C’est à réviser la palette des micro-réglages et de l’analyse millimétrée du plan d’eau qu’étaient conviés les 800 et quelques marins de Maxi Yachts engagés dans la première journée de course des Voiles de Saint-Tropez, version Maxis. Le léger flux d’Est a ainsi été exploité dans ses moindres variations par les quatre groupes de Maxis en lice, engagés dans une double boucle dans le golfe. Surtoilés, avec des tirants d’air plafonnant pour certains (Wallycento) à quelques 45 mètres, ces grands racers sont parvenus à tirer la quintessence des conditions proposées, peu économes de leurs efforts lors de la multiplication des changements de voiles, en quête de risées salvatrices. Dans ces conditions légères, on retrouve pourtant déjà aux avants postes les favoris de l’épreuve, Morgana et Jasi, chez les Maxi 1, Magic Carpet3, en Maxi 2, Capricorno, Maxi 3 ou Kiwi MagicKZ7, tous redoutables d’efficacité dans les choix de route les plus optimisées.

Morgana d’emblée…

Les 46 Maxis Yachts naviguent en flotte à Saint-Tropez, répartis en quatre groupes distincts définis par des critères de longueur et de jauge. Ce sont les grands sloops de plus de 30 mètres, répertoriés ici sous l’appellation Maxi 1 qui lançaient en ouverture des débats de la semaine. Face à un très léger flux d’Est, les géants, Wally, Swan, Hoek et autres Dubois impressionnaient déjà par leur facilité à décoller, créant leur propre vent pour s’échapper en tir très regroupé vers la bordure du golfe. Et déjà, la tentation des choix tactiques extrêmes divisait la flotte, Rambler88, à son grand dam, choisissant de poursuivre vers Sainte Maxime un bord très pénalisant, tandis que l’ensemble des concurrents s’engouffrait vers les Canoubiers. A l’issue d’un parcours raccourci, le Comité de course validait pour chaque groupe une manche. Morgana, le grand cruiser signe Reichel Pugh aura su jouer avec les risées du jour. Il est devancé ce soir au classement général provisoire par Pattoo (McKeown 2016), premier Maxi 1 en temps compensé.

Maxi 2 : Wallycento versus Maxi 72

Les trois « véritables » Wallycento, Magic Carpet3 (Reichel/Pugh 2013), Galateia (Reichel/pugh 2015) et Tango (Mills 2017) entendent bien dynamiser, voire dynamiter le Groupe Maxi 2. Leur affrontement avec les ex Maxi 72 Jethou, Cannonball et les chasseurs de records type Rambler 88 et Leopard3 s’annonce passionnant tout au long de la semaine, à commencer par l’opposition tout en subtilité du jour, durant laquelle Cannonball se distinguait en menant quasiment de bout en bout, avant de lâcher prise dans les dernières longueurs face à Magic Carpet3. Son très intéressant rating le propulse dès ce soir en tête des Maxi 2, devant les deux autres 72 pieds, North Star et Jethou.

Wallycento, une race à part !

Le Wallycento est une jauge qui s’appuie sur des règles dites « box rule ». Sa longueur est comprise entre 30 m et 30,48 m, son déplacement entre 45 et 50 tonnes, son tirant d’eau avec quille fixe est de 5 m, et de 6,2 m pour une quille relevable. Les propriétaires conservent la possibilité de gérer et de personnaliser leurs projets. Ils peuvent notamment choisir leur architecte et leur chantier en concertation avant l’avant-gardiste Luca Bassani, à l’origine de ce concept de 100 pieds futuristes, tous différents, mais pouvant régater à armes égales. Construit en 2012, le premier Wallycento Magic Carpet3 est sorti du chantier Green Marine à Southampton plan sur plan Judel-Vrölijk. Trois autres Wallycento ont depuis été construits, Galateia, Hamilton et le dernier né Tango. Ces quatre somptueux navires sont aux Voiles. Hamilton, un temps rebaptisé Open Season, a été rallongé à 107 pieds et sort donc de la jauge des Wallycento. Il navigue sous le nom de Spirit of Malouen X dans le groupe des « grands » Maxi 1.

Lyra prend date

Le Wally 77 Lyra, bien connu des podiums Tropéziens, n’a pas tardé lui non plus à prendre ses marques dans le golfe. Il a ouvert la route tout au long de la journée à ses douze protagonistes du groupe Maxi 3, à la lutte avec le sloop Italien Capricorno (Plan Reichel Pugh de 1995) sur lequel le poids des ans ne semble avoir aucune prise. Mais c’est bien Les Amis, le Swan 601 Monégasque qui leur dame le pion en temps compensé.

French Kiss retrouve Kiwi Magic KZ7…

French Kiss retrouve à Saint-Tropez un autre mythe de l’âge d’or des 12 m JI dans la Coupe de l’America, son contemporain Néo Zélandais Kiwi Magic KZ7 construit en fibre de verre en 1986. Aux mains de Chris Dickson, s’inclinera face à Stars&Stripes de Dennis Conner en finale de la Coupe à Fremantle.
Dès la première épreuve de la semaine, les deux 12 m JI millésimés 1986-87 se sont empoignés avec un bel entrain digne de leur glorieux passé. Quasiment bord à bord durant tout le parcours, ils ne se sont séparés que dans les derniers hectomètres, le voilier aux couleurs Néo-Zélandaise mais animé par un équipage Danois, Kiwi MagicKZ7, damant le pion aux français de French Kiss. On retrouve cependant en tête du provisoire ce soir, le vénérable Swan 65 Saïda, lancé en… 1973.

Dessiné par Philippe Briand, French Kiss a été construit en aluminium à quelques kilomètres de la Roche-sur-Yon, en Vendée, dans un hangar tenu secret, par le chantier Alubat. A sa barre, Marc Pajot signait en 1987 le meilleur résultat jamais obtenu par un syndicat français dans la Coupe de l’America.

Cedric Chateau, Spirit of Malouen X

Cédric Chateau, 41 ans, est directeur du Pôle Espoir Voile au Havre depuis 2007 et Directeur sportif du Normandy Elite Team depuis 2013. Il est aussi Coach de Camille Lecointre (médaillée de bronze aux Jeux Olympiques de 2016), de Jérémie Mion et a accompagné les premiers bords de Charlie Dalin, mais aussi de Pauline Courtois, championne du Monde de match race l’an passé, et qui l’accompagne cette semaine à bord du grand Wally 107 Spirit of Malouen X. Cédric mène aussi depuis peu une carrière de coureur au large. Il a récemment signé une troisième place sur la Transat Jacques Vabre à bord du Class40 Sogestran-Seafrigo. Il sera au départ le 6 Novembre prochain de sa première transat en solitaire, la Route du Rhum-Destination Guadeloupe, toujours en Class40.

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Signature de la charte Pelagos

Inscrit dans le cadre de la démarche environnementale promue par la Société Nautique de Saint-Tropez dans le cadre des Voiles, Roland Bruno, Vice-Président de la Communauté de communes du Golfe de Saint-Tropez, en charge de la compétence Espaces maritimes, a procédé, à la signature de la Charte Pelagos au nom de l’intercommunalité. Il s’agit d’un engagement en faveur de la protection des mammifères marins, notamment au travers de campagnes de sensibilisation auprès des usagers de la mer, de suivis d’observation, et d’interventions lors d’échouages des mammifères marins. Grâce à cette charte, une nouvelle étape va être franchie par la Communauté de communes dans son engagement pour la protection des mammifères marins et plus globalement pour la biodiversité et le développement durable.

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