Avec 138 bateaux au départ, la dernière Route du Rhum a de nouveau montré que le sponsoring voile continue de séduire et s’invite de plus en plus dans les stratégies de communication des entreprises. Mais pas que. Car aux côtés des TPE, PME ou même multinationales, de nouvelles ONG et autres associations s’affichent également sur les voiles des bateaux de course au large, au même titre que les collectivités locales, qui trouvent de plus en plus de sens à miser sur la voile comme nouveau vecteur de rayonnement de leurs territoires. Illustration avec le bateau ‘Rennes – Saint-Malo’ et le projet La Manche #EvidenceNautique.

Après une première saison 2021 aux résultats prometteurs, le projet La Manche #EvidenceNautique reprend du service en 2023. Porté par le navigateur Nicolas Jossier et né d’une volonté du Département de la Manche de valoriser le savoir-faire local en matière de navigation, le collectif normand se reforme donc pour deux saisons sur le circuit Class40, à la barre d’un nouveau bateau (le Mach5 n°185 construit en 2022 pour Luke Berry) mais avec le même objectif : naviguer en équipage afin de mettre en avant les navigateurs du département et d’en promouvoir l’attractivité maritime et touristique.

« Le département a toujours été très impliqué dans sa filière nautique, et ce dès les années 90, puis de nouveau dans les années 2000 lorsqu’il a soutenu de nombreux équipages sur le Tour de France à la voile, rappelle Nicolas Jossier. Le nautisme est redevenu un axe prioritaire de leur communication lorsque nous avons trouvé un intérêt commun dans ce projet en Class40 : faire naviguer les jeunes en devenir aux côtés de navigateurs confirmés et montrer ainsi le savoir-faire du territoire, tout en véhiculant des valeurs d’inclusion et de solidarité ». Être soutenu par une collectivité signifie en effet participer activement à la promotion du projet et à la

vie du département. Visite dans les établissements scolaires, rencontres avec le public, actions concrètes auprès des services sociaux prioritaires, accueil de personnes en parcours d’insertion…

La dimension sociale est au coeur du projet manchois : « Nous sommes un outil supplémentaire au service du département, nous faisons le lien avec ses publics cibles, au plus près du territoire et de ses habitants. C’est aussi pour ça que le projet s’inscrit sur la durée. Passer sur deux années permet à l’ancrage sur le territoire de durer dans le temps, que le projet crée des souvenirs et fasse appel à la mémoire commune ». Véritables ambassadeurs des valeurs de transmission et de formation chères à La Manche, le bateau et l’équipage y voient également un avantage dans la sérénité de leur projet. « Le département est notre partenaire majeur mais pas exclusif, explique le skipper. Une partie de notre budget annuel est pris en charge par des partenaires privés et d’autres structures locales. Être soutenu par une collectivité nous amène à avoir un cadre et cela rassure nos autres soutiens, cela nous confère un certain sérieux et donne un axe de communication qui résonne aussi chez les entreprises ».

Fédérer, partager et collaborer

Cet esprit d’ouverture et de synergies entre secteurs public et privé au nom du rayonnement du territoire se retrouve également à bord du Class40 Rennes – Saint-Malo porté par l’écurie BE Racing et animé par la même volonté de découvrir de nouveaux jeunes talents. Co-financé par Rennes Métropole, Saint-Malo Agglomération et le réseau Mer entreprendre, fondé en 2012 par Servane Escoffier et Louis Burton, le projet permet ainsi à un « skipper espoir » de participer à la Route du Rhum sous les couleurs de son territoire. « Avec le départ de la course depuis Saint-Malo, le projet a énormément de sens, confie Baptiste Hulin, heureux élu pour l’édition 2022. La Route du Rhum parle à énormément de monde, il y a une vraie ferveur locale et nous avons mis beaucoup de choses en place avec les écoles et les institutions. J’ai vu les étoiles dans les yeux des enfants, j’ai reçu énormément de messages de soutien, j’ai emmené naviguer certaines personnes qui découvraient Saint-Malo depuis la mer pour la première fois… C’était très fort ».

La voile détiendrait donc cette capacité à offrir des expériences uniques et des émotions partagées, donnant ainsi l’opportunité aux collectivités de communiquer sur les valeurs qui leur tiennent à coeur, tout en renforçant leurs liens sociaux mais également économiques auprès des entreprises engagées. Un procédé « gagnant-gagnant » dans lequel les marins aussi se retrouvent, exaltés par une force supplémentaire de représenter leur lieu d’origine. « Naviguer sur ce bateau émeraude, aux couleurs de ma région, aux yeux de tous dans la baie de Saint-Malo ainsi que sur les pontons… Cela m’a rendu vraiment très fier », conclut Baptiste Hulin, 26 ans et dont la carrière fut, on espère, lancée à domicile.

Source

Articles connexes