Le Défi Azimut, 12e du nom, est lancé. Comme le veut la tradition sur le plus grand événement de course au large du bassin de Lorient rassemblant cette année un plateau de premier choix de 28 monocoques IMOCA, c’est avec une session de « runs de vitesse » que les festivités sur l’eau ont commencé. La boucaille persistante et le léger flux d’ouest pour donner le tempo en début d’après-midi, n’entament pas les ardeurs des skippers, équipiers et invités, tous prompts à s’élancer sur le parcours des courreaux de Groix comme sur la piste d’un sprint dans un stade.

Le vent ne se fait pas prier longtemps et monte vite d’un cran pour donner l’élan nécessaire aux foilers de montrer tout leur potentiel spectaculaire. Sur le petit parcours de 0,76 mille, les passages s’enchaînent à partir de 14h30 pour la flotte répartie en deux groupes de 14 bateaux qui vont d’abord s’acquitter de deux passages chacun. Deux poules, une finale, et quarante chronos plus tard, les honneurs du podium de cette journée de ruée sur la piste des runs reviennent dans l’ordre à APIVIA (Charlie Dalin), au nouveau Charal (Jérémie Beyou) et à l’équipage international de 11th Hour Racing Team (Charlie Enright).

Des chronos crescendo

Au lever de rideau, les conditions de vent (6 nœuds) sont peu propices aux excès de vitesse et aux fortes accélérations. Mais un à un, les 14 équipages de la première poule vont tenter leur chance, et suivre MACSF mené par Isabelle Joschke, le premier à ouvrir ce bal de runs à petite cadence.

Sur la piste, les premiers tours favorisent les bateaux à dérives, à commencer Groupe SETIN qui va longtemps occuper la tête du classement. Mais c’est sans compter avec le vent, qui prend un peu de coffre après les premiers passages. Toutes les conditions sont dès lors réunies pour permettre aux foilers de cavaler toute toile dehors (GV, gennak’ et J3).

Le meilleur chrono de cette première série revient à LinkedOut, qui d’après des observateurs sur l’eau, a pris la bonne risée pour ne faire qu’une bouchée du parcours en deux minutes 22 secondes. On note les belles performances des petits nouveaux, Charal (2’34) et Holcim-PRB (2’44) qui n’affichent pourtant pas du tout la même manière de voler. Au premier la stabilité à longues foulées, au second la faculté de se cabrer très haut au galop. Prysmian Group (2’59) et Biotherm (03’02) complètent la liste de ces six foilers qui gagnent leur ticket pour les finales. 7e, le premier bateau à dérives Monnoyeur-Duo for a job rate le coche de peu. Mais il termine sur la bonne note de finir sur un meilleur temps que TeamWork de Justine Mettraux, qui naviguait pour la première fois en course à la barre de cet IMOCA (ex-Charal) sur ces runs de vitesse.

12 foilers en finale

Place au deuxième groupe. Le vent se révèle toujours un peu instable entre l’île de Groix et la côte. Il mollit à l’ouverture de la ligne pour les 14 autres protagonistes de ces runs, où tout l’art consiste à s’élancer bien réglé pour tenir la meilleure vitesse constante sur une poignée de minutes. Mais là encore, ce flux d’ouest va reprendre du coffre après un premier passage. Cette fois, c’est au tour de V&B – Monbana – Mayenne d’inscrire le meilleur temps (2’16).

Et là encore, les six plus rapides comptent tous parmi la jolie bande de foilers, qui ont la faculté d’accélérer à la moindre risée. Ces bateaux, dotés de ces appendices qui leur permettent de se sustenter sur l’eau à partir d’une petite douzaine de nœuds, composent la grille de départ de la finale. À 17h, ils se retrouvent sur la piste, le temps de disputer un run chacun. APIVIA impressionne toujours et affiche le meilleur chrono de ce 3e tour du jour (2’42). Il est temps de rentrer à Lorient La Base pour la remise des prix de cette journée de mise en bouche. Dès demain, tous sont attendus pour les 48 Heures Azimut dont le départ sera donné à 14h30, dans les courreaux de Groix.

