A la faveur d’une légère modération du Mistral, et désireux de profiter d’un chaud soleil, tous les régatiers en lice, tant en Modernes que chez les Classiques piaffaient ce matin d’affronter les conditions musclées du jour, et de se tester dans le tonique vent d’Ouest. Qu’à cela ne tienne, dès 11 heures, les 132 voiliers Moderne cinglaient vers L’Escalet, pour un superbe parcours côtier au plus près du rivage, tandis que les 82 yachts classiques tentaient de gagner la zone de départ. Las, l’état de la mer et des rafales à plus de 30 noeuds n’autorisaient pas la tenue équitable des joutes pour les Classiques, et c’est à regret que cette partie de la flotte regagnait le port, non sans avoir préalablement régalé les chasseurs d’images, toujours aussi nombreux à Saint-Tropez. Les 5 Groupes IRC Modernes validaient quant à eux leur deuxième manche de la semaine.

Les TP 52 à la fête

Taillés pour la course, la régate et à l’aise dans le vent fort, les TP 52 ont eu aujourd’hui l’occasion et les ingrédients pour enfoncer le clou de leur suprématie dans le groupe des IRC C, support du Trophée BMW. C’est le Président du Yacht Club de Hong Kong, Karl Kwok et son TP 52 BeauGeste qui renouvelle sa performance de lundi, et s’impose au bout d’un sprint en apnée d’une heure trente sur le petit côtier du jour. Les deux autres TP 52, Jolt 3 de Peter Harrison, et Nanoq, tenant du titre, aux mains du Prince Frederik du Danemark, complètent cette belle domination des TP52. Chez les IRCB, en piste pour le Trophée North Sails, le mano a mano initié lundi entre le First 53 Yagiza de Laurent Courbin, et le Swan53 Bedouin de Linda Goddard s’est poursuivi dans la brise du jour. Les deux bateaux affichent ce soir chacun une victoire et une place de dauphin. Le Baltic5 Music et Mad IV, le Grand Soleil de Clive Llewellyn, devront hausser leur niveau de jeu pour titiller ces deux leaders. Joutes tout aussi disputées dans tous les autres groupes, notamment au sein du Trophée Suzuki chez les IRC D, qui affichent en temps réel, des écarts très ténus entre leaders.

Les goélettes subliment le golfe

L’absence de course pour les classiques n’est pas venu à bout de la motivation des plus grandes unités de la flotte des yachts de tradition, notamment les goélettes survitaminées du Trophée Rolex, stars parmi les stars. Shenandoah of Sark, Aschanti IV, Puritan et Elena of London s’en donnaient à cœur joie malgré des creux d’un mètre cinquante, quitte à giter très fort, comme en témoigne l’étonnante vision du barreur d’Elena, les pieds dans l’eau.

Le Jeudi, la Nioulargue revit à Saint-Tropez…

Le jeudi, tradition désormais bien comprise et appréciée des coureurs et propriétaires, c’est l’esprit de la Nioulargue et de son créateur Patrice de Colmont, qui est célébré, sur mer comme sur terre. Défis en tous genres, inter classes ou inter styles, Club 55 Cup ou course des Centenaires, on régate entre gentlemen du yachting, pour la beauté du geste et le plaisir d’accumuler de nouveaux prétextes à refaire, le soir venu, les régates du jour. La ligne de départ sous le Portalet est ouverte, et chaque capitaine s’élance après s’être annoncé au Comité de course. Sur terre, les marins sont invités à rivaliser d’imagination pour animer le toujours désopilant carnaval des équipages en direction du môle Jean Réveille où se tiendra la traditionnelle sardinade des Voiles.

Club 55 Cup, France et Tuiga en duel.

Depuis 2003, la Club 55 Cup rejoue le défi mythique de 1981 entre le 12 mJI Ikra, et le Swan Américain Pride. Entre le Portalet et la Nioulargue, deux voiliers se défient dans plus amical des climats. Vainqueur l’an passé, The Kid au Niçois Jean Pierre Dick, dans l’incapacité, Route du Rhum oblige, de remettre son titre en jeu face à un adversaire de son choix, a laissé au Comité d’Organisation légitimement désespéré, le soin de trouver des protagonistes. Choc des genres mais pas des cultures, c’est le 12 mJI France (1970) qui affrontera le 15 mJ Tuiga (1909).
Centenary Trophy du Yacht Club de Gstaad
Demain Jeudi, 11ème édition du Centenary Trophy, réservé aux voiliers centenaires. Ils seront 21 vénérables Classiques sur la ligne de départ du Portalet. Le double vainqueur de l’épreuve, Olympian (Gardner 1913), aura fort à faire pour défendre son titre face notamment à un autre ancien vainqueur, le redoutable Spartan (Herreshoff 1913).

Ils ont dit

Philippe Serenon, Président de l’Association Prop IRC

« Il s’agit d’une association de propriétaires qui regroupe les bateaux jaugés IRC. La course à handicap basée sur la Règle IRC a pour objectif de faciliter la pratique de la régate, pour un large éventail de quillards monocoques de course et de croisière, en établissant un système de mesure propre à classer des bateaux en compétition suivant un facteur unique de correction de temps ou de distance. Cela représente bon an mal an 3 000 adhérents. Pour recevoir un certificat de jauge IRC, il faut être membre de l’association, sachant qu’entre 500 et 800 certificats sont émis chaque année. L’association soutient ainsi les propriétaires et les courses. Nous avons des épreuves récurrentes comme la Massilia, la Snim, la Napoléon, l’Ar Men, ou le Spi Ouest-France, et deux championnats, l’un en Atlantique et l’autre en Méditerranée. Nous étudions l’idée d’une finale nationale avec le nouveau Class30 mis au point par l’UNCL et le RORC. Déjà 40 bateaux sont commandés à ce stade chez Multiplast. Les coureurs demandent de belles régates festives. Nous sommes gâtés ici à Saint-Tropez… »