La première nuit de cette troisième et dernière étape de la 53è édition de La Solitaire du Figaro a été plutôt douce pour les 31 marins en course (ndlr. abandon de Fred Duthil – Journal des entreprises la nuit dernière) . Une mise en jambe finalement assez tranquille ; de bon aloi pour cette ultime confrontation qui a encore tout d’une étape de montagne avec 640 milles à parcourir et surtout une dégradation météo prévue demain, mardi.

Partis hier midi de Royan, les solitaires ont donc bénéficié de conditions plutôt clémentes pour cette entame de match. Le flux régulier de nord d’une dizaine de nœuds les a, en effet, propulsé au portant sur la route directe. Une conjoncture favorable pour tenter de grappiller un peu de sommeil. Beaucoup ont enchaîné les siestes. Il faut dire qu’après 2 étapes marathon, 11 jours déjà passés en mer, les batteries sont quelque peu entamées. Et le repos engrangé à terre lors des escales ne suffit pas à recharger complètement les accus. Surtout, il s’agit pour tous, d’engranger un maximum de repos avant que la situation météo ne se gâte progressivement à partir de demain, mardi.

Un gain de 5 minutes dans l’escarcelle du normand Guillaume Pirouelle (Région Normandie)

La belle opération de la nuit revient à Guillaume Pirouelle. En remportant, juste avant minuit, le sprint intermédiaire à la marque Attente Arcachon, le normand gagne 5 précieuses minutes. Tom Laperche et Corentin Horeau, deuxième et troisième, seront quant à eux bonifiés respectivement de 3 et 1 minute à déduire de leur temps de course. Et Dieu sait que, dans cette course au temps, chaque seconde vaut son pesant d’or ! On se souviendra de cette année 2003 où Armel Le Cléac’h avait décroché la victoire pour 13 toutes petites secondes.

Classement au Sprint intermédiaire Marque Attente Arcachon

  1. Guillaume Pirouelle ( Région Normandie) à 23h41’12
  2. Tom Laperche (Région Bretagne – CMB Performance) 23h43’21
  3. Corentin Horeau (Mutuelle Bleue) à 23h43’39

Cap à l’ouest pour toute la flotte

Finalement la fin de nuit a été plus ventée que prévue, permettant aux bateaux de progresser de manière significative vers Los Farallones avec des moyennes régulières autour de 13 nœuds. Au fil des heures le vent a évolué en direction prenant de la droite et passant du Nord au Sud en passant par l’Est ; une variation qui a permis à nos marins de tracer une belle aile de mouette sur la cartographie.

À 14 heures, ce lundi, alors que les spi encore en l’air ce matin ont été remisés, l’écart reste infime entre les deux skipper menant la flotte, Guillaume Pirouelle (Région Normandie) et Tom Laperche (Région Bretagne – CMB Performance) positionnés sur une route au Nord. Avec un décalage de 8 milles, Tom Dolan (Smurfit-Kappa-Kingspan) ouvre, lui, la marche d’un petit groupe plus au Sud. Tous affichent des vitesses de l’ordre de 7 nœuds et demi. Un certain statu quo règne sur l’eau. Rester en veille face à l’évolution de la météo, bien se positionner, peaufiner ses réglages et sa trajectoire, et surtout profiter des conditions clémentes pour engranger du sommeil dans la perspective de vents forts à venir… C’est la petite routine des marins, à la barre ou à la bannette, en ce dernier lundi de La Solitaire du Figaro 2022…

Cette belle progression ne va pas durer. La flotte est déjà un peu freinée par un vent d’ouest variable 5 à 10 nœuds. A 16 heures, on le voit déjà, les vitesses ont chuté à 2 petits nœuds pour certains bateaux. Un vent variable et toujours faible, voilà ce qui attend les concurrents pour la suite de l’après-midi : de la molle accentuée par une houle d’ouest jusqu’à 2 mètres.
En fin de journée, les skippers vont retrouver du nord-ouest puis dans la nuit de l’ouest plus soutenu (15 à 20 nœuds). La flotte, assez groupée (13 milles en latéral) est actuellement à 140 milles des îles Farallones avec un peu d’avance sur les prévisions.
Modification classement deuxième étape

Suite au remplacement de son J2 (voile d’avant), le jury de l’épreuve, conformément au règlement, a pénalisé Davy Beaudart (Naut’y Mor) de 35 minutes. Cette pénalité a été intégrée au classement de la deuxième étape. Au général, le lorientais rétrograde au général, passant de la 12è à 15ème place.

Abandon de Fred Duthil (Le Journal des Entreprises)

La nuit dernière, Fred Duthil ( Le Journal des Entreprises) a signifié son abandon à la direction de course. Le trinitain s’est bloqué le dos et ses douleurs ne lui permettent pas de continuer la course au vu des conditions météorologiques attendues ce mardi et mercredi. Il est attendu à Lorient demain matin.

