Effets accordéon
Alors que le tiercé gagnant en Ultim 32/23 de cette 12e Route du Rhum – Destination Guadeloupe est désormais connu, tout reste encore à faire dans les autres classes et catégories. C’est d’autant plus vrai que le contexte météo reste compliqué sur la route des Antilles. Ce jeudi, les Ocean Fifty et les leaders en IMOCA composent avec des vents très instables, à la fois en force et en direction, qui ont pour effet de faire puis défaire les écarts au sein de la flotte. Une situation qui n’est, pour l’heure, pas très favorable aux leaders, Quentin Vlamynck (Arkema) comme Charlie Dalin (Apivia) ayant vu l’un et l’autre fondre une partie de leur avance ces dernières heures. Même tendance en Class40 où à la sortie d’un énième front en milieu de nuit dernière, Yoann Richomme (Paprec-Arkea) a perdu lui aussi quelques milles sur la concurrence. Dans ce contexte, après une semaine de course, le match reste plus ouvert que jamais, grand ouvert, d’autant que les conditions à venir sont, encore une fois, loin d’être limpides.
Ce qu’il faut retenir :
Le podium des Ultim 32/23 de cette 12e édition de La Route du Rhum – Destination Guadeloupe est désormais connu. Il est composé, dans l’ordre, de Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), François Gabart (SVR Lazartigue) et Thomas Coville (Sodebo Ultim 3).
Contraint à l’abandon à la suite d’un violent choc avec un OFNI, Matthieu Perraut a rallié Ponta Delgada, aux Açores. Sur place, le skipper d’Inter Invest et son équipe ont fait preuve d’une belle solidarité en choisissant de prêter leur mât à Axel Trehin (Project Rescue Ocean) afin que ce dernier, confronté pour sa part à la rupture d’une barre de flèche, puisse reprendre la course.
Emmanuel Le Roch (Edenred), qui avait réalisé une escale technique aux Açores, a repris sa course peu après 19 heures hier soir. Kéni Piperol (Captain Alternance) qui avait fait de même à la suite d’une voie d’eau à La Corogne, devrait faire de même ce jeudi 17 novembre en fin d’après-midi.
« On galère un peu en ce moment. Il y a de gros nuages et pas mal de grains qui font parfois monter le vent jusqu’à 30 nœuds, mais aussi des zones de molle. La situation n’est pas stable. Régulièrement, il faut gérer de grosses bascules jusqu’à 30 voire 40°, pas toujours dans le bon sens. Ce n’est pas facile. J’ai l’impression que les autres tracent des lignes plus droites que moi », a commenté Quentin Vlamynck (Arkema) qui n’a pas d’autre choix que de s’adapter et de garder les yeux bien ouverts. « Je regarde tous les concurrents. J’essaie de ne pas s’éloigner d’eux. Il faut faire attention de ne pas se faire piéger dans son coin. C’est plein de réflexions en permanence », a détaillé le vainqueur du Pro Sailing Tour 2022. Même chose ou presque du côté des IMOCA où, dans ce contexte délicat, Charlie Dalin a vu son avance considérablement se réduire ces dernières 24 heures, passant de 74 milles à 21 milles sur son dauphin, Thomas Ruyant (LinkedOut). « Le vent n’est vraiment pas simple à lire. Sur l’eau, il y a de gros écarts d’angles et de vitesse. A certains moments, ça file à 20 nœuds et à d’autres ça s’arrête. Ce n’est pas seulement lié aux différents grains, ça l’est aussi au vent lui-même. On a l’impression de faire tous les bords à l’envers », a indiqué Jérémie Beyou qui doit, comme les autres, constamment revoir ses réglages et adapter son plan de voilure. « Il faut rester en permanence à l’écoute du bateau et faire du mieux possible au gré du vent. On y va un peu en tâtonnant », a ajouté le Finistérien. C’est un fait, la situation météorologique actuelle sur sa zone de course n’est pas des plus classiques. Le fameux anticyclone des Açores, dont lui et ses adversaires sont en train de finir de faire le tour, affiche une forme pour le moins inhabituelle, plus plate que ronde, formant ainsi une sorte de grande barrière à travers l’Atlantique et obligeant les solitaires à tirer des bords plein vent arrière pendant encore au moins 24 ou 36 heures. « On n’a pas le traditionnel effet « aile de mouette ». Ce n’est pas tranché. Ce sont de petites ondulations et ce n’est pas simple. Ce n’est pas fini quoiqu‘il arrive. Il y a encore pas mal d’empannages à faire et la route est encore longue ! », a rappelé le skipper de Charal qui doit, dans l’immédiat, faire preuve d’un peu de patience tout en ajustant au mieux sa trajectoire en vue de la suite.
Enfin les bulles à l’avant des Class40 !
Chez les Class40, plus à l’arrière, la donne est un peu différente. Ces dernières heures, le gros du peloton a dû négocier un énième front, plus faible, certes, que les précédents, mais que les solitaires ont eu un peu de mal à traverser. « Il a mis énormément de temps à venir et on a mis du temps à se retrouver de l’autre côté. On a fait du près un peu comme on pouvait. Dans la foulée, toute la garde de robe du bateau y est passée en moins d’une heure ! », a relaté Yoann Richomme (Paprec-Arkea), pas mécontent d’évoluer sous spi, ce jeudi. Une première en huit jours de course. « C’est cool d’avoir enfin libéré les chevaux. Il faut toutefois se réhabituer, gérer les premiers grains, reprendre les bons positionnements et aussi les bonnes écoutes pour pouvoir être réactif en cas de survente », a indiqué le leader de la flotte qui doit, comme ses copains en Ocean Fifty et en IMOCA, composer avec d’importantes différences de pression du vent. « Ce sont des choses qui sont monnaie courante une fois que l’on est au portant. Les écarts se font et se défont alors encore plus vite », a observé le tenant du titre qui a, de fait, concédé près de dix milles à Corentin Douguet (Quéguiner – Innoveo), son plus proche poursuivant, depuis la sortie du front. « Notre mission dans les prochaines 24 heures, c’est d’aller faire un empannage sous l’anticyclone. Une aile de mouette (ndlr : la fameuse !) qui nous permettra de remettre le cap au sud-ouest, avec des zones de transition pas très claires à gérer en sortie, et plutôt défavorables aux leaders », a déploré Yoann Richomme. De quoi détendre une nouvelle fois l’élastique et contenir le suspense !