100 jours seuls face aux éléments
A peine à la moitié du chemin… les rescapés de la Golden Globe Race, l’ancêtre du Vendée Globe, ce tour du monde sans GPS et sans technologie, viennent de passer leur 100e jour seuls au milieu des océans.
Face à des conditions très rudes, la flotte a été fortement réduite : échouage, bateau qui sombre mystérieusement au large de l’Afrique du sud, casses, abandons… sur les 16 concurrents à s’être élancés des Sables d’Olonne, seuls 8 sont encore en course pour réaliser l’exploit : boucler la plus longue épreuve sportive au monde.
Une aventure digne d’un scenario Netflix
Damien Guillou (PRB), l’un des favoris, a été contraint à l’abandon alors qu’il réalisait un exploit en rattrapant ses concurrents après avoir réparé une première casse.
Mi-novembre, le bateau du Finlandais Tapio Lethinen, a mystérieusement coulé en quelques minutes au large de l’Afrique du Sud. Après 24 heures dans un radeau de survie, il a été secouru par la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer (Minnehaha). « Je suis allée le chercher, nous avons partagé un verre de Rhum », a-t-elle confié alors que Tapio embarquait sur un cargo avant d’être déposé à Jakarta (Indonésie) la semaine dernière. Actuellement deuxième au classement, la seule femme de l’aventure continue la course en bonne position.
Il y a aussi le benjamin de la flotte, Elliott Smith (27 ans) qui a cassé son bout-dehors, a réparé et continue coûte que coûte au cœur des mers du Sud sous voilure réduite. La direction de course l’a surnommé le « Moitessier Américain » car, comme son illustre aîné, il a fait de sa progression une quête existentielle.
« J’ai été tellement épuisé de colère contre le bateau, la météo et la mer que j’ai dû apprendre une forme de lâcher prise », a-t-il confié comme un mantra.
Une épée de Damoclès : le compte à rebours est lancé
La flotte se divise actuellement en trois groupes.
Un trio se dégage à l’avant, mené par Simon Curwen qui compte 640 milles d’avance sur ses deux poursuivants, la Sud-Africaine Kirsten Neuschäfer et l’Indien Abhilash Tomy.
Ce trio sera logiquement le premier à atteindre la porte d’Hobart, en Tasmanie, entre le 20 et le 30 décembre.
Derrière, un duo formé par l’Autrichien Michael Guggenberger et le Sud-Africain Jeremy Bagshaw progresse dans les mers du Sud. Eux devraient passer la porte d’Hobart entre le 1er et le 10 janvier
L’enjeu est d’importance : tous les engagés doivent passer cette fameuse porte située au sud de la Tasmanie avant le 31 janvier prochain.
« L’objectif, c’est d’aborder le Cap Horn, qui est le passage le plus impressionnant de ce tour du monde, dans les conditions clémentes de l’été austral, précise le directeur de course, Sébastien Delasnerie. Après, le temps risque de se dégrader ».
Pour le 3e groupe, composé du Britannique Ian Herbert-Jones et d’Elliot Smith, qui avancent non loin de la longitude de Madagascar, le temps presse donc. Cela semble encore plus compromis pour l’Anglais Guy Waites, actuellement arrêté en Afrique du Sud.
Au milieu de l’océan : sans technologie ni Père Noël, sans contact ni festivités
« Tous ont prévu un repas spécial, une bouteille de vin ou de champagne et pourront ouvrir les cadeaux préparés par leurs familles aux Sables d’Olonne en septembre dernier », raconte le directeur de course. Mais pour certains, englués dans la lessiveuse des mers du sud, le répit sera difficile. « La mer y est très formée, tout est humide, il fait froid ».
Un étrange Noël au milieu des océans, une quête, une aventure unique au monde, qui dépassera les 200 jours.
Le premier pourrait rejoindre les Sables d’Olonne mi-avril 2023.