🎙️ Echos du large

Basile Bourgnon (EDENRED) :

« Le passage de la bouée a été plutôt sympa avec le vent de nord au portant. Ensuite c’était plus tonique, mais cela n’a pas duré très longtemps. Ce matin, ça glisse sous spi, c’est royal. On va voir à quelle sauce on va être mangé aujourd’hui, avec une alternance de plein de systèmes : des anticyclones, des fronts et la dépression qui arrive. Il faut se placer au bon endroit au bon moment, pour ne pas se retrouver dans une zone sans vent, alors que des copains, qui pourraient se décaler, se retrouvent, eux, avec du vent. Il va falloir être intelligent sur la stratégie. J’essaye de rester avec le paquet et de me reposer aussi, parce que la suite va être sportive et sans sommeil. On en est quand même à la troisième étape de La Solitaire du Figaro ; et on commence, mine de rien, à être bien fatigués. Je pars du principe de bien préserver mes forces pour tout donner quand il faudra lâcher les chevaux. Je profite des conditions stables de ce matin pour faire des siestes, d’autant que cela va mollir dans pas très longtemps et qu’il va falloir travailler. »

Gaston Morvan (Région Bretagne-CMB Espoir):

« La nuit s’est bien passée, même si après Arcachon où il faisait presque peu chaud, on a vite mis le mode sous-marin. C’était plutôt humide, mais aussi très sympa à la barre. Ensuite, le vent a un peu tourné et chacun s’est positionné en fonction de sa vision des choses.

Là, en fin de matinée, il y a de la vague, on est en tee-shirt. J’ai des petits camarades à côté pour s’étaler en vitesse. Tout va bien, il faut profiter à fond.

Aujourd’hui, le vent va pas mal tourner, sûrement prendre un peu de droite avec des petits passages à niveau. Il va falloir être à l’affût. On a de l’air un peu plus que prévu, cela permet pour l’instant d’avancer tout droit vers Farallones. On verra ce que ça va donner, parce qu’il y a sûrement des petits décalages par rapport à ce qui était prévu. J’ai ma petite idée en tête par rapport aux routages d’avant le départ, mais je vais réactualiser un peu, avec le bulletin du jour. Le vent commence à prendre gentiment de la droite et on devrait avoir bientôt un choix de voile à faire.

Mon objectif est aussi de me positionner par rapport au vent soutenu qu’on va avoir à l’atterrissage sur les côtes espagnoles. Déjà au loin j’aperçois une masse nuageuse, j’imagine que c’est l’arrivée du front prévu. C’est une première info au regard du ciel bleu qu’on avait depuis le début. La lecture du ciel vient compléter et illustrer les petits phénomènes annoncés par la météo de la course et les cartes qu’on a à bord.

Ce n’est jamais facile de faire une stratégie, mais j’essaye de faire la plus belle trajectoire possible. Je ne suis pas mécontent de mon positionnement, j’ai fait quelques bons trucs hier soir. Je n’ai toujours pas une vitesse exceptionnelle, je ne comprends pas bien pourquoi, mais je me bats comme je peux. »

Violette Dorange (Devenir) :

« Je n’ai pas bien marché hier, mais, j’ai déboulé cette nuit après la bouée. Certains sont partis sous gennak’, d’autres sous spi, et on a tous eu des trajectoires un peu différentes. Dans tout ça, j’ai plutôt bien marché. Je suis revenue pas loin du paquet de tête. Devant moi, j’ai Région Normandie, ainsi que CMB Performance, j’imagine… Et Gaston (Morvan) à côté de moi. J’ai doublé pas mal de bateaux, j’en ai un bon paquet derrière. On est un peu tous sur une ligne d’égalité, mais j’ai l’impression d’être bien placée par rapport à la suite du vent. Ma stratégie, c’est de protéger ma droite, mais le plus important reste de privilégier l’avancement, de faire la route la plus directe, la plus rapide vers la marque. Je suis à fond. Devant, on a des bulles anticycloniques avec des risques de vents plus aléatoires. Ceux plus au nord essayent de les éviter. Et ceux plus au sud, essayent de passer direct. On verra bien. Je me suis beaucoup reposée quand le vent a molli. Mais là, c’est plus tonique et je repasse à l’attaque, pour tenir le rythme de Gaston qui ne lâche rien, et je ne vais rien lâcher non plus ! »

Guillaume Pirouelle (Région Normandie) :

« Depuis le départ, on a eu plus de vent que prévu et la première nuit a été plus sportive sous grand spi. Cela m’a permis de bien avancer. Je suis passé premier au Sprint intermédiaire. J’en aurai réussi un sur les trois de cette Solitaire, c’est toujours bon à prendre ! Sur le plan de la météo, on a un front qui arrive sur nous cet après-midi. Il n’est pas très actif, mais il va encore faire basculer le vent. On devrait virer quand on aura plus de refus ; puis, se diriger vers un petit anticyclone qui va encore modifier le vent avec quelques virements ; pour enfin se raprocher du vent de sud-ouest qui va nous permettre de rentrer illico presto à Saint-Nazaire. Devant, ça commence à bien se couvrir. Je pense que c’est le reste du front qui approche, et on va aller chercher tout ça. Il y a Tom (Laperche) qui me court après, mais il va quand même falloir me reposer un peu, en vue du final, qui va être difficile physiquement. Pour l’instant, les conditions sont assez cool, le pilote barre bien, cela permet de dormir un peu. Si tout se passe bien, on pourrait passer Los Farallones demain en début d’après-midi. On attend du Sud-Ouest pour la fin de la remontée vers la marque espagnole. Mais c’est sur le bord final au portant, où on prendra le plus fort. »

Source

Articles connexes