Derniers empannages au large de Saint-Nazaire
Qu’ils vont être longs ces derniers milles avant la délivrance en Loire-Atlantique ! Au portant dans des conditions toujours très toniques (20 nœuds de sud-ouest, des rafales à 30 nœuds et une mer toujours formée avec 2 mètres de houle), chacun doit rester très concentré à la barre pour ne pas commettre de faux pas ou de sortie de route. L’enjeu est de taille, il s’agit d’abord de remporter la troisième étape de cette 53è Solitaire du Figaro ; il s’agit aussi de se battre pour accrocher le titre suprême, celui qui permettra d’inscrire son nom dans la légende de la course.
En pôle position, Tom Laperche accélère…
En tête, Tom Laperche a passé la surmultipliée, pied au plancher. Au pas de charge, Région Bretagne – CMB Performance progresse à 12,70 nœuds de moyenne sur les quatre dernières heures. Son speedo affiche 14 nœuds dans les pointes. Plus en arrière, Guillaume Pirouelle Région Normandie, qui le devance de 16 petites minutes et 46 secondes au classement général provisoire – incluant les bonifications respectives du dernier Sprint intermédiaire, progresse en 5e position à 18-19 milles. En course au large, rien n’est évidemment joué tant que la ligne d’arrivée n’est pas franchie, le skipper du monotype de la filière de formation bretonne progresse virtuellement en pôle position vers Saint-Nazaire, point final de cette édition 2022.
Comme un air de Solitaire 2004…
Ce mercredi midi, le Trinitain n’a jamais été aussi prêt de s’adjuger le graal final ; avec – ce qui ne gâche rien – l’opportunité de goûter peut-être à la saveur d’une toute première victoire d’étape. Le tout au terme d’un combat épique sur le ring du golfe de Gascogne, fidèle à sa réputation au passage d’un système dépressionnaire. Comme l’indique l’histoire de La Solitaire, cette dernière étape, avec son Grand Final sous la forme d’un long sprint au portant, se révèle du même tonneau que celui de 2004, entre Gijon et Quiberon. Ce parcours disputé dans des conditions similaires avait consacré Charles Caudrelier au général, devant Yann Eliès, vainqueur de cette étape taillée pour les gros bras de la brise. À ce titre, ils sont plusieurs à pouvoir encore prétendre voler la politesse, à l’actuel leader, sur la ligne d’arrivée, à l’issue de ce 3è et ultime parcours qui n’a pas encore fini de réserver son lot de difficultés.
Une femme sur le podium d’étape ?
A l’affût dans son tableau arrière de Tom Laperche, Gaston Morvan (Région Bretagne – CMB Espoir), qui avait brillé déjà l’an passé en remportant le classement bizuth (7è) et compagnon d’écurie de Tom, doit le pousser à se dépasser. Positionnée en troisième position, Élodie Bonafous ( QUEGUINER – La Vie en Rose) donne elle aussi une belle leçon de combativité. En constante progression, on sait la jeune femme excellente barreuse et dure au mal. Elle pourrait, ici, à Saint-Nazaire, elle aussi entrer dans la légende de la course. A ce jour, l’anglaise Clare Francis est la seule femme à avoir remporté une étape de la course, en 1975. Si elle monte sur la troisième marche du podium, Élodie pourrait donc devenir la deuxième femme de l’histoire de La Solitaire du Figaro à accrocher un podium d’étape.
Suspens jusqu’au bout
“Rien n’est joué jusqu’au franchissement de la ligne, rappelle Pierre Hays, Directeur de course adjoint. Ça avance toujours bien en tête de course avec des vitesses assez soutenues : 14,5 nœuds actuellement pour Tom Laperche. Les skippers vont finir le parcours avec encore un peu de vent et de mer. Ils vont devoir effectuer quelques empannages avant de rejoindre la ligne d’arrivée. Il va falloir être dessus jusqu’à la fin : rien n’est acquis : c’est intéressant de voir Tom un peu plus Sud et Nils (Palmieri – TeamWork) un peu plus bas [par rapport au vent – ndlr] en latéral. Tom a une petite longueur d’avance mais tout reste encore possible.”
Damien Seguin – Parrain de la 53è édition de La Solitaire du Figaro
« La 53è édition de La Solitaire du Figaro va bientôt donner son verdict à l’issue de cette dernière étape. Une dernière étape qui aura été encore une fois compliquée, haletante jusqu’au bout et puis j’imagine bien fatigante pour les skippers… à commencer dans le petit temps, et dans la brise au portant. Et à ce petit jeu-là, on a vu qu’il y avait des marins un peu plus à l’aise que d’autres. Ce qui est sûr c’est qu’ils vont bientôt en finir, forcément épuisés car c’est la dernière étape ; ils jettent toutes leurs forces dans la bataille pour, soit essayer de revenir sur ceux qui sont devant, soit creuser un écart maximum pour le classement général. Maintenant il n’y a plus de calcul à faire, il faut lâcher les chevaux, ne pas avoir de regret.
La voile reste un sport mécanique avec, toujours la crainte et l’épée de Damoclès de quelque chose qui peut mal se passer au niveau matériel sur le bateau : un spi qui déchire, un mât avec un problème etc… Il y a toujours cette petite appréhension qui amène aussi du piment à cette fin de course sachant que tant que la ligne d’arrivée n’est pas passée, il peut se passer énormément de choses. Je suis ça de manière assidue sur mon téléphone et la cartographie, bientôt le verdict : on a hâte de voir ça ! »