Mistral magistral
Les F50 ont enflammé le plan d’eau ce vendredi pendant les manches d’entraînement, poussés par un puissant carburant typiquement méditerranéen : le Mistral. Dans ce tour de chauffe à haute teneur en adrénaline, les équipages ont tous franchi la barre des 50 nœuds. Et il faut s’attendre au même type de spectacle demain samedi pour le lancement des trois premières courses du Range Rover France Sail Grand Prix – Saint Tropez.
« Je crois que c’est la plus belle navigation de ma vie ! » lance la stratégiste Manon Audinet, dans un sourire qui en dit long sur les sensations ressenties cet après-midi. « C’était dingo ! Un peu stressant au début avant d’y aller quand on voyait la mer moutonner. Mais ensuite, c’était génial. Tout le monde était au taquet sur le parcours, c’était dingue. »
Petite aile, petit foc, petits safrans, petits foils… Depuis l’acte des Bermudes, mi-mai, les équipes n’avaient plus navigué dans cette configuration, signe en général que le vent est soutenu. Dans 18/25 nœuds de Mistral, les appendices ont sifflé, les wincheurs craché leurs poumons, et les pilotes retenu leur souffle pendant les bords de reaching impressionnants où les grands catamarans ont tous atteint de très hautes vitesses.
Tout le jeu consistait à trouver le bon équilibre entre offensive et préservation du bateau comme des hommes. C’est exactement ce que les Français ont fait : après avoir remporté la première manche, ils choisissent de rentrer à la base suite à une petite sortie de route dans la seconde. « On est content d’avoir ramené le bateau en un seul morceau, confirme Kévin Peponnet, le régleur d’aile. On a eu un petit souci sur un élévateur, mais rien de bien méchant. En tout cas c’était sport ! C’est la première fois qu’on passe une bonne partie de la course à plus de 80 km/h ».
Le quart d’heure américain d’Amélie Riou
Le F50 à la bannière étoilée remporte finalement cette répétition générale ventée avec, à leur côté, une invitée spéciale. Blessée hier à la cheville, leur stratégiste titulaire a dû déclarer forfait. Et c’est Amélie Riou qui a été appelée pour la remplacer – sans mauvais jeu de mots – au pied levé. À Saint-Tropez, la Française murmurera donc à l’oreille de James Spithill !
Demain, samedi, les choses sérieuses commencent dès 14h30 entre les neuf équipes internationales. Réunis ce matin en conférence de presse, tous les skippers se sont accordés sur un point : l’homogénéité du niveau général de la flotte qui rend incertain tout pronostic sur les bords de la Riviera.
Quels que soient les gagnants et les perdants de demain, le show devrait être grandiose devant la cité corsaire.
EN BREF CE JOUR
Cédric Heymans, ancien international de rugby et consultant Canal+ était à bord du bateau français aujourd’hui : « La première chose que je me suis dite, c’est que j’avais eu raison de descendre à Saint-Tropez pour vivre une expérience pareille ! Être à 100km/h avec d’autres bateaux autour, c’est assez incroyable. J’ai même eu un moment d’émotion, j’ai regardé autour de moi et j’ai réalisé la chance que j’avais d’être là ! Quentin Delapierre a assuré en maestro. Et il y a aussi ce travail collectif qui est propre à tout sport co’. Le pilote est autant au service des autres que les autres au service du pilote. Quand ça fonctionne, on appelle cela une équipe. Et j’ai l’impression que c’est fluide chez eux, qu’ils sont sur cette voie. »
Les Anglais endeuillés
Ce vendredi matin, les 4 équipes du Commonwealth ont observé 3 minutes de silence et, lors de la conférence de presse des skippers, Ben Ainslie, brassard noir sur la manche, a rendu hommage à Sa Majesté la Reine Elisabeth II.
Victime d’une avarie sur le pod (la partie sur laquelle repose d’aile du bateau) suite aux navigations de jeudi, les Britanniques n’ont pu participer aux régates d’entraînement. L’équipage a néanmoins eu la possibilité de tirer quelques bords auparavant à bord du F50 américain.
Les Français dans SailGP
De nombreux talents œuvrent pour SailGP en dehors de l’équipe tricolore. Que ce soit chez les adversaires ou dans l’organisation générale. Aujourd’hui : Jacques Le Berre.
Tout a commencé par une histoire d’orage il y a 17 ans à Marseille. Lors de l’Acte 1 de la 32e America’s Cup, une société d’expertise est mandatée pour évaluer les dégâts sur les Class America tombés de leurs bers pendant la tourmente. Il s’agit de Multitech Expertises, basée à Brest. Leur diagnostic tombe tellement juste qu’ils tapent dans l’œil des Américains d’Oracle Racing. Depuis, Jacques Le Berre et ses associés n’ont cessé d’œuvrer (entre autres) sur la Coupe et, dès l’origine, pour SailGP.
Leur métier : l’analyse des appendices et des structures, grâce à une batterie de techniques : ultrasons, taping électronique, thermographie et même radiographie. Pour SailGP, ils œuvrent tous les soirs dès le retour de navigation des F50 pour ausculter foils, safrans et même coques. Ils interviennent dès la construction de ces différents éléments et disposent d’une cartographie sonore précise de chaque pièce.