Charles Caudrelier, d’un tour du monde à l’autre
Actuellement en attente de conditions météos favorables afin de s’élancer à l’assaut du Trophée Jules Verne avec l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild, Charles Caudrelier suit avec attention un autre tour du monde : The Ocean Race. Pendant huit ans, la course qui s’appelait alors la Volvo Ocean Race a fait partie de sa vie, lui qui s’est imposé à deux reprises en trois participations. Il évoque ses souvenirs, son regard sur la nouvelle formule et porte un regard bienveillant sur les skippers qui rêvent de lui succéder au palmarès.
Sacré clin d’œil de l’histoire. À l’heure où Charles Caudrelier et l’équipage du Maxi Edmond de Rothschild étudient les fenêtres météos pour s’attaquer au Trophée Jules Verne, d’autres skippers ont commencé un autre tour du monde. Ils se sont élancés hier, mercredi, du Cap-Vert en direction de Cape Town, terme de la 2e étape. The Ocean Race, circonvolution en équipage et avec escales, a contribué à écrire les plus belles pages de la course au large. Et dans l’esprit du skipper du Gitana Team, cela ravive forcément de chauds souvenirs.
« Cette course a quelque chose de sacré »
Reconnue pour sa dureté, son exigence et sa capacité à soumettre à rude épreuve le mental et les organismes, ce qui était la Volvo Ocean Race a servi de tremplin au skipper breton. Vainqueur à l’issue de la dernière étape aux côtés de Franck Cammas en 2011-2012, il prend ensuite la tête du Dongfeng Race Team. Troisième en 2014-2015, il l’emporte finalement sur la campagne suivante, là aussi lors de l’ultime étape, en 2017-2018. « Ça a longtemps été un rêve de gosse, explique-t-il parfois. Cette course a quelque chose de sacré et l’émotion qu’on ressent en l’emportant est à la hauteur ».
Ces expériences-là sont précieuses à tous les niveaux et en particulier pour gérer la fatigue, la répétition des efforts et la bonne entente entre les membres de l’équipe. De ces journées à batailler sur le pont balayé par les embruns du VOR65, le monocoque d’alors, il reste aussi une certaine idée du vivre-ensemble en équipage. « La différence majeure, c’est que le Maxi Edmond de Rothschild offre davantage de confort grâce à sa taille et à la stabilité offerte par le vol qui joue un rôle d’amortisseur », reconnaît-il. Le skipper, à la lumière de ses tours du monde passés, souligne l’importance de « choisir les bonnes personnes pour composer son équipe », de savoir « se remettre en question », veiller à « éviter les tensions » et « choisir l’humour pour faire comprendre quand quelqu’un va trop loin ».
Charles ne cache pas son admiration pour les skippers de The Ocean Race, ces cinq équipages qui tentent l’aventure en IMOCA. « Il n’y a jamais eu de courses aussi longues en équipage à bord de ces bateaux, précise-t-il. Là, l’espace est réduit et le confort minimaliste. Ils n’ont pas d’endroit pour faire la cuisine, pour bien s’asseoir et même pour être debout. C’est difficile d’imaginer la capacité à tenir aussi longtemps ».
Regards croisés
Ce regard bienveillant, les marins de The Ocean Race lui rendent bien. Au port d’Alicante avant de s’élancer, le 15 janvier dernier, tous ont eu un mot pour Charles et son défi du moment. « C’est sympa de voir qu’il va s’élancer à peu près au même moment que nous, s’amuse Paul Meilhat (Biotherm). Avec Franck, ce sont deux marins que j’ai beaucoup suivis ces dernières années. C’est aussi grâce à eux que j’ai eu envie de faire cette course. » « Charles a beaucoup de talent, une équipe d’expérience et l’acquis d’années de travail », poursuit Kevin Escoffier (Holcim-PRB).
« Ce que Charles et Franck réalisent depuis plusieurs années est impressionnant, abonde Benjamin Dutreux (Guyot Environnement-Team Europe). Ils parviennent toujours à se battre pour la gagne, pour donner le meilleur. Ce sont deux marins très inspirants. » Et tous, à l’unisson, se montrent confiants sur leur tentative de Trophée Jules Verne. Jack Bouttell, membre de l’équipage 11th Hour Racing Team et coéquipier de Charles à bord de Dongfeng en 2017-2018 ne dit pas autre chose : « Je suis sûr qu’ils sont en capacité de battre le record. En tout cas, je leur souhaite le meilleur. » Et l’Australien de conclure : « Bon vent les gars et ne lâchez rien ! »