Le classement de la finale des runs

  1. APIVIA (Charlie Dalin) : 02’43
  2. Charal (Jérémie Beyou) : 02’45
  3. 11Th Hour Racing Team (Charlie Enright) : 02’53
  4. LinkedOut (Thomas Ruyant) : 02’54
  5. Holcim-PRB (Kevin Escoffier) : 02’58
  6. Guyot Environnement – Team Europe (Benjamin Dutreux) : 03’04
  7. DMG MORI-Global One (Kojiro Shiraishi) : 03’10
  8. Hublot (Alan Roura) : 03’30
  9. V&B Monbana Mayenne (Maxime Sorel) : 03’30
  10. Biotherm (Paul Meilhat) : 03’31
  11. Prysmian Group (Giancarlo Pedote) : 03’33
  12. Groupe Apicil (Damien Seguin) : 03’36

Ils ont dit aujourd’hui

Romain Attanasio (Fortinet-Best Western) :

« Le format des runs et du tour de Groix nous donne la possibilité d’embarquer des partenaires. Ils sont comme en course, ils adorent. Ils hallucinent que les bateaux naviguent si proches les uns des autres. Et aujourd’hui, j’ai aussi le plaisir d’embarquer deux gamins du CNL, le club d’Optimist de mon fils Ruben. Et ce sera l’occasion de voir sur l’eau les nouveaux bateaux. Tout le monde dit, on n’est pas prêt, on va voir… Mais dès qu’ils naviguent, on voit que certains volent dans très peu d’air. Dans les conditions de petit temps d’aujourd’hui, le plus intéressant sera de voir qui décolle le plus tôt. Même si je ne perds pas de vue que pour le Vendée Globe cela ne veut pas dire grand chose. »

Damien Seguin (Groupe Apicil) :

« Depuis un an, j’ai changé de bateau en conservant le même partenaire principal ce qui est important pour la continuité. Le team est basé à Lorient et on l’a enrichi, donc nous sommes dans une phase de progression. Le nouveau bateau est plus performant et on va continuer à le faire évoluer avec comme objectif le Vendée Globe. Le projet est super sérieux, bien ficelé et là c’est super de se retrouver à Lorient. C’est la course à la maison et un peu la fête de la voile ! Nous avons beaucoup navigué cette année en avant-saison et au mois d’août. Je connais bien le bateau et je sais de quoi je suis capable. Groupe Apicil n’est certes pas le plus rapide avec ses petits foils mais en solitaire, il y a moyen de performer. Je suis en confiance et je n’hésiterai pas à tirer sur le bateau »

Nicolas Lunven (Malizia-Seaexplorer) :

« On est encore en mode découverte à bord de ce nouveau bateau. Les conditions vont être plutôt légères aujourd’hui ; ce qui n’est pas le point fort du bateau. Mais c’est toujours intéressant pour progresser. Cela nous met face à d’autres concurrents. C’est toujours bon à prendre, même si sur un bateau aussi neuf, il reste beaucoup de choses à faire, à finaliser et optimiser. On a pas mal bricolé à bord et c’est bien d’avoir ce type d’échéances sportives qui fixent un peu les choses. Derrière la Route du Rhum arrive très vite pour Boris (Herrmann) et The Ocean Race ne sera pas loin derrière pour tout l’équipage. Sur le runs, plus qu’aux résultats, c’est à la forme qu’on accorde de l’importance, avec un départ à prendre, un bateau propre, clair, en configuration ; et un équipage calé sur son mode en fonctionnement. »

Charlie Dalin (APIVIA) :

« Même si les runs sont toujours un exercice aléatoire, ça fait toujours plaisir de gagner car j’ai l’instinct de compétition et mon équipe qui travaille toute l’année d’arrache-pied aussi ! J’étais aussi attentif aux nouveaux bateaux, c’est un moment que j’attendais depuis longtemps. Charal termine quelques secondes derrière seulement, donc ça veut dire que le bateau est performant. Ils sont au début de leur développement alors qu’Apivia est à la fin donc il y a des chances qu’ils soient un jour plus rapide que nous. Holcim PRB a aussi un bon potentiel mais maintenant j’attends avec impatience les 48 heures. On va naviguer un spectre de conditions plus variées et dans de la mer, donc on va voir notamment ce que donnent les nouvelles étraves spatulées »

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