A la croisée de l’histoire
Les 30 skippers des catégories Rhum Mono et Rhum Multi, sur la Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022, s’apprêtent à s’élancer pour un périple de près de trois semaines à travers l’Atlantique. Au sein de ces deux catégories où la bagarre pour la victoire s’annonce particulièrement disputée, ils renouent ainsi avec l’ADN de la plus iconique des courses au large et sa première édition qui avait marqué l’histoire.
Il est impossible de participer à la Route du Rhum-Destination Guadeloupe sans convoquer l’histoire. La course a connu ses lettres de noblesse et sa renommée dès la première édition en 1978. Son idée originelle et originale avait séduit, déjà, par le fait que les bateaux de toutes catégories pouvaient y prendre part. Et puis il y a eu le dénouement, la victoire pour 98 secondes par Mike Birch devant Michel Malinovski. 44 ans plus tard, ils sont 30 skippers, 16 en Rhum Mono et 14 en Rhum Multi, à s’inscrire à leur façon dans le prolongement de ce duel historique.
Rhum Mono, des bateaux de légende
Il y a chez chacun d’entre eux la volonté de prendre part à une aventure unique, ressentir le frisson d’un départ à couper le souffle et goûter aux joies d’une transatlantique. Leur premier objectif est commun : résister aux aléas météorologiques, aller au bout et parvenir à rallier Pointe-à-Pitre. Tous emporteront avec eux un bout d’histoire de la Route du Rhum et de la course au large. Et tous aspirent, à bord de leurs bateaux particulièrement compétitifs, à tout donner pour viser la victoire et les places d’honneur.
Chez les Rhum Mono, le public pourra ainsi admirer Pen Duick III d’Arnaud Pennarun, Kriter VIII (Wilfrid Clerton, Cap au Cap Location) ou encore le fameux Cigare Rouge de Catherine Chabaud (Fomatives ESI Business Schoof pour Ocean As Common). Parmi les visages connus par les amateurs de course au large, Jean-Pierre Dick sera également de la partie à bord de son JP54 rebaptisé ‘Notre Méditerranée – Ville de Nice’.
Rhum Multi, « la classe la plus éclectique »
Chez les Rhum Multi, la course s’annonce également passionnante et tout aussi disputée. Pour Charlie Capelle, qui s’apprête à la disputer pour la 6e fois, il s’agit de la catégorie « la plus éclectique, avec des bateaux allant de 39 à 63 pieds ». Le skipper d’ACAPELLA-La chaîne de l’espoir ajoute : « il y a un plateau sympa avec des anciens coureurs et des amateurs éclairés ». Parmi eux, il y a Philipe Poupon, vainqueur en 1986 et 4 participations au compteur. Il a repris Pierre-1er, le bateau qui avait permis à Florence Arthaud de s’imposer en 1990, pour goûter à nouveau à l’aventure.
À ses côtés sur la ligne de départ, les expérimentés Marc Guillemot (Metarom MG5), Halvard Mabire (GDD) et Gwen Chapalain (Guyader – Savéol). Figure incontournable de la course au large, Roland Jourdain, deux fois vainqueur de la Route du Rhum (2006 et 2010), s’élance quant à lui avec un catamaran mis à l’eau cette année. Son bateau, We Explore est composé à 50% de fibre de lin, une innovation qui attirera à coup sûr les regards. De son côté, Etienne Hochedé savourera sans doute encore plus sa présence au départ : en juillet dernier, il avait chaviré à bord de son trimaran PIR2 à proximité de la Cornouaille. Le skipper s’est employé comme jamais pour le remettre sur pied et pouvoir goûter, comme les autres, aux joies de la Route du Rhum – Destination Guadeloupe.
À noter enfin que plusieurs ‘régionaux’ seront également engagés dans ces deux catégories. Côté Malouin, on compte en effet la présence de Julien Reemmers (Fédération du commerce en pays de St Malo) en Rhum Mono, de Loïc Escoffier (Lodigroup) et de Fabrice Payen (Ille-et-Vilaine Cap vers l’inclusion) en Rhum Multi. Par ailleurs, le Guadeloupéen Willy Bissainte (Tradisyon Gwadloup) tentera l’aventure pour la 3e fois.
Ils ont dit :
Catherine Chabaud (Formatives ESI Business Schoof pour Ocean As Common) :
« Depuis que j’ai arrêté la compétition il y a 20 ans, j’ai consacré toutes ces années au développement durable, à la transition énergétique et à tous les enjeux liés à la mer. Mais plus je parle de la mer, moins je la pratique. J’avais envie de retrouver le goût du large, l’intimité avec l’océan, le bonheur d’être seule sur mon bateau. Cela permet également de mettre un coup de projecteur sur toutes les initiatives que je porte au Parlement européen. J’avais très envie, alors que je fête mes 60 ans à la fin du mois de novembre, de me fixer ce nouveau challenge ».
Roland Jourdain (We Explore) :
« C’est très émouvant de revenir à la Route du Rhum qui fait depuis longtemps partie de ma vie. L’idée, ce n’est pas d’être le plus rapide mais le plus ‘propre’ possible en matière environnementale et espérer, modestement pouvoir servir d’ouvreur de voie. Le monde bouge et il parait essentiel que la course au large reste une sorte de phare en la matière. Le bateau est donc construit à 50% à partir de fibre de lin, soit un hectare de lin, ce qui n’a jamais été fait pour un bateau aussi conséquent. C’est un peu un voyage en terre inconnue mais le challenge est très excitant. Et je trouve sympa de retrouver dans la catégorie des camarades que je connais depuis de nombreuses années ».
Charlie Capelle (ACAPELLA-La chaîne de l’espoir) :
« Je m’apprête à disputer la Route du Rhum – Destination Guadeloupe pour la 6e fois. Et c’est toujours un moment à part : un rêve d’abord et un investissement en tout point, à la fois personnel, financier et physique. Il y a toujours une pointe d’appréhension au départ au vue de la foule et des bateaux qui nous entourent. Le plateau est particulièrement sympa au sein des Rhum Multi, il y a des amateurs éclairés et d’anciens coureurs. Je n’ai pas plus de pression que les autres mais je sais que le risque est un peu plus élevé : à bord d’un 38 pieds, c’est toujours plus compliqué lorsqu’on doit faire face au mauvais temps. J’ai la chance de partir chaque année avec le même bateau. En termes de bilan carbone, je fais partie des meilleurs ! »