Puissant !
C’était LA grosse étape de ce Martinique Cata Raid, la plus longue, avec un parcours de 38 milles entre la Trinité et la ville du Cabret sur la côte Caraïbes. Fébriles, les marins appréhendaient ce matin le passage de la pointe des galets, tout au nord de l’île qui peut s’avérer particulièrement délicate à passer avec de grosses bouffes de vent. L’équipage F16 de Flavien Bascoul et Sinclair Andreu sur Trebuchon Equip nous confiaient leur état d’esprit : “Grosse étape aujourd’hui ! On appréhende un petit peu ! Le premier bord de bon plein est un peu chaud il ne va pas falloir enfourner et faire de soleil, une fois qu’on sera sortis de la baie de la Trinité, on pourra abattre un petit peu et envoyer le spi, ce sera peut-être un peu plus tranquille pour le contournement au Nord de la Martinique au moins jusqu’à Grand’Rivière. Ce sera un premier point de passage avec peut-être une neutralisation.
En tout cas, comme on dit au Cap d’Agde : » On va y aller à l’aise « . On joue la sécurité : finir l’étape et on regardera la performance dans un second temps ! »
L’organisation s’était d’ailleurs réservée la possibilité de neutraliser la course à Grand’Rivière, d’organiser un éventuel ralliement avant de relancer un second départ plus à l’abri sous le vent de l’île, du côté du Prêcheur.
Finalement les conditions ont été suffisamment clémentes pour permettre à toute la flotte de F 18 et F 16 de franchir ce cap si redouté, même si le passage leur a donné du fil à retordre. Sur l’eau, c’était un peu le festival du dessalage plus ou moins maîtrisé. Dans l’opération, la Classe F16 perd ses favoris Emmanuel Le Chapelier / Eric Le Boedec (Befoil 16 Carbone) suite à la casse de leur castaing bâbord. La compétition est donc totalement relancée pour cette classe qui ne compte plus que quatre équipages en compétition
Avant Jury, au Carbet, en F18, le duo Matthieu Marfaing/Jean Boulogne – MM Sailing – s’impose d’une toute petite longueur devant Lou Mourniac/ Pierre-Yves Durand – Acomalis – et Nicolas Gillet associé à Ian Girod sur Socoveam Anmizi –
En F16, Christophe Sainglain s’adjuge la victoire devant les belges Peter Vaes/ Wout Leeman et Bérengère Kieffer / Pascal Marchais – Uship.
Ils ont dit :
Matthieu Marfaing/ Jean Boulogne – MM Sailing
“Cette étape, c’était un petit peu la guerre quand-même ! Comme on avait eu des petits soucis de préparation, on l’a un peu payé hier [6e après avoir perdu leur spi]. Aujourd’hui on a aussi eu des problèmes : le safran sous le vent qui n’arrêtait pas de se relever. C’était vraiment la galère, à la limite de dessaler. On voulait quand-même attaquer parce qu’on sentait qu’on était rapide, mais on n’était pas en totale confiance. A une des premières bouées de parcours, on a pris une grosse rise qui nous a fait dessaler, heureusement sans casse ! On a ressalé très vite, en moins d&r squo;une minute mais on a dû faire 3 ou 4 dessalages en très peu de temps. On a fait le point avant de renvoyer posément. Il y a eu pas mal de passages à niveau qui nous ont permis de revenir et on saisit une très belle opportunité pour prendre la tête et nous imposer. On est un tout petit plus à l’aise que Lou [Mourniac] dans les zones de transition mais chapeau bas à elle parce que les conditions n’étaient pas du tout évidentes. Ils ont fait ce qu’il fallait sans perdre beaucoup de temps et sont encore loin devant au général. On est tout de même satisfait de notre manche, il y a encore du travail sur le bateau, mais on a la vitesse donc encore de belles choses à montrer pour la suite.
Lou Mourniac – Pierre-Yves Durand – Acomalis
“On appréhendait cette manche et les conditions musclées avec un passage de Grand’ Rivière sportif. On a pris un très bon départ, directement dans le bon paquet devant : ça jouait bien, c’était sympa. Tout le monde s’est un peu fait surprendre à Grand’Rivière ; nous, un peu moins que les autres parce qu’on n’a pas dessalé mais on s’est fait quand-même fait dépassé juste après. Notre stratégie sur cette manche, c’était de rester dans le paquet de tête, ce qu’on a réussi à faire. Au final on termine deuxièmes à moins de trente secondes du premier : on est très contents !”
Nicolas Gillet – Ian Girod – Socoveam Anmizi
“On est partis persuadés qu’il y avait des rappels individuels sans savoir si on était dedans ou pas : ça fait une première heure pas sereine avec beaucoup de doutes, même si on tenait le rythme avec les trois premiers. Après Grand’Rivière, les conditions ont vraiment monté ; on dessale un peu bêtement sur un doute de parcours qu’on n’aurait pas dû avoir. Ensuite on fait une bonne option à terre qui nous permet de revenir pas très loin derrière les deux premiers. On aurait pû faire beaucoup mieux je pense, mais c’est comme ça et j’aurai signé tout de suite pour cette place ! On fait 3 hier, 3 aujourd’hui, on est régulier et la régularité est essentielle en cata Raid”
Emmanuel Le Chapelier / Eric Le Boedec – Befoil 16 Carbone
“On a accroché un filet de pêche dans la grande descente et comme on allait assez vite, le castaing bâbord [ pièce qui tient le safran] a cassé net. Dans ces conditions de mer et de vent, impossible de finir la course ! La Martinique Cata Raid 2023 s’arrête aujourd’hui pour nous : la pièce, qui est tout en carbone, n’est pas réparable. Ça fait partie du jeu, c’est un sport mécanique.
On est quand-même super content : le bateau est tout neuf, on était venu ici pour “tester” le bateau. Malgré cette casse on a vu beaucoup de choses, notamment que le bateau va bien, et aussi toutes les petites choses qu’on avait à améliorer. Pour nous, la semaine est positive ! On était venu chercher des axes de travail : naviguer en volant, en archimédien et en confrontation. On gagne hier dans notre catégorie, là on casse alors qu’on est en tête ; on a vu plein de positif, c’est déjà super bien !”