Huit skippers s’élanceront sur La Route du Rhum – Destination Guadeloupe à bord de ces multicoques de plus de 30 mètres. Les dernières innovations et les avancées technologiques permettent aux plus récents non seulement de voler mais aussi de s’y maintenir le plus longtemps possible, ce qui pourrait affoler les compteurs. L’appétit de ces géants pour la victoire pourrait également faire voler en éclat le record détenu depuis quatre ans par Francis Joyon (7 jours, 14 heures, 21 minutes).

Une bataille au-dessus de l’eau, un sprint haletant et une confrontation entre les bateaux à voile les plus rapides et les plus performants de la course au large, ces mastodontes de 32 mètres de long et 23 mètres de large. Les Ultim 32/23 promettent un grand spectacle lors de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe et celui-ci débutera dès leur arrivée à Saint-Malo. D’ailleurs, ces géants des mers seront pour la première fois amarrés dans les bassins aux côtés des autres participants. Ils prendront également part à la parade, prévu le mardi 25 octobre, aux côtés des Ocean Fifty.

Le jeu s’annonce particulièrement ouvert

Dès le top-départ, dimanche 7 novembre, les Ultim32/23 donneront le tempo pour se livrer un « match dans le match » qui s’annonce de haute volée. Quatre ans après le duel remporté de justesse par Francis Joyon (IDEC) devant François Gabart, le jeu s’annonce particulièrement ouvert entre les prétendants à la victoire finale. Si Charles Caudrelier (48 ans) disputera sa première transatlantique en solitaire à bord du Maxi Edmond de Rothschild, son maxi-trimaran a été soigneusement éprouvé, fiabilisé, tout en signant des résultats probants depuis sa mise à l’eau en juillet 2017. Malgré une tentative avortée autour du monde (novembre 2020), il s’est imposé en double sur la Transat Jacques Vabre (novembre 2021), en équipage sur les courses d’avant saison (juillet 2022) et en solitaire lors d’une confrontation début octobre.

Lors de la Finistère Atlantique, le Maxi Edmond de Rothschild avait longuement bataillé avec le Maxi Banque Populaire XI, 2e à 26 minutes après plus de 3 100 milles parcourus. Après deux ans de chantier et une mise à l’eau en avril 2021, Armel Le Cléac’h a déjà effectué à son bord l’équivalent d’un tour du monde dont une 3e place sur la Transat Jacques Vabre (2021). Quatre ans après avoir chaviré, le skipper se présente à nouveau comme un des favoris de l’épreuve.

À leurs côtés, François Gabart, déjà vainqueur de l’épreuve en IMOCA en 2014 et 2e de la dernière édition, alignera SVR-Lazartigue. Mis à l’eau juillet 2021, 2e de la Transat Jacques Vabre, le skipper s’est illustré en signant le record de la Méditerranée cet été. Il s’est évertué à peaufiner ses automatismes à bord, lui qui n’a plus disputé de course en solitaire depuis la dernière Route du Rhum – Destination Guadeloupe.

Des profils variés et des démarches différentes

Le tenant du titre, Francis Joyon, est lui aussi de retour. À bord d’un bateau, IDEC, invaincu lors des trois dernières éditions (en 2014 sous les couleurs de Banque Populaire et en 2010 avec Groupama), il tentera de relever l’incroyable défi de s’offrir une 2e victoire consécutive. Seul Laurent Bourgnon y était parvenu avant lui en multicoque (1992, 1998). « Je sais que j’ai une petite chance de l’emporter, même s’il s’agit de la 17e année de mon bateau », sourit Francis Joyon.

Il s’alignera notamment face à Thomas Coville qui s’apprête à disputer la mythique transatlantique pour la 7e fois. Le skipper de Sodebo ne manque pas d’ambition : il l’a prouvé lors des 24H Ultim, en remportant les runs de vitesse puis en terminant 3e (à 1h 38 min de Charles Caudrelier). De son côté, Yves Le Blevec (Actual) se présente avec sérénité sur la ligne de départ. En plus d’une préparation classique, il a effectué dix jours de vélo (140 km quotidiens) afin de parfaire sa condition physique et son mental.

À bord de l’ex-Actual renommé Mieux, Arthur Le Vaillant s’est lancé en Ultim 32/23 après des courses en Class40 et en Ocean Fifty. Il aspire avant tout à boucler la course et à s’offrir les joies de l’arrivée. À 34 ans, Arthur souhaite en profiter pour passer les messages qui lui tiennent à cœur en matière de respect de l’environnement. Une démarche qui le rapproche de Romain Pilliard (Use it Again! By Extia) qui aspire à promouvoir l’économie circulaire. Ils seront donc huit sur la ligne de départ et la plupart n’ont qu’un rêve : s’offrir une prestigieuse victoire et le record de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe, établi il y a 4 ans à 7 jours, 14 heures et 21 minutes.

Ils ont dit

Armel Le Cléac’h (Maxi Banque Populaire XI) :

« La Route du Rhum – Destination Guadeloupe est une course mythique qui me fait rêver depuis que je suis gamin. Le Team Banque Populaire s’est investi sans compter afin de concevoir le Maxi Banque Populaire XI, le préparer, l’éprouver et le fiabiliser. Depuis sa mise à l’eau, en avril 2021, nous avons ainsi parcouru l’équivalent d’un tour du monde. Les deux dernières éditions de la Route du Rhum ont été douloureuses pour moi (forfait en 2014, abandon en 2018) mais nous savons qu’il faut être persévérant, se battre et ne rien lâcher. Ces derniers mois, nous nous attachons, à chaque navigation, à soigner chaque détail et à engranger de la confiance à bord. Ce sera nécessaire avant d’aborder la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en étant le mieux armé possible. »

François Gabart (SVR-Lazartigue) :

« Ma dernière course en solitaire remonte à la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2018. J’ai eu en revanche la chance de pas mal naviguer en solitaire les années précédentes avec le cycle Transat Anglaise en 2016 (vainqueur avec MACIF), tour du monde en 2017 (record en 42 jours 16h40’35’’) et la Route du Rhum – Destination Guadeloupe en 2018 (2e). Malgré cette expérience et ces nombreux milles en Ultim 32/23, ça reste un exercice hyper sollicitant. Rien n’est jamais acquis, il faut toujours progresser et c’est passionnant. Il s’agit d’un challenge à la fois physique et mental et les deux sont indissociables, c’est ma vision de la recherche de l’excellence et de la performance. Ça reste un privilège extraordinaire de naviguer en solitaire sur ces bateaux. Il faut donc prendre chaque navigation en solitaire comme un cadeau et profiter de pouvoir réaliser un rêve d’enfant. »

Yves Le Blevec (Actual) :

« J’ai grandi avec la Route du Rhum. J’avais 13 ans lors de la première édition et je l’ai vécue au jour le jour. C’était la première transatlantique française, il y avait une grosse flotte au départ et puis l’arrivée a été complétement mythique. La Route du Rhum a basculé dans la légende. Et y participer, c’est une façon, aussi, de rentrer dans cette légende. J’ai eu le privilège et le plaisir de prendre le départ à deux reprises en Multi50. Même si j’ai réussi à aller au bout les deux fois, ça reste de gros regrets car rien ne s’était déroulé comme prévu. Aujourd’hui, j’y vais avec un bateau capable de gagner. Je ne suis pas le seul certes mais c’est possible : le bateau est taillé pour, l’équipe aussi, moi aussi. Forcément, cette édition prend donc une saveur toute particulière. »

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