Envol dans le golfe
Après un départ tranquille en début d’après-midi, la flotte des 28 IMOCA a nettement accéléré au milieu du golfe de Gascogne. En tête de course, les leaders sont encore au coude à coude, avec 11th Hour Racing en pointe pour le groupe TOR (The Ocean Race) et Apivia chez les solitaires. Mais le net renforcement du vent et les changements de voile attendus cette nuit pourraient voir les premiers écarts se creuser.
« Le vent ne va faire que se renforcer. Ces 48 heures vont partir par devant ! » prévenaient les skippers ce matin sur les pontons. Avec un vent de moins de 8 nœuds sur la ligne de départ, la prime allait d’emblée aux IMOCA trouvant du vent frais pour déborder la pointe de l’île de Groix avec de superbes images à la clef sous le phare de Pen Men.
Chez les 24 solitaires, Charlie Dalin sur Apivia mettait moins d’une heure à s’installer en tête de la course quand d’autres, à l’image d’Holcim – PRB (Kevin Escoffier) ou Hublot (Alan Roura) faisaient les frais d’un départ sous le vent de la ligne et accusaient déjà 4 milles de retard après une heure et demi de course…
Dans le quartet d’IMOCA naviguant en équipage (classement The Ocean Race), Biotherm, en retard sur la ligne, revenait quant à lui rapidement dans le match, à l’affut derrière 11th Hour Racing Team et Malizia Seaexplorer au coude à coude.
Du vent pour la nuit
Avec le renforcement graduel du vent dans l’après-midi, le jeu des chaises musicales allait bon train entre bateaux à dérives et foilers qui pouvaient commencer à se sustenter à plus de 15 nœuds. Auteurs de très bons départs, Louis Duc (Fives Lantana Environnement) et Benjamin Ferré (Monnoyeur – Duo for a job) cédaient rapidement leurs places, avec en pointe derrière Charlie Dalin, Jérémie Beyou (Charal) au rendez-vous de cette première course sur son nouveau plan Manuard. Le tandem se détachait d’un petit groupe emmené par Thomas Ruyant (LinkedOut), Romain Attanasio (Fortinet Best Western) et Maxime Sorel (VandB Monbana Mayenne). Dans des conditions encore instables, chacun soignait sa trajectoire à l’image de Justine Mettraux (TeamWork), bien revenue dans le match.
Quelle voile de portant ?
Avec un vent adonnant progressivement, les IMOCA commencent ce soir à lofer au-dessus de la route directe avant un empannage prévu en milieu de nuit. A l’heure de s’accorder une première petite sieste, chacun doit se poser la question de l’opportunité de changer de voile d’avant pour gagner sur la route et tendre sa trajectoire vers le waypoint 1, distant de 220 milles de Lorient. « La perte à la manœuvre est importante en solitaire » expliquait lors du live de départ notre consultant Christopher Pratt. « Ça peut parfois être rentable de conserver au maximum sa voile de départ, même si elle est objectivement un peu moins performante. Tout dépendra de la force du vent et du timing »
Sur les IMOCA du groupe TOR en revanche, il n’y aura pas de question à se poser et chacun trouvera dans ces manœuvres nocturnes un bon exercice de cohésion de l’équipage. Précisément ce que sont venus chercher ces IMOCA qui s’élanceront à la mi-janvier sur The Ocean Race.
Rendez-vous demain matin au large des Asturies où attend virtuellement le waypoint 1 pour une première hiérarchie après 200 milles de course.
Pointage 48h Azimut solo à 18h00
- APIVIA (Charlie Dalin) +0.0nm
- Charal (Jérémie Beyou) +0.0nm
- LinkedOut (Thomas Ruyant) +1.9nm
- V&B Monbana Mayenne (Maxime Sorel) +3.4 nm
- Fortinet – Best Western (Romain Attanasio) +4.3nm
- Teamwork (Justine Mettraux) +4.7 nm
- Monnoyeur – Duo for a Job (Benjamin Ferré) +4.9 nm
- Initiatives-Coeur (Samantha Davies) +5.0 nm
- Holcim-PRB (Kevin Escoffier) +5.4 nm
- Fives – Lantana Environnement (Louis Duc) +6.2 nm
…
Pointage 48h Azimut The Ocean Race à 18h00
- 11th Hour Racing Team (Charlie Enright)
- Malizia – Seaexplorer (Boris Herrmann) +2.3 nm
- Biotherm (Paul Meilhat). +4.5 nm
- Guyot Environnement – Team Europe (Benjamin Dutreux) +5.3 nm
Ils ont dit aujourd’hui
Jérémie Beyou (Charal) :
« Avec des conditions maniables, on est plutôt gâtés pour une première avec ce bateau tout neuf. Je vais essayer d’en profiter. Je commence à bien avoir mes marques, le bateau ressemble beaucoup au précédent au niveau des manœuvres. En termes de fiabilité, il y a forcément des petites surprises à droite, gauche ; j’espère juste que cela ne m’empêchera pas de faire la course sans trop de soucis. Mais en termes de performance pure, j’ai encore énormément de travail pour trouver les bons réglages. Hier, sur les runs, au final, il y a deux secondes de retard sur le plus rapide, parce qu’on n’a pas trouvé les bons réglages tout de suite. Il y a encore beaucoup de navigations à faire dans cet objectif là. Ces 48 Heures seront une bonne occasion d’emmagasiner de l’expérience là-dessus. Et entre les courses, j’ai toujours avec moi Franck (Cammas) qui me pousse fort pour avancer vite là-dessus ! »
Robert Stanjek (Guyot Environnement Team Europe) :
« Nous nous sommes longuement entraînés au large la semaine dernière mais c’est une première compétition pour cet équipage. C’est une chance de pouvoir se retrouver face à un tel plateau et de voir les bateaux et ce qu’ils vont faire. Pour moi l’obejctif principal de cette course est de faire progresser l’équipage en restant concentré sur la navigation, la tactique et le travail d’équipe. Le parcours est intéressant, assez simple avec peu de manœuvres, et c’est bien pour commencer. »
Louis Duc (Fives-Lantana Environnement) :
« Au-delà des nouveaux foilers, dont je ne parle même pas, parce que je ne joue pas dans la même catégorie, il y des petites nouveaux qui arrivent avec des bateaux à dérives. Il y a une petite guerre entre nous qui s’annonce sympa sur un parcours, qui mine de rien va nous demander de manœuvrer. L’objectif de ces 48 Heures, c’est de me remettre bien dedans en course après un long chantier. Mais il y a une grande première pour moi, puisque c’est la première fois que je vais courir en solitaire avec un mediaman. J’embarque Bertrand Duquenne ; et s’il ne touchera ni aux winchs, ni à la barre, j’espère échanger avec lui sur le matériel à avoir à bord pour faire mieux que ce que je fais actuellement. Même si je n’oublie pas que c’est une course avant tout ! »
Justine Mettraux (TeamWork) :
« C’est une première pour moi, et c’est sûr qu’il y a un peu d’appréhension avec l’envie de bien faire, et la dernière nuit n’a pas été forcément la meilleure nuit de ma vie. Je serai soulagée quand je serai rentrée dans la course, et quand j’aurai passé la première nuit. Les conditions devraient être plus faciles sur la fin du parcours. J’ai hâte d’y aller et de continuer à apprendre sur cet IMOCA. Il y a un super plateau, qu’on a rarement vu, avec des marins très expérimentés, des bateaux neufs qui vont sûrement performer même s’ils sont encore assez jeunes. La flotte est assez hétérogène, il y aura des écarts à l’arrivée entre les paquets. Mais je suis sûre aussi qu’il y aura des matchs dans le match. »
Manuel Cousin (Groupe SETIN) :
« Pour moi, c’est une échéance importante qui va me permettre de me jauger face à mes concurrents directs à bord de bateaux à dérives d’ancienne génération. Elle doit me permettre aussi d’engranger 500 milles de plus pour ma qualification pour le Vendée Globe. Tout ça, mine de rien, je le prends à sérieux, la pression commence à monter. Et puis, on va être une trentaine de bateaux sur la ligne, ce n’est jamais négligeable. J’ai fait beaucoup de changements sur le bateau au début d’année qui ont généré des problèmes de fiabilisation. Cette course va permettre de valider que tout va bien et de tester de nouvelles voiles pour la Route du Rhum. Et sportivement, j’ai vraiment envie de me donner à fond !