Le 6 novembre prochain, c’est-à-dire dans moins de trois semaines désormais, le coup d’envoi de la 12e édition de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe sera donné au large de Saint-Malo. Pour les 138 marins en lice, la dernière ligne droite est donc clairement engagée et Aurélien Ducroz ne déroge pas à la règle. Pour le skipper du Class40 Crosscall, l’heure est aux derniers préparatifs et aux ultimes entraînements. Parallèlement, l’excitation des grands évènements devient palpable. Et pour cause : s’aligner au départ de la plus mythique des transatlantiques en solitaire surtout pour la première fois n’a rien d’anodin, surtout lorsque l’on est Chamoniard et anciennement champion du Monde de ski Freeride. Mais le navigateur, sacré Champion du Monde de la classe en juin dernier à la Rochelle, n’aime rien de plus que les challenges d’envergure et il le sait, ce n’est pas tant par l’accomplissement de ce défi que par l’expérience engrangée qu’il va y gagner !

Se lancer des défis, c’est accroître ses capacités et ses connaissances. Cela, Aurélien Ducroz l’a bien compris, et depuis longtemps. « La Route du Rhum, c’est un énorme truc. Je suis un peu en admiration devant l’évènement. J’ai une chance incroyable d’y participer et en ce sens, je me sens un peu comme un enfant qui a droit à un gros cadeau. Je suis super heureux et aussi super fier que l’on ait réussi à monter ce projet avec Crosscall et mes autres partenaires. C’est un pari qui a été lancé pendant la période Covid. Il a démarré d’une feuille blanche. On est parvenu à le mettre sur pied et à accoucher d’un prototype vraiment performant », explique le skipper du Lift V2 Crosscall, vainqueur, cette saison, du Championnat du Monde de Class40 en équipage.
« J’évolue dans de supers conditions, avec une équipe très soudée autour de moi et des partenaires à fond. Cela me permet d’aborder la transat en étant à la fois satisfait, serein et heureux mais je ne minimise pas le défi qui m’attend », note le Chamoniard qui aura face à lui pas moins de 55 concurrents dans sa catégorie (la plus représentée de l’épreuve), parmi lesquels des pointures venues tout droit du très exigeant circuit des Figaro Bénéteau, à l’image de Yoann Richomme, le tenant du titre, mais aussi de Xavier Macaire ou encore de Corentin Douguet, pour ne citer qu’eux.
« Je prends ça comme une chance d’avoir l’opportunité de me battre avec eux, avec les mêmes armes. Ce qui m’éclate, dans la compétition, qu’elle que soit la discipline, c’est l’adversité. C’est dans ce contexte que l’on peut élever son niveau et dépasser ses limites. J’ai envie de faire une belle course. Le Class40 Crosscall a tout le potentiel pour gagner, il a été conçu pour ça. En même temps, il faut être conscient de la concurrence au départ, et du fait que ce sera ma première Route du Rhum. Un top 5 ou un top 10 serait déjà une excellente performance. Il va surtout falloir rester concentré du début à la fin pour ne pas faire d’erreur.», relate le skieur-navigateur qui a déjà l’expérience de cinq Transatlantiques en double et une traversée en solitaire, la Mini Transat en 2011.

De la confiance engrangée à tous les niveaux

Ces dix dernières années, il a engrangé de précieux milles et de l’expérience sur des courses prestigieuses comme le Tour de France à la Voile mais aussi et surtout la Transat Jacques Vabre qu’il a disputée à trois reprises, signant notamment une belle 5e place en 2019 au côté de Louis Duc en Class40. « J’arrive gentiment à maturité », observe le navigateur qui a construit sa nouvelle carrière de marin pas à pas, sans jamais chercher à brûler les étapes. « Cela me permet aujourd’hui d’appréhender les choses assez simplement. L’équipe a fait un boulot de dingue et cela m’apporte beaucoup de confiance. Je peux dire que plus l’échéance du Rhum approche, plus je me sens bien et prêt », assure le Haut-Savoyard.
De fait, les problèmes de dos qui l’avaient contraint à renoncer à la Drheam Cup en juillet dernier sont désormais derrière lui, et la pause estivale lui a fait le plus grand bien après deux années sur les chapeaux de roues. « Durant trois semaines, j’ai pu bien me reposer et rattaquer en pleine forme le 15 août sans, finalement, avoir raté grand-chose », précise Aurélien qui a, depuis, enchaîné trois semaines de relations publiques en Méditerranée, multiplié les entraînements avec notamment une navigation pour le moins tonique le long des côtes portugaises qui a permis de bien éprouver le matériel, puis réalisé un check-up complet de sa monture. « Nous terminons un chantier d’une dizaine de jours. Un chantier lors duquel tout a été passé au crible », précise le skipper qui a profité de l’occasion pour changer différents bouts, comme la drisse de grand-voile qui n’avait jamais été remplacée depuis la mise à l’eau du bateau.

Retour au solo !

« Les petits problèmes de systèmes que l’on avait rencontré l’an dernier sont réglés. Tous les points faibles que l’on pouvait avoir ont été blindés. Ces dernières semaines, on a cumulé de nombreux milles sans allonger notre job-list, ce qui est forcément satisfaisant », commente l’ancien champion du Monde de ski Freeride qui vient de remettre à l’eau le Class40 Crosscall ce lundi avec de nouvelles voiles avant de réaliser le convoyage de son bateau jusqu’à Saint-Malo en fin de semaine. « A partir de maintenant, les choses vont aller vite. Je ne sens pas encore trop la pression mais je sais qu’elle va commencer à monter petit à petit. Le solo est un exercice très différent du double ou de l’équipage. Je vais devoir réussir à me faire confiance dans la durée. Pour cela, en ce moment, je fais beaucoup de visualisation mentale. Je me rappelle les manœuvres et je tente d’imaginer toutes les situations possibles. Je sais que quoi qu’il arrive, ce sera une expérience de dingue ! ».

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