas ! »